Analyse

Bilan mi-saison - Red Bull, un succès et moins de tours que McLaren

En deux occasions au cours des quatre derniers GP en date, Red Bull a inscrit plus de points que Ferrari. Mais avec un retard porté à 134 unités sur les rouges, difficile d’imaginer le team gagner la place de dauphin au championnat 2017.

Daniel Ricciardo, Red Bull Racing, fête sa victoire avec un shoey

Daniel Ricciardo, Red Bull Racing, fête sa victoire avec un shoey

Andrew Hone / Motorsport Images

Bilans mi-saison F1 2017

Les bilans équipe par équipe de la première partie de saison 2017 de Formule 1, par Motorsport.com.

En abordant la saison 2017 avec ce qui apparut bien vite comme la troisième auto du plateau, l’objectif réaliste de Daniel Ricciardo se doit d’être la cinquième place, devant son équipier Red Bull.

Mais en apparaissant à ce stade de la saison un rang plus haut – crédité d’une unité de plus que Kimi Räikkönen –, avec en sus la seule victoire non Mercedes ou Ferrari au compteur signée à Bakou, l’Australien se démarque une nouvelle fois et rappelle qu’il jouerait aisément dans la cour des candidats au titre avec une Red Bull offrant encore quelques dixièmes au tour de performance.

Se trouvant 85 points derrière Vettel au général, Ricciardo a manqué les points en trois occasions. Cinq de ses huit arrivées se conclurent avec un shoey sur le podium, mais le reste fut moins gai. En Australie, l’ouverture de la saison devant son public fut un week-end maudit : auteur de l’une de ses rares fautes de la saison en qualifications et parti depuis la pitlane avec deux tours de retard suite à une pénalité d’ordre mécanique, il n’avait pas vu l’arrivée en raison d’une avarie de l’unité de puissance Renault-TAG en course. En Russie, ce sont les freins qui eurent raison des espoirs du #3 après seulement quelques boucles. Enfin, sur un tracé hongrois où il pouvait raisonnablement espérer se mêler à la bataille serrée pour la victoire avec une Red Bull adaptée au sinueux tracé, l’Australien fut mis K.O. dès le second virage suite à un contact initié par… son équipier Max Verstappen.

Christian Horner, le directeur d’équipe, est le premier à faire remarquer la chance du team ne n’avoir jusqu’alors pas encore dû gérer d’accrochage sérieux entre ses pilotes. Voici qui est fait, a fortiori sur un week-end lors duquel se battre pour la victoire semblait possible. Mais la dynamique positive poussant le team vers l’avant avec une forte émulation mutuelle des deux grands compétiteurs ne semble pas altérée une fois les émotions retombées, et la pause estivale se sera présentée à pic pour garder les esprits sereins.

Daniel Ricciardo, Red Bull Racing

Verstappen poussé à l'humilité

Difficile, après 11 GP, de juger de manière représentative le parcours de Max Verstappen. Touché comme peu en F1 moderne par toute une série d’avaries aussi diverses que variées à différents moments de ses week-ends de Grand Prix, le jeune Néerlandais connaît pour la première fois en F1 la frustration répétée de ne pas pouvoir mener prestement sa monture vers la position attendue. À coup sûr, son caractère sans compromis au volant et le fait que sa saison mathématique soit déjà heurtée feront de lui un redoutable client en seconde moitié de saison, lorsqu’il aura bien moins à perdre que trois des pilotes qui l’entoureront et auront en tête la couronne mondiale.

Redoutable en qualifications (il mène son duel interne 7/4), Verstappen a aussi montré en plusieurs occasions être capable de reproduire ce qui l’emmena vers son premier succès à Barcelone l’an dernier, en autorisant les ingénieurs à pousser d’audacieuses stratégies pneumatiques décalées. Mais la frustration monte, au point d’avoir évité les sollicitions média post-course en début d’été pour ne pas risquer de voir les mots dépasser sa pensée et faire monter la tension dans le team.

À Bahreïn, il connut lui aussi une défaillance de freins. En Espagne, il fut la victime collatérale de l’accrochage initié par Bottas sur Räikkönen. Mais c’est l’enchaînement Canada – Azerbaïdjan – Autriche qui fut un vrai cauchemar pour le moral : alors qu’il arrivait à Montréal avec autant de points que l’année précédente avec Toro Rosso, le Hollandais voyait son unité de puissance le lâcher en course, avant d’être touché par deux nouveaux problèmes techniques fatals sur les courses suivantes, plaçant Red Bull derrière McLaren au compte du nombre de tours bouclés en 2017… Le seul abandon 2017 dans lequel Verstappen peut blâmer sa propre responsabilité est celui… de Ricciardo, qu’il éjecta de la piste en Hongrie !

Bilan mi-saison Red Bull

Bon d'avoir les Bulls ?

Quant à l’équipe, elle fait le travail en s’assurant de ne pas être la cible de toute l’attention liée aux traditionnelles rumeurs de transferts et tensions liées aux négociations de contrats, avec son duo verrouillé jusqu’au terme de la saison 2018. Il ne fait quasiment nul doute que la tension entre les deux futurs champions ira crescendo avec le regain de performance de premier plan de Red Bull.

Cette période ne semble pas si distante, tant l’usine de Milton Keynes parvient à suivre le rythme de développement des leaders, même si cela signifie renoncer à certaines philosophies de départ, comme l'absence notable de T-Wing à la genèse. Mais faire corréler chaque vendredi en piste les résultats des innovations venues de la soufflerie d’Angleterre semble inhabituellement complexe pour Red Bull, qui en veut plus. "La taille du modèle et la taille des pneus dans la soufflerie que nous avons ont donné des résultats erronés, alors qu'auparavant, c'était très, très fiable dans des domaines spécifiques, et tout d'un coup, nous avons eu cette divergence entre la piste, la soufflerie et la CFD", admet avec une certaine incrédulité Christian Horner, qui n’hésitait pas pendant l’hiver à vanter la force de Red Bull dans le domaine du développement aérodynamique et de l’interprétation innovante des nouvelles règles techniques.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB13 abandonne

De quoi finalement épargner, au moins publiquement, le fournisseur moteur Renault, manquant toujours de fiabilité, qui autorise le rebadging sous l’appellation du sponsor horloger TAG Heuer. Mais en coulisses, on sait l’avenir de Red Bull en F1 inextricablement lié à la capacité du team à obtenir un solide partenariat moteur sur le long terme pouvant satisfaire le management. De grosses garanties seront aussi très bientôt nécessaires de la part du team vis-à-vis de ses pilotes, qui sont et seront encore fortement sollicités par les plus gros clients du paddock, bien plus qu’un Fernando Alonso autopromu.

Charge donc de prouver en cette seconde moitié de saison que quelques autres victoires de vista sont possibles, sur des circuits comme Singapour ou Interlagos, et que le team peut venir créer des maux de tête stratégiques à Ferrari et Mercedes en se montrant prompt en qualifications et gênant en course. Une chose est sûre, Red Bull n’est pas à 75 secondes de la tête comme en Espagne. La troisième place du championnat semble déjà immanquable et seule l’action des avant-postes intéresse le team, qui s’est habitué à sabrer le champagne sur la plus haute marche avant l’ère des V6 hybrides...

Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB13

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