La F1 de 2022 vue par les pilotes

Jeudi, sur le circuit de Silverstone, les 20 pilotes de la grille ont été conviés à une séance photo aux côtés de la F1 de 2022, ce qui leur a donné l'occasion d'observer de plus près les détails de la monoplace. Car avant cela, leurs connaissances de la F1 du futur se limitaient à des croquis, des rendus 3D et des modèles de soufflerie. Ainsi, la maquette grandeur nature leur a donné une idée plus concrète de ce à quoi ressembleront les voitures de l'an prochain.

Dans l'ensemble, cette voiture a plu. Il y a eu certes quelques avis mitigés et un curieux commentaire de Daniel Ricciardo en off. Cependant, le pilote McLaren a révélé plus tard qu'il ne parlait pas du design de la monoplace.

"Je ne sais même pas à quoi je faisais référence", a-t-il déclaré à Motorsport.com. "Pour être honnête, quand elle a été dévoilée, j'ai été assez surpris par la livrée. Je n'avais jamais rien vu de tel auparavant ! Mais c'est cool. Une fois que nous sommes assis dans la voiture, nous ne voyons pas à quoi elle ressemble. L'important, c'est qu'elle soit fun et rapide, et qu'elle crée de bonnes courses. Je ne me soucie pas vraiment du look."

"S'ils parviennent à accomplir ce qu'ils ont prévu, ce sera formidable pour les pilotes", a indiqué George Russell. "Nous voulons tous voir des courses palpitantes et un peloton équilibré. Avec les voitures et les règlements actuels, cela n'est pas vraiment le cas. Mais je pense qu'avec la direction que nous prenons, ce sera génial. Tant que la voiture est rapide, c'est tout ce qui compte."

Comme l'ont expliqué Ricciardo et Russell, l'esthétique des monoplaces importe peu, seules ses performances sur la piste suscitent le plus grand intérêt. Et à ce sujet, Ricciardo s'est montré assez confiant compte tenu des ressources déployées par la F1 et la FIA dans l'écriture des règles. "C'est ça qui est formidable", a commenté l'Australien. "Ils n'ont pas fait ça en six mois, il y a certainement eu beaucoup de réflexion et d'efforts. Non seulement cela nous rend confiants mais aussi l'idée que ça va être cool et amusant nous stimule tous."

Charles Leclerc a convenu que les connaissances techniques qui a été partagées dans le développement du projet est un signe encourageant. "Évidemment, plus il y a de personnes impliquées connaissant la F1, mieux c'est", a expliqué le pilote Ferrari lorsqu'il a été interrogé par Motorsport.com. "Parce qu'ils savent exactement ce qu'il faut faire pour rendre les courses meilleures. J'espère simplement que les performances seront à la hauteur des attentes, c'est-à-dire que les voitures seront plus faciles à piloter. Nous voulons tous voir des courses plus disputées. C'est l'objectif principal de cette voiture, et j'espère qu'il sera atteint."

"Il est important de toujours remettre en question ce que vous faites pour essayer d'améliorer le produit que vous avez", a lancé Pierre Gasly. "Au final, surtout aujourd'hui, la F1 est un divertissement, et il faut que les spectateurs restent divertis. Et plus vous améliorez la qualité de la course, plus vous avez de chances d'augmenter votre audience, votre public, vos fans. Je pense donc que c'est ce que [la F1] essaie de faire. Si nous réalisons ce qui est prévu et souhaité au niveau de la course, je pense que tout le monde sera gagnant."

"Pour nous, le pilotage et les bagarres sur la piste seront plus excitantes. Les chaînes de télévision seront plus heureuses, et tous les spectateurs et les fans seront également plus enthousiastes. Je suis donc impatient de voir ce que nous aurons l'année prochaine."

L'objectif principal des monoplaces de 2022 est de permettre aux pilotes de se suivre plus facilement dans les virages pour augmenter les opportunités de dépassement. Y parvenir a été un véritable casse-tête pour la F1 lors de ces deux dernières décennies. Et toutes les tentatives précédentes n'ont eu que des résultats peu probants.

"C'est très, très important", a déclaré Leclerc. "C'est très difficile d'expliquer ce qui se passe lorsque nous suivons une voiture, mais il est vraiment, vraiment compliqué de tenir le rythme. Nous perdons beaucoup de temps, et ensuite il est tout simplement impossible de dépasser."

"C'est vraiment la clé pour vraiment améliorer le championnat", a lancé Ricciardo à propos des dépassements. "Ils ont montré de vieux replays de Grand Prix tout à l'heure, c'était 2019, j'étais derrière Carlos [Sainz] pendant les dix derniers tours. On pouvait voir que je le rattrapais puis que je perdais du temps dans les virages."

"Il était clair que j'étais plus rapide et que j'avais des pneus en meilleur état. Mais je ne pouvais rien faire à cause de l'air sale. Si [le nouveau Règlement Technique] améliore la situation, je pense que nous verrons beaucoup plus de batailles roue contre roue. C'est ce que j'espère, et je pense qu'il y a suffisamment de données pour y arriver."

Du haut de ses dix ans passés en Formule 1, Ricciardo a révélé que la difficulté à dépasser une autre voiture est un problème qu'il a toujours connu en catégorie reine, à différents degrés : "Je pense que 2014 a probablement été la meilleure année pour la qualité des courses. J'ai aimé la saison 2014 parce que les voitures étaient étroites, et vous pouviez en quelque sorte vous bagarrer un peu plus facilement. Ça a toujours été un problème, mais en 2014, c'était moins le cas."

Il est difficile d'expliquer ce qu'un pilote peut ressentir derrière le volant en évoluant dans l'air sale. Néanmoins, Gasly a fourni une bonne explication sur ce problème minant la F1 moderne : "Vous perdez beaucoup d'appui et cela a un effet sur vos freins et sur votre aéro. Les pneus deviennent plus glissants et, pour le moment, ils ne peuvent pas le supporter."

"En l'espace de trois virages, vous perdez six, sept dixièmes. Vous ne pouvez pas mettre la pression sur le pilote devant vous, vous ne pouvez pas vous rapprocher pour tenter quelque chose. Donc oui, c'est un vrai problème. Il n'y a pas de solution facile, parce que nous allons à des vitesses très élevées. Rien que sur le plan physique, c'est très, très difficile de se suivre de près. Mais j'aime le fait que [la F1] fasse de son mieux pour trouver une solution."

Les données mentionnées par Ricciardo ont été présentées aux pilotes par Ross Brawn. Ces derniers ont salué la volonté du directeur général de la F1 à expliquer de manière détaillée l'intention derrière les changements sur l'aérodynamique des monoplaces.

"C'est toujours bon de voir des chiffres sur le papier", a déclaré le pilote AlphaTauri. "En regardant les chiffres, cela semble vraiment positif. Évidemment, dans ce monde, vous apprenez à ne pas toujours faire confiance aux chiffres, parce que parfois vous vous attendez à certaines choses, et puis pour une raison quelconque, le résultat est légèrement différent."

"J'aime vraiment cette approche qui consiste à apporter des changements pour essayer d'améliorer le championnat. Je pense que c'est la bonne voie à suivre, avec le plafond budgétaire pour limiter les domaines de développement. Parce qu'au fond, en tant qu'athlète, vous voulez avoir un impact sur la performance. Si tout est dicté par la voiture, ce n'est ni génial ni amusant."

"En tant que pilote, ce n'est jamais agréable de se battre contre quelqu'un d'autre et de savoir que sa voiture lui donne un avantage d'une seconde sur vous. Donc en réduisant les écarts de performance entre les voitures, nous nous concentrons davantage sur le talent des pilotes, et je suppose que cela créera plus de divertissement."

Sur une note plus égoïste, l'ensemble des pilotes espère que leur équipe respective fera la meilleure opération en début de saison en interprétant de la meilleure manière les règlements. "Je pense que c'est une opportunité à saisir", a indiqué Leclerc. "Parce que même si nous nous améliorons d'année en année et que nous allons dans la bonne direction en travaillant bien, je crois qu'il faut beaucoup temps pour revenir au sommet. J'espère qu'avec ces nouvelles voitures, nous pourrons être très performants d'entrée de jeu."