Avant le succès de Brawn GP, les ingénieurs croyaient s'être trompés

Avant de mettre sa monoplace en piste, Brawn GP avait estimé son avantage sur la concurrence. Devant l'ampleur de celui-ci, les ingénieurs de l'époque ont d'abord cru à une erreur de calcul... qui s'est pourtant avérée !

Jenson Button, Brawn GP BGP001

Photo de: Andrew Ferraro / Motorsport Images

Déjà vieille de plus de dix ans, la brève mais folle épopée de Brawn GP en Formule 1 a déjà été racontée à maintes reprises. Et pourtant, les témoignages sur le sujet ne sont pas encore taris, et ceux qui ont travaillé pour l'écurie de Brackley à l'époque – et y œuvrent encore aujourd'hui – savent distiller des anecdotes que l'on ne soupçonnait pas forcément.

Pour resituer le contexte, il faut rappeler que Honda avait brusquement décidé de stopper son engagement en Formule 1 à l'issue de la saison 2008, et que l'équipe avait été sauvée in extremis par Ross Brawn et Nick Fry, les deux hommes concluant un accord avec Mercedes pour installer le bloc allemand dans le châssis déjà conçu pour 2009. Un championnat dont la première moitié allait être dominée par la BGP 001 de Jenson Button et Rubens Barrichello, jusqu'au titre mondial des pilotes et des constructeurs, grâce notamment à l'innovation qu'était le double diffuseur. À la surprise générale, mais aussi des principaux intéressés !

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"Nous savions que ce serait une bonne voiture, car nous y avions dédié beaucoup d'efforts et nous avions commencé tôt", se souvient Andrew Shovlin, à l'époque ingénieur de course de Button et aujourd'hui directeur de l'ingénierie piste chez Mercedes. Dans le podcast Beyond the Grid, il insiste sur le niveau de performance inattendu de la monoplace : "L'année précédente, à Hockenheim, à peu près à la mi-saison, nous avons dit : 'OK, nous allons oublier 2008 et nous concentrer sur la nouvelle réglementation de 2009'."

"Mais vraiment, le seul moment où nous avons commencé à penser qu'elle était vraiment rapide, c'est quand nous ne sommes pas allés faire d'essais et que tout le monde y était, à Portimão. Il y avait une Toro Rosso [de 2008] et elle était de loin la plus rapide… et nous avions à peu près récupéré toute la performance et [nous estimions] que nous serions aussi rapides avec notre voiture. On a commencé à se dire : 'Attendez une minute, ça veut dire que nous sommes presque deux secondes plus rapides que n'importe qui d'autre'. À ce moment-là, on a pensé que nous avions dû nous tromper dans nos calculs… Rien ne nous y préparait lorsque nous avons commencé à rouler à Barcelone [en essais], et là c'était : 'Oh mon dieu, elle semble vraiment rapide'."

 

En 17 Grands Prix d'existence, avant sa vente à Mercedes pour devenir l'écurie qui a dominé la F1 ces dernières années, Brawn GP a raflé huit victoires – dont quatre doublés –, cinq pole positions et 15 podiums, avec les deux titres mondiaux à la clé. "Cette année-là… c'est à elle seule une vie entière de souvenirs", confie James Vowles, déjà responsable de la stratégie à Brackley en 2009. "Chaque Grand Prix avait quelque chose… chaque Grand Prix comportait un ensemble unique de souvenirs, qui sont ancrés en nous pour toujours, et ça ne changera pas. Ce sont des sentiments extraordinaires par rapport à la plupart des autres."

L'exploit de Brawn GP tient aussi dans le manque de préparation avec lequel a parfois dû composer l'écurie à l'époque, puisque la reprise en main s'est fait très tardivement. Même si la monoplace était un diamant brut, il fallait pouvoir l'exploiter au mieux, et cela a conduit à des événements quelques fois cocasses.

"Nous avons signé un doublé [au premier Grand Prix, à Melbourne], et nous ne le méritions certainement pas car je crois que nous étions premier et quatrième car nous avions fait deux arrêts au stand catastrophiques", raconte le directeur sportif Ron Meadows. "Mais Seb [Vettel] et Kubica se sont accrochés dans les derniers tours."

"Le problème que nous avions concernait le ravitaillement en carburant : notre ravitailleur habituel des années précédentes avait quitté l'équipe dans le cadre des licenciements. Nous voulions le garder, mais il avait décidé de partir pour devenir plombier. Après Melbourne, on a réalisé qu'il fallait faire des changements. Je l'ai appelé et il est venu pour les dimanches. Il prenait l'avion le samedi soir, il faisait les ravitaillements, puis immédiatement après la course il rentrait chez lui pour reprendre son boulot de plombier."

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