Analyse

F1 TV, le produit phare qui ne peut pas se rater de nouveau en 2019

Liberty Media se trouve devant un réel besoin de délivrer quelque chose de convainquant en 2019 avec son service de vidéo numérique à la demande.

Lancement de la F1 TV

Liberty Media et la F1 disent avoir appris des "erreurs" commises lors du lancement de leur produit vidéo à la demande F1 TV, devant permettre aux fans de pouvoir suivre les Grands Prix de F1 en streaming sur le site officiel de la discipline.

Le lancement de ce qui est communément appelé OTT dans le milieu des médias (Over-The-Top, pour livraison de contenu par contournement du réseau classique, ici télévisuel) fut agité, tant en raison des difficultés techniques rencontrées par le produit en lui-même que par la parfois piètre qualité et fiabilité des retransmissions, ou encore la concurrence et comparaison directe possible avec les retransmissions de la F1 sur les canaux télévisés traditionnels... dont F1TV reprenait d'ailleurs le feed ! Quant à la communication, elle fut délicate, autour d'un produit finalement lancé pour la cinquième épreuve du championnat 2018 sur le Grand Prix d'Espagne, sans grande stabilisation technique, et après un couac l'annonçant pour Melbourne.

Patience et frustration

Nombre d'abonnés à F1 TV auront connu cette saison la frustration, Grand Prix après Grand Prix, de ne pouvoir vivre un week-end de course complet sans rencontrer d'importantes perturbations dans leur suivi des séances, par ailleurs limitées au temps de piste, et ne comprenant pas de grande valeur ajoutée telle que des programmes filmés dans le paddock, des conférences de presse, des contenus exclusifs ou l'accès aux autres courses FOM de promotion que sont la F2 et le GP3. Certes, des Grands Prix historiques trouvent leur place dans une section dédiée mais il est difficile de faire abstraction du fait que nombre d'épreuves anciennes ne sont que des résumés issus des DVD de fin de saison de la FOM, coupés en pastilles et occultant le déroulé précis des courses.

La difficulté du modèle pour Liberty Media repose par ailleurs sur le fait qu'une très importante source de ses revenus annuels provient des ententes passées avec les diffuseurs télé de la F1 dans chaque pays, qui paient des sommes considérables pour pouvoir disposer des droits de diffusion – d'où le passage presque systématique dans les marchés européens desdits droits sur des canaux payants.

Aux États-Unis, le nombre d'abonnés à F1 TV est bien loin de faire le compte au moment de mesurer l'impact des recettes face à la perte des droits TV du diffuseur local NBC, qui apportait près de 40 millions de dollars.

Lancement de F1 TV

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Tim Orme, responsable du projet numérique de la F1, s'est récemment exprimé à l'occasion d'un colloque spécialisé et n'a eu de cesse de rappeler que le service F1 TV n'était pas en concurrence avec les diffuseurs, amenant ainsi à surtout se concentrer sur le fait que la FOM cherche à dissiper le conflit d'intérêts qui existe bel et bien.

"F1 TV est un aspect d'un énorme programme business numérique qui a changé la manière dont nous faisons des affaires", a-t-il décrit lors du sommet SportsPro de Madrid, dédié aux services OTT. "La proposition F1 TV n'est pas en compétition avec les diffuseurs. Nous sommes toujours un business de licences et il s'agira toujours de notre principale source de revenus. Je pense que cela nous donne des opportunités : nous avons bâti un service F1 pour les fans de F1", a-t-il poursuivi.

2018, "un test beta"

Que les fans ayant souscrit au service F1 TV se rassurent – ou se sentent au contraire les dindons de la farce –, le produit tel qu'il existe est décrit par Liberty Media comme "un test beta" et l'offre 2019 est préparée avec plus de soin, assure le promoteur.

"Nous avons stabilisé ces problèmes assez rapidement, avons eu une vraiment bonne fin de saison et avons hâte d'être en 2019", se convainc Orme. "Nous avons eu la chance de revenir sur notre année de lancement. Lorsque je regarde en arrière, il y a de grandes décisions qui auraient pu nous affecter."

Podium: le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1,  Eddie Jordan, Channel 4 F1 TV sur le podium

L'une des bases du lancement de F1 TV concernait bien évidemment le fait de sous-traiter ou de produire en interne le système de distribution technique des streams vidéo. À ce titre, la comparaison avec le produit OTT de la Dorna, promoteur du MotoGP, était frappante et largement en défaveur de la F1 en 2018.

"Nous avions à prendre la décision de l'acheter ou de la construire. Il y a des sociétés extrêmement compétentes dans la tech vers lesquelles vous pouvez vous rendre directement et prendre un produit qui fait un bon boulot pour vous. Ce fut rapidement une décision d'acheter ou de louer pour nous et il s'agissait de savoir si nous allions opter pour une solution de template ou de faire quelque chose de plus personnalisé. Nous avons réuni une sélection de partenaires dont nous avions le sentiment qu'ils pourraient nous donner 'la meilleure des expériences dans le domaine' et cela signifie que ça a pris sans doute un peu plus de temps à lancer sur le marché", justifie ainsi Orme, sans réellement traiter le fait que la personnalisation de F1 TV demeure précisément faible par rapport à certains produits concurrents.

Des gamelles pour mieux contrôler la pente ?

Reste que le gestionnaire du projet numérique présente F1 TV comme un produit répondant spécifiquement aux besoins de la F1. "Nous avons ressenti qu'il y aurait un plus grand avantage à avoir la capacité de mettre en place un produit réellement spécifique à la Formule 1. Nous ne désirions pas simplement construire un autre service. Peut-être aurions-nous pu prendre des décisions différentes sur tous ces points, mais, en tant que snowboardeur dans mon temps libre, j'aime la phrase : 'Si l'on descend la montagne sans avoir fait quelques chutes, c'est que l'on n'a probablement pas fait suffisamment d'efforts'. Il y a de la F1 là-dedans, et en ayant chuté en chemin, nous n'allons pas refaire les mêmes erreurs deux fois, à un moment où beaucoup de choses peuvent aller contre nous."

Au-delà de la philosophie, l'un des enjeux de Liberty Media en 2019 sera bel et bien de réconforter ses actionnaires, à l'heure où le titre boursier a plongé en un an, notamment en raison des questions demeurant sur le business model définitif de la discipline qui impose pour le moment de l'investissement et de la mise aux standards de nombreux domaines. En jeu, l'avenir des revenus liés aux TV ou aux circuits, et la capacité des dirigeants actuels à maintenir une certaine stabilité avec tous les acteurs – notamment les motoristes et les équipes – pour signer de nouveaux accords Concorde offrant une visibilité sur le long terme.

Graphique TV sur le Halo, Ferrari

 

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