Bernd Mayländer, 24 ans au volant du Safety Car et "toujours nerveux"

Lors du week-end du Grand Prix du Canada, la FIA a célébré les 50 ans du Safety Car en Formule 1. Bernd Mayländer en est au volant depuis 24 ans, et il a toujours la flamme.

Bernd Maylander, pilote du Safety Car, sur la grille

La première intervention de la voiture de sécurité en Formule 1 remonte au Grand Prix du Canada 1973, lorsqu'une Porsche 914 avait pris la piste à la suite d'un accrochage entre Jody Scheckter et François Cevert. Le 50e anniversaire du Safety Car F1 est toutefois trompeur puisque ses autres apparitions les années suivantes ont été rares. La voiture de sécurité telle que nous la connaissons aujourd'hui n'est en fait apparue que lors de la saison 1993.

Un homme a été à son volant pendant 24 de ces 30 dernières années. Bernd Mayländer, ancien pilote de DTM et de voitures de sport, s'est vu confier le rôle par le regretté Charlie Whiting en 2000, après l'avoir endossé en Formule 3000 l'année précédente.

On pourrait penser que Mayländer a tout vu et qu'il s'est depuis longtemps installé dans une routine, mais après avoir discuté avec l'Allemand de 52 ans lors de cet anniversaire, célébré à Montréal, c'est loin d'être le cas.

"C'est peut-être mon caractère", explique-t-il à Motorsport.com. "Le samedi soir, avant la course, je suis toujours en train de me demander si j'ai bien fait les choses. Je n'ai pas perdu cette passion parce que j'aime mon travail. J'aime ce que je fais et je suis pleinement concentré. Je pense que c'est le genre de passion qu'il faut avoir pour faire son travail le mieux possible."

"Et si vous me demandez si je suis toujours nerveux, oui, c'est une forme de nervosité. Je pense que c'est comme pour un acteur ou un chanteur. S'ils doivent monter sur scène et qu'ils ne sont plus nerveux, leur voix ne sera pas aussi bonne. Alors oui, je suis vraiment à fond. C'est mon caraxctère et j'aime ça. Si je le perds, il faudra peut-être que je pense à faire autre chose. Mais même à 52 ans, après 24 ans [à ce poste], je suis toujours à fond et j'attends toujours chaque course avec impatience."

Bernd Mayländer à bord du Safety Car au GP de Malaisie 2002.

Bernd Mayländer à bord du Safety Car au GP de Malaisie 2002.

Mayländer est particulièrement fier de voir comment les normes de sécurité en Formule 1, et dans le sport automobile en général, ont évolué au cours de l'exercice de ses fonctions. Il ne s'agit pas seulement de dispositifs visuels, comme le HANS et le Halo, mais aussi de la manière dont le protocole de sécurité de la FIA a mûri au fil des ans.

"En Formule 1, nous sommes la plus haute catégorie, nous devrions donc toujours être un exemple pour les autres championnats en étant aussi sûrs que possible", indique-t-il. "C'est un apprentissage pour toutes les parties. Comme chaque équipe qui doit comprendre sa voiture au début de la saison, nous devons aussi comprendre ce que nous pouvons faire de mieux : développer des voitures de sécurité de différentes manières, des systèmes de communication et de sécurité – avec le HANS, le Halo, toutes les grandes questions en matière de sécurité des dernières années."

"J'ai commencé dans un châssis en aluminium classique, aujourd'hui je prends place dans un châssis en fibre de carbone. Tous ces développements sont donc très utiles. Dans le sport automobile, il est encore possible de créer des choses en très peu de temps, ce qui le rend très important pour les voitures de tous les jours également. Et c'est assez impressionnant."

"La Formule 1, ce n'est pas seulement 10 équipes, c'est 12 équipes avec la F1 et la FIA. La compétition est un aspect différent mais en ce qui concerne la sécurité, nous sommes tous dans le même bateau. Et nous devons nous en occuper de la meilleure manière possible."

Le Safety Car au Grand Prix du Brésil 2003.

Le Safety Car au Grand Prix du Brésil 2003.

Si les procédures de sécurité de la F1 ont progressé à pas de géant, il en va de même pour le Safety Car. Mayländer alterne désormais entre une Aston Martin Vantage F1 Edition de 527 ch et une Mercedes AMG GT Black Series de 730 ch. Deux sportives haut de gamme optimisées pour le circuit, qui sont bien loin des berlines et des citadines des premières années.

Mayländer aime être impliqué dans le développement du Safety Car, son passé de pilote lui étant utile. "En 2000, je me disais que c'était une voiture parfaite", se souvient-il à propos de la Mercedes-Benz CL55 AMG de ses débuts. "Parfois, j'ai l'occasion de conduire ces vieilles voitures et je me dis : 'Oh, c'est une vieille voiture.'"

"Mais à l'époque, c'était vraiment la voiture de sport la plus performante. Si vous montez aujourd'hui dans l'Aston Martin Vantage ou la Mercedes-AMG, ce sont des voitures de course, comme lorsque je pilotais des voitures de course il y a 20 ou 30 ans. Le niveau est très, très élevé, mais nous ne cessons jamais de nous améliorer et de faire mieux. C'est très impressionnant pour moi. De même, si vous comparez les Formule 1 d'il y a 20 ans à celles d'aujourd'hui, c'est impressionnant de voir ce qui est possible [en matière d'évolution]."

"Quand Aston nous a rejoints il y a deux ans, j'ai testé la voiture avec notre pilote d'essai. Nous avons maintenant nos ingénieurs, nos responsables logiciels... c'est une véritable équipe qui travaille ensemble pour que tout se passe bien. C'est une partie intéressante de mon travail. Je pense que tous les pilotes aiment tester et concevoir de nouvelles choses."

Le Safety Car au Grand Prix du Canada 2023.

Le Safety Car au Grand Prix du Canada 2023.

Malgré toute son expérience, l'Allemand estime qu'aucun week-end de Grand Prix ne ressemble à un autre. Parfois, il se contente d'attendre au bout de la pitlane. Parfois, il "mène" le plus de tours de la course, certains ayant constaté qu'il figurait toujours dans le top 5 du plus grand nombre de tours menés dans les rues de Singapour. Le nombre total de tours qu'il a effectués dépasserait largement les 1000.

"Il n'y a plus de course ordinaire dans ma vie parce que tout peut arriver", explique-t-il. "Vous pensez peut-être le dimanche matin que c'est un week-end normal, sans accroc, [mais] quand les feux s'éteignent, tout peut arriver. C'est justement pour cela qu'il faut être préparé. Cela ne concerne pas seulement moi mais aussi le pilote de la voiture médicale, tout le monde."

"S'il y a un accident, nous sommes impliqués avec toutes les voitures, avec toutes les équipes et nous sommes donc parés à tout. Et cela peut changer d'une seconde à l'autre. Ce n'est qu'une fois que le drapeau à damier est brandi que nous savons ce qui va se passer."

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