L'avertissement anxieux mais bienveillant des écuries à Bridgestone

Les écuries n'ont rien contre un éventuel retour de Bridgestone en Formule 1, mais redoutent en revanche le manque d'expérience à combler qu'entraînerait tout changement de manufacturier unique.

Un pneu Bridgestone

L'appel d'offres pour la fourniture unique des pneus en Formule 1 à partir de 2025 a été ouvert par la FIA au printemps, et c'est vraisemblablement vers un duel que l'on se dirige. Pirelli est candidat à sa propre succession tandis que l'intérêt de Bridgestone, bien que non officiel, serait réel. Le manufacturier japonais envisagerait ainsi de revenir dans une discipline où il a excellé dans les années 2000.

Le cahier des charges fixé par la FIA se veut plus complexe encore et plus exigeant envers celui qui sera choisi, ce qui tend à rassurer les écuries. Toutefois, la stabilité durement acquise aujourd'hui, après plus de dix ans d'engagement de Pirelli, est certainement le point de crispation le plus palpable. Changer de manufacturier poserait surtout la question de voir le nouvel heureux élu être suffisamment préparé pour répondre aux attentes.

"Bridgestone est une entreprise très connue, elle a également beaucoup d'expérience en Formule 1, même si elle n'y était pas ces dernières années", estime Franz Tost, directeur d'AlphaTauri. "Je suis convaincu que Bridgestone a conscience de ce que signifie un engagement en Formule 1, et je ne serais pas surpris qu'ils aient déjà fait des tests au Japon."

"S'ils n'ont pas commencé, alors je pense que c'est un peu tard, parce que développer des pneus pour la Formule 1 actuelle est un énorme défi et ce n'est pas facile de trouver la manière d'avoir des pneus sûrs. Je pense que pour la Formule 1 et ses dirigeants, c'est une très bonne possibilité de négocier avec Pirelli et de trouver une solution qui offre un meilleur matériel."

Pirelli est le manufacturier unique de la F1 depuis 2011.

Pirelli est le manufacturier unique de la F1 depuis 2011.

Ce temps d'avance, très hypothétique, est également jugé critique par Günther Steiner chez Haas. Le directeur de l'équipe américaine estime qu'un changement de manufacturier, quel qu'il soit, "ne se fera pas sans mal" si jamais Pirelli voit un concurrent se montrer plus convaincant auprès de la FIA.

"Ce n'est pas facile de faire un pneu de Formule 1", insiste-t-il. "Je pense que Pirelli en a fait l'expérience lors de son arrivée, les premières années ont été très difficiles. Pirelli fait maintenant du bon travail. Naturellement, Bridgestone est une bonne entreprise, ils connaissent la compétition et peut-être qu'ils ont déjà commencé à développer des pneus. Qui sait ? Ils le savent, pas nous. Mais ce ne sera pas facile et ça ne se fera pas sans mal. Il n'est pas simple d'acquérir de l'expérience. Je pense donc que s'ils viennent, ce sera difficile, mais c'est à la FIA de vérifier s'ils ont les capacités techniques."

S'il est peut-être le plus ouvert dans son discours quant aux compétences de Bridgestone, Christian Horner est lui aussi méfiant face à un éventuel changement, qui remettrait sur le tapis la question des essais et du développement à mener, comme ce fut le cas lors de l'arrivée de Pirelli en 2011 à la place de… Bridgestone.

"Nous avons travaillé avec les deux entreprises, et nous avons gagné des courses et des titres avec les deux", rappelle le directeur de Red Bull. "Ce sont deux entreprises de qualité. La Formule 1 est donc dans une position privilégiée si les deux manifestent un vif intérêt. Nous n'avons absolument aucun problème avec Pirelli actuellement. Bridgestone est une marque et un manufacturier de qualité. Je suppose que la seule complexité pour eux, et sur laquelle les écuries se disputeraient peut-être, c'est que lorsqu'ils devront approuver leur produit, il faudra une voiture de test. Qui la fournira ? Qui fera rouler la monoplace en essais ? Qui la pilotera ? Qui obtiendra des informations ? Et comment faire ça de manière impartiale ? C'est un sujet qui, historiquement, a toujours été un peu délicat. Ce serait donc l'élément clé à aborder."

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