Analyse

Bilan 2020 - Carlos Sainz est désormais un cadre

En 2021, Carlos Sainz franchit une nouvelle étape d'une carrière méthodique qui le voit arriver chez Ferrari. Son agressivité sereine et son ambition non dissimulée ont séduit ses anciens comme ses nouveaux employeurs.

Bilan Sainz

Photo de: Camille De Bastiani

Bilans Saison 2020

Motorsport.com dresse le bilan de la saison 2020 de Formule 1, pilote par pilote.

Ces bilans 2020 sont aussi l'occasion pour vous de noter chaque pilote, grâce au module situé au bas de cet article.

En dépit de son jeune âge (26 ans), Carlos Sainz est parvenu à éviter tous les pièges d'une génération déjà expérimentée mais dont le temps est compté pour rejoindre un top team et ayant l'obligation de s'assurer encore de longues années de compétitivité au sommet, dans une discipline ne cessant de se renouveler et face à une adversité incessante.

Arrivé en F1 en 2015 et ayant pris part à 118 GP, Sainz ne parait pas encore réellement faire partie des meubles dans la perception de beaucoup mais est pourtant déjà dans une génération "intermédiaire" rarissime. Car aussi fou que cela puisse paraître, avec "seulement" 118 GP au compteur, l'Espagnol aura déjà plus d'expérience en F1 en prenant le départ du premier GP la saison prochaine que dix des autres pilotes présents sur la grille, en dépit d'un palmarès encore vierge de victoires, deux uniques podiums (dont un signé cette année) et une troisième position sur la grille de départ en guise de meilleur résultat en qualifications.

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Si l'on croit au talent de l'Espagnol et au fait que celui-ci méritait mieux qu'un volant de team de milieu de plateau, on ne peut que se réjouir du fait d'enfin savoir ce que celui-ci pourra tirer d'un statut de pilote de top team. Si l'on suit la dynamique actuelle de Ferrari en particulier par rapport à ses rivaux en F1, on sera en droit de se montrer plus sceptique quant au fait qu'il s'agisse là d'un réel pas en avant en termes de potentiel sportif, au point même de se demander si la courbe ascendante de Sainz ne pourrait pas tout simplement avoir atteint momentanément le sommet de sa parabole et qu'il ne faille de nouveau croiser le fer avec le second tiers du plateau. Il est en revanche entendu que le statut de pilote Ferrari propulse quiconque sur une autre planète, qu'il s'agisse d'exposition et attention publique, de revenus et de popularité.

Grâce à un parcours peu commun l'ayant vu arriver de la Formule Renault 3.5 avant de passer par Toro Rosso, Renault et McLaren en l'espace de six ans, il s'assure définitivement de ne plus être reconnu comme le "fils de Carlos Sainz" en portant pour sa septième saison dans l'élite la légendaire combinaison rouge, aux côtés d'un pilote moins expérimenté que lui mais positionné comme leader pour les années à venir par un contrat à long terme…

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Sa saison 2020 a été à la hauteur des attentes placées en lui avec un équipement permettant de se mettre personnellement en avant lorsqu'un bon résultat est obtenu. Et ce fut le cas en de nombreuses occasions. Sixième du classement des pilotes avec 105 points, il ne termine qu'à 20 unités de la quatrième position de Pérez et s'offre le luxe de devancer, au hasard, un pilote Red Bull, deux pilotes Ferrari et son équipier. Artisan solide de la troisième place des constructeurs de McLaren, il a aussi été marketé publiquement comme un bon compagnon de garage et acteur d'une "bromance" comme on en voit rarement entre équipiers. L'an prochain, les choses seront différentes : un pilote Ferrari est de facto attendu au tournant, tous les jours, à chaque séance, et son partenaire jouira d'un statut ne pouvant lui permettre de voir son nouvel équipier le chahuter.

Parmi ceux ayant débuté avant lui, on comptera en 2021 quatre Champions du monde (Hamilton, Vettel, Alonso, Räikkönen ; 14 titres à eux quatre), des vainqueurs de GP en place dans des top teams ou en ayant une grande expérience (Bottas, Verstappen, Ricciardo) et des valeurs reconnues espérant la bonne occasion pour encore jouer leur carte (Pérez, arrivé en 2011, et Ocon, arrivé en 2014). Sainz appartient pour ainsi dire à cette troisième catégorie.

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Déjà opposé à sept équipiers avant cela, dont le redoutable Max Verstappen, l'expérimenté Nico Hülkenberg ou encore l'espoir McLaren Lando Norris, Sainz arrive chez Ferrari pour former avec Charles Leclerc l'un des duos les plus jeunes vus dans un top team, et au palmarès F1 le plus léger. Si le statut du Monégasque au sein du team est clair comme de l'eau de roche, Sainz sera cette fois celui qui viendra jouer sa carte personnelle et placer Leclerc dans la position dans laquelle se trouvait Vettel à son arrivée chez Ferrari. Quel que soit le niveau de la Scuderia en 2021, cette confrontation et sa gestion interne seront fascinantes à suivre.

Le captivant jeu de chaises musicales 2020-2021 pose par ailleurs un grand nombre de questions au vu de la dynamique positive dans laquelle s'est inscrit McLaren (d'où part Sainz) ces derniers temps, semblant s'entremêler à un cycle bien moins vertueux chez Ferrari. Le timing de sa carrière fait que Sainz est ultra-préparé pour l'amorce d'une nouvelle marche. Mais en sera-t-il de même pour son team en déclin ? Peut-être certaines des réponses concernant le côté avisé des choix de carrière faits par les uns et les autres ne viendront-elles qu'avec la saison 2022 et la mise en application plus globale de nouvelles règles destinées à remodeler le sport dans son ensemble et permettre aux forces en présence de s'équilibrer. À ce moment-là, Sainz n'aura encore que 28 ans et de longues années devant lui, installé dans un team qui aime la stabilité mais s'ouvre de plus en plus à la fraîcheur de la faim juvénile dont le "Smooth Operator" ne manque pas. Attention, toutefois, à ne pas reproduire les dégrisements d'un autre fier Ibère dont il suit décidément les traces, pas à pas.

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