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Briatore : Mosley a "persécuté" Schumacher et Benetton en 1994

Flavio Briatore ne mâche pas ses mots quant à l'action du président de la FIA Max Mosley lors de la saison 1994 de Formule 1, avec une interférence qui aurait failli coûter le titre à Michael Schumacher.

Michael Schumacher, Benetton et le team manager Flavio Briatore

Photo de: Sutton Motorsport Images

Benetton abordait alors sa neuvième campagne dans la catégorie reine du sport automobile après le rachat de Toleman et progressait lentement mais sûrement dans la hiérarchie : l'équipe multipliait les podiums au fil des années, notamment avec le prometteur jeune loup qu'était Michael Schumacher à partir de fin 1991.

Schumacher a justement lancé sa saison 1994 de manière idéale avec six victoires et une deuxième place, si bien qu'après le Grand Prix de France, il comptait déjà 37 points d'avance sur son dauphin Damon Hill, à une époque où la victoire valait dix unités. À la surprise de Flavio Briatore, qui raconte dans le podcast Beyond The Grid lui avoir précédemment dit : "Michael, Senna est quintuple (sic) Champion du monde, et toi, tu viens d'arriver, tu es rookie. Viser le titre mondial est l'idée la plus stupide que tu puisses avoir."

Bernie Ecclestone, directeur général du Formula One Group, et Max Mosley, président de la FIA, ont aussi été étonnés – et semble-t-il frustrés – par le succès de Schumacher et Benetton. "Pour Bernie et pour Max, que Benetton gagne était un désastre, car c'était un fabricant de vêtements", souligne Briatore, directeur de l'écurie de 1990 à 1997 notamment. "Nous avons commencé à nous battre pour le championnat en 1994, et nous avons eu tellement de succès qu'on nous a exclus pendant quatre ou cinq courses (sic), pour rendre les courses plus intéressantes."

Damon Hill, Williams FW16, devant Michael Schumacher, Benetton B194

Schumacher a reçu un stop-and-go à Silverstone pour avoir dépassé le poleman Damon Hill dans le tour de formation, pénalité transformée en drapeau noir lorsqu'il a refusé de la purger, mais le pilote Benetton a fini la course malgré tout, ce qui lui a effectivement valu d'être disqualifié de la deuxième place et exclu de deux autres Grands Prix, en Italie et au Portugal. Il a également perdu sa victoire à Spa-Francorchamps en raison d'une usure excessive du patin. Ainsi, à trois épreuves du terme de la saison, Hill était revenu à un petit point du leader.

Silverstone, seul Max [Mosley] a su que Schumi avait doublé Damon Hill dans le tour de formation. Personne ne le savait. Nous avons pris le départ, et ainsi a commencé la campagne contre nous. Nous avons eu une exclusion de trois courses", insiste Briatore, qui rappelle toutefois que malgré les soupçons d'Ayrton Senna et d'autres sur la légalité de la B194, "nous n'avons jamais été sanctionnés pour le contrôle de traction. On en a beaucoup parlé, la presse nous a chié dessus, mais personne n'a pu prouver que nous l'utilisions."

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"Max interférait beaucoup en F1, ce n'était pas Jean Todt [actuel président de la FIA, ndlr]. Il interférait avec les pilotes, avec tout le monde. Il était vraiment un directeur de course. [À Spa], tout le monde sait que [Schumacher] a abîmé le patin sur un vibreur. Et nous avons été disqualifiés à cause de ça."

"Max était très vindicatif, très intelligent. Il était un bon président de la fédération, parce qu'il a répondu présent au moment du conflit avec toutes les équipes. Il était bon à 80%, mais les 20% restants étaient si mauvais qu'ils annulaient le reste. C'était difficile d'avoir une conversation civilisée avec lui, car il avait toujours raison."

Michael Schumacher, Benetton B194 Ford

Au moment d'aborder la dernière course de la saison, Schumacher conservait un point d'avance sur Hill, mais le contexte était clairement inhabituel. "Nous avons passé une semaine à Adélaïde sans jamais parler de la course mais de tout le reste", relate Briatore. "Il fallait que Michael gagne, car il était le meilleur pilote et avait la meilleure voiture. Tout le monde a tenté de nous faire perdre le championnat, mais si l'on triche, les gens le savent. Ross [Brawn], Pat [Symonds], Rory [Byrne], quand nous parlions du contrôle de traction – j'ai demandé, car moi-même je ne savais pas si nous avions quelque chose – Charlie [Whiting, délégué technique de la FIA] donnait son avis, mais Max [Mosley] l'outrepassait. C'était une sorte de persécution."

Quoi qu'il en soit, Schumacher était bien parti pour triompher puisqu'il menait avec deux secondes d'avance sur Hill lorsqu'il a percuté le mur au 36e tour. Le pilote Williams n'a pas vu l'erreur de son rival, l'apercevant simplement revenir en piste devant lui, et a plongé à l'intérieur au virage suivant ; Schumacher a fermé la porte, l'accrochage provoquant l'abandon des deux hommes et le titre du pilote Benetton.

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"Ce n'est pas Michael qui a gagné la course, il a eu un accident ; c'est Damon Hill qui a perdu la course", analyse Briatore. "Je n'étais pas déçu pour Michael, j'étais déçu pour Damon." S'il reconnaît que le coup de volant de Schumacher sur Jacques Villeneuve trois ans plus tard était "une erreur parfaitement inutile", l'Italien va jusqu'à affirmer que Hill "savait que Michael avait eu l'accident", et que s'il ne le savait pas, il pouvait régler le problème "avec la radio – il fallait attendre avant de doubler".

"Michael a fait tout ce qu'il avait à faire", poursuit-il. "S'il avait été trop loin, ils l'auraient pénalisé. Vous voyez, à Adélaïde, peut-être que Michael aurait mérité une sanction, mais Max [Mosley] ne pouvait pas le punir à nouveau après nous avoir persécutés !"

Le Champion du monde Michael Schumacher fête le titre avec l'équipe Benetton, Tom Walkinshaw et Flavio Briatore

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