Analyse

Bilan mi-saison - McLaren touché, pas encore coulé

De bien des façons, l'association McLaren-Honda s'est attiré une visibilité indésirable si l'on tient compte du fait qu'elle fut le résultat de piètres performances. Mais elle a aussi donné naissance à de l'engouement rare.

Stoffel Vandoorne, McLaren, Fernando Alonso, McLaren, Zak Brown, directeur exécutif de McLaren Technology Group

LAT Images

Bilans mi-saison F1 2017

Les bilans équipe par équipe de la première partie de saison 2017 de Formule 1, par Motorsport.com.

Si ce sont les pannes à répétition de l’unité de puissance Honda portant grandement atteinte à la préparation de l’équipe qui avaient alimenté les gros titres au cours des essais hivernaux de Barcelone, de rares observateurs avaient noté depuis le bord de piste des capacités remarquables du châssis McLaren dans le dernier secteur du circuit, où Stoffel Vandoorne et Fernando Alonso s’étaient montrés capables de faire jeu égal avec Force India et Toro Rosso.

"Je suis sans doute l’un des rares à croire qu’une correction du mal qui touche actuellement l’unité de puissance Honda en cours de saison peut permettre au team de devenir candidat aux arrivées régulières dans le top 10", notait votre serviteur. "Le développement de l’unité de puissance n’est plus limité par les jetons et beaucoup de motoristes ont déjà fait de sacrés retours depuis le début de l’ère hybride après des départs catastrophiques".

Enfonçons donc le clou à mi-saison en ajoutant qu’il existe à ce jour des signes permettant de penser que McLaren est en mesure d’achever ce Championnat du monde 2017 devant Renault et Haas ; bien plus, disons, que pour soutenir les ambitions d'un Vijay Mallya rêvant de voir Force India passer Red Bull.

Certes, McLaren a traversé l’un des épisodes les plus douloureux de sa longue histoire en Formule 1. Les relations avec Honda sont d’autant plus compliquées que le team se doit de se donner les moyens de pousser son partenaire moteur unique à revoir ses méthodes, sa structure, son agenda, tout en demeurant alerte aux possibilités extérieures d’évolution rapide, sans décourager son partenaire actuel.

Zak Brown, directeur exécutif McLaren, Fernando Alonso, Andretti Autosport Honda

Se serrer les coudes avec Honda, la seule option ?

Il a souvent été décrit que Fernando Alonso représente à ce jour l’une des plus grandes raisons pour lesquelles la pression est particulièrement ressentie chez McLaren. Il est avéré que McLaren fera tout pour conserver son champion à la maison, mais l'équipe ne tourne pas non plus qu'autour de celui qui se dit ouvert à n'importe quel chemin et ne rejette pas la possibilité d'une année sabbatique si cela lui offre un volant gagnant en 2019. L’Espagnol ne cache pas, Grand Prix après Grand Prix, que le fait de ne pas sentir les signes concrets d’une mise à disposition d’une monoplace gagnante lui ferait quitter l’équipe. La décision semble vouloir être pour septembre.

Mais la vérité est que malgré toutes les spéculations largement relayées par la presse, Honda demeure l’option numéro un logique de McLaren, que cela plaise à Alonso ou non. Aussi nombreuses que furent les rumeurs de passage de l’équipe vers un autre motoriste, le contrat initial est bétonné pour une décennie et le coût d’une défection contractuelle sur le moyen et long terme serait allègrement supérieur à celui de perdre Alonso à court terme, ou même de connaître une autre saison difficile.

Pour le dire autrement, le cas Alonso est l’arbre qui cache la forêt. Il permet de stimuler Honda. La seule issue des hommes de Zak Brown permettant réellement d’envisager un autre partenariat moteur en 2018 (même si l’on se demande bien avec qui) serait de voir Honda prendre la porte de sortie de la F1 de son propre gré et ainsi ne pas exercer ses coûteuses clauses de résiliation.

Car il ne faudrait pas confondre désirs et réalité. L’intérêt pour Ferrari comme pour Mercedes de fournir un potentiel rival ne fait pas de sens, même commercialement parlant ; sans parler du fait que McLaren désire avant tout une relation étroite avec son motoriste. Ce n’est pas parce que l’une ou l’autre de ces structures pourrait disposer de ressources pour équipier un team supplémentaire que cela se trouve sur leur liste de priorités. 

Yusuke Hasegawa, responsable du programme Honda F1

Départ de Honda : libération ou plus gros tracas ?

En quittant McLaren pour se concentrer sur son équipe d’usine, Mercedes n’a d'ailleurs jamais regardé en arrière, et s’est assuré d’étendre son influence politique et commerciale sur le paddock avec plusieurs clients ne représentant pas la moindre menace sportive. Renault ? La firme de Viry-Châtillon a bien assez à faire avec son team devant lutter pour les titres dans quelques saisons et une équipe Red Bull Racing propulsée par des unités de puissance clientes rebadgées, qui terminent systématiquement devant les autos jaunes à l’arrivée…

Ce sont donc des signaux pouvant indiquer l’éventualité d’un départ de Honda de la F1 qu’il convient de suivre réellement si l’on aime à penser que McLaren et Honda ne seront pas partenaires en 2018 et au-delà. La rétractation d’un accord passé entre Honda et Sauber est en un. Ce changement de cap brutal initié (publiquement) par Sauber est-il la traduction des aléas structurels et politiques rencontrés par le team suisse ?

Même si la décision de ne pas se lier à un motoriste aux capacités hypothétiques pour préférer le partenaire de longue date Ferrari semble logique, la question mérite d’être posée : difficile d’imaginer Honda laisser filer aisément un tel accord signé sans une nouvelle fois appliquer de lourdes pénalités financières, que Sauber, dans sa condition actuelle, ne peut aucunement se permettre. La question est donc de savoir si le changement de cap sur cet accord implique ou non un dédommagement de Sauber à Honda, ou si la décision a pu être prise par Honda.

Bilan mi-saison McLaren
 

Restent pour l’heure, côté factuel, quelques éléments notables :

  • Le buzz de l’année revient à McLaren Honda pour avoir soulagé pilote, sponsors et public en montant l’évènement mondial que fut la participation d’Alonso aux 500 Miles d’Indianapolis.
  • Alonso tient son rang face à son nouvel équipier en donnant nettement le ton en qualifications comme en course. McLaren a été absent de la zone des points au cours de neuf des 11 GP disputés cette saison.
  • Neuf unités ont été inscrites en Hongrie, avec les deux autos dans les points : la #2 de Vandoorne en a laissé filer quelques-unes avec une maladresse du pilote aux stands. 
  • La dernière moisson de ce calibre avait été faite au GP des USA 2016, qui lui-même avait marqué une éclaircie après 12 GP bien sombres.
  • Le team a accédé à la Q3 au cours des deux dernières épreuves en date.
  • Le rythme de développement ayant détaché Mercedes / Ferrari / Red Bull du reste du plateau est soutenu par Woking, qui réduit son retard relatif à chaque GP. En bien des façons, la tendance de progression affichée par McLaren a été inversement proportionnelle à celle de Williams et Toro Rosso.
  • Les lourdes pénalités à répétition sur la grille, pour changement de pièces sur l’unité de puissance, n’ont pas empêché le team de souvent se mêler au train pouvant espérer récolter les derniers points mis en jeu.
  • Et oui, ces mêmes pénalités devraient pleuvoir à foison en seconde moitié de saison, Alonso et Vandoorne ayant déjà allègrement surpassé leur capital de pièces à ce stade de l’année.

Voici maintenant que s'annonce une demi-saison fascinante, au cours de laquelle se tissera le destin de cette triple association team-moteur-pilote qui ne laisse personne indifférent...

Fernando Alonso, Andretti Autosport Honda

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