Quel avenir pour Latifi après ses points en Hongrie ?

On n'attendait pas vraiment de lui qu'il marque des points avec Williams, il en a accroché six en Hongrie. Maintenant, quel avenir pour Nicholas Latifi ?

Nicholas Latifi, Williams Racing fête sa huitième place

Nicholas Latifi, Williams Racing fête sa huitième place

Williams

Avant le Grand Prix de Hongrie 2021, Nicholas Latifi avait déjà frôlé les points à plusieurs reprises la saison précédente. Trois fois, plus précisément : au Red Bull Ring, à Monza et à Imola, il avait profité de divers incidents pour se hisser à la onzième place à l'arrivée avec sa modeste Williams, dans le dernier cas avec moins d'une seconde de retard sur le top 10. Cette saison toutefois, il n'avait pas fait mieux qu'une 14e place à Silverstone.

La course hongroise ne s'annonçait pas franchement meilleure avec une 18e position sur la grille de départ, où Latifi ne devançait que les Haas. Le Canadien était toutefois au premier rang pour assister aux carambolages du premier virage, typiquement au bon endroit au bon moment ; il s'est alors emparé de la sixième place, puis de la troisième au moment du second départ. Il était forcément difficile pour lui de se maintenir à ce niveau et d'accrocher le podium avec sa FW43B, mais Latifi a néanmoins mené une course solide, conclue au huitième rang – le septième après la disqualification de Sebastian Vettel.

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Sans surprise, cette performance lui donne l'espoir de faire une belle carrière en Formule 1. "Mon ambition est de rester avec l'équipe l'an prochain", déclare le pilote Williams. "Je n'ai rien de signé actuellement. Un tel résultat ne peut donc qu'aider. Mais ce n'est qu'un résultat qui sort de l'ordinaire, nous avons saisi l'opportunité. Il reste beaucoup de courses à disputer pour continuer à faire des progrès de mon côté et montrer à l'équipe que je veux rester ici et que je travaille dur."

Manifestement, ce sentiment est réciproque. "C'était la première fois que Nicky marquait des points en F1, et il fallait que ça vienne", commente Jost Capito, PDG de l'écurie. "Je suis sûr que cela va représenter un grand coup de fouet pour sa confiance. Se qualifier derrière George [Russell] et finir devant, c'est clair que cela va beaucoup le motiver. J'ai été impressionné par la manière dont Nicky a fini la course avec la pression d'être confortablement dans les points pour la première fois – à un moment, il était troisième. Il est resté concentré et a été performant, c'était très impressionnant. Cela montre à quel point Nicky mérite d'être en F1."

Nicholas Latifi, Williams Racing fête sa huitième place avec Jost Capito, Williams Racing PDG

Il n'empêche que la donne a changé depuis l'arrivée de Latifi en Formule 1 en 2020. L'équipe a été rachetée à la famille Williams par Dorilton Capital et jouit désormais d'une situation financière bien plus saine. Capito l'assure : le budget apporté par les pilotes, comme c'est le cas pour Latifi par exemple, ne représente plus un facteur majeur.

"Je pense que nous, chez Williams, sommes dans la position où nous seuls décidons des pilotes", affirme Capito. "Nous ne dépendons pas comme auparavant de quelqu'un, d'un pilote qui apporte de l'argent. Nous avons un projet sur le long terme pour revenir aux avant-postes, et nous devons choisir les pilotes qui conviennent à ce projet. Nous sommes actuellement en train d'y réfléchir. Bien sûr, tout le monde peut discuter avec nous, mais c'est nous qui décidons."

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"Je crois que tous les pilotes qui n'ont pas de baquet assuré ou d'option pour l'an prochain nous parlent en ce moment. Nous avons le baquet le plus convoité en Formule 1 actuellement, pour une équipe qui a un baquet vacant." Et nombreux sont les noms qui circulent pour 2022 : Valtteri Bottas, Nyck de Vries, Nico Hülkenberg… mais il semble qu'une recrue soit davantage destinée à pallier un éventuel départ de George Russell qu'à remplacer Latifi. Pour autant, les propos de Capito laissent imaginer que la présence chez Williams du pilote originaire de Toronto n'est pas complètement assurée.

La priorité : passer plus souvent en Q2

Alors, qu'en est-il des performances ? Il est légitime de souligner que Latifi est en deçà de Russell, notamment en qualifications, où il est invariablement vaincu par son coéquipier depuis le début de sa carrière. L'écart tend toutefois à se réduire : il atteignait 0"564 en moyenne sur le sec lors de la saison 2020, mais n'est plus que de 0"370 cette année – et même 0"221 sur les cinq derniers Grands Prix en date. Au Circuit Paul Ricard, Latifi a signé sa meilleure performance sur un tour avec seulement deux millièmes de déficit sur son chef de file.

Nicholas Latifi, Williams FW43B

Or, le temps de piste dont bénéficie Russell en se qualifiant presque constamment en Q2 manque à son partenaire, analyse Dave Robson, directeur de la performance. Selon ce dernier, se classer plus régulièrement dans le top 15 sera particulièrement bénéfique aux performances de Latifi.

"Il continue de faire des progrès réguliers, je pense", estime Robson. "Tout s'améliore, et il fait du bon travail. Je pense que s'il peut passer en Q2 plus souvent, cela l'aidera énormément, simplement parce qu'il aura l'occasion d'utiliser trois ou quatre trains de pneus d'affilée – on n'a simplement pas cette opportunité lors d'un week-end de course normal, afin de passer les caps des qualifications."

"Je pense que cela l'aiderait, non seulement le jour-même, mais aussi à comprendre comment tirer davantage de la voiture lors des deux runs qu'il fait habituellement en Q1. Ensuite, c'est un cercle vertueux. Je pense qu'il doit juste trouver ce dernier dixième ou ces deux derniers dixièmes pour s'extirper de la Q1 plus souvent. Alors je pense que cela s'améliorera énormément, et beaucoup plus vite."

Le son de cloche est similaire du côté de Jost Capito, qui dresse des objectifs clairs pour Latifi dans les 12 Grands Prix à venir : "Continuer à progresser et faire une seconde moitié de saison solide. Quand on le compare à George, la différence n'est pas si grande, surtout en course. Il est rapide en course, il ramène la voiture à la maison, il ne fait pas d'erreurs. Il aide l'équipe, et l'équipe l'apprécie."

"En qualifications, il y a plusieurs fois où, disons, George a eu de la chance et il a eu de la malchance. Par exemple, le vent évoluait entre son run et celui de George. Et on sait que notre voiture est très sensible au vent. Quand nous analysons ça, c'est très bien. Il n'y a donc pas de raison de ne pas l'avoir chez nous l'an prochain."

Williams aurait effectivement tort de se priver de la manne financière de Latifi et de la continuité qu'il apportera dans le contexte d'un changement de réglementation technique en 2022. Nul doute que s'il parvient à poursuivre cette progression déjà bien entamée, son avenir à Grove sera encore plus radieux.

Propos recueillis par Adam Cooper, Luke Smith et Alex Kalinauckas

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