Ces "cafés" entre aérodynamiciens qui inquiètent Szafnauer

Nouveau directeur d'Alpine en F1, Otmar Szafnauer a évoqué ses craintes concernant le risque de voir des écuries profiter d'une collaboration étroite avec d'autres pour contourner les limitations en soufflerie.

Adrian Newey, directeur technique, Red Bull Racing

Depuis plusieurs années, la Formule 1 connaît une limitation en nombre des tests aérodynamiques, que ceux-ci aient lieu en soufflerie ou via la mécanique des fluides numérique (CFD). Outre la réduction en nombre, depuis 2021, la discipline a mis en place un système gradué dans lequel, en fonction de sa position au classement constructeurs, une écurie a droit à plus ou moins que la limite imposée, la dernière écurie étant celle qui dispose du maximum d’opportunités d'effectuer des tests et la première du minimum.

Fraîchement arrivé à la tête d'Alpine, Otmar Szafnauer a évoqué ces limitations auprès de F1 TV. Interrogé sur le rôle qu'il avait joué dans la mise en place des ces règles, il a expliqué : "Tout le monde avait l'habitude de beaucoup dire lors des réunions de la Commission F1 que nous devrions faire quelque chose comme en NFL, où si vous êtes la pire équipe, vous avez le premier choix à la draft pour permettre d'égaliser un peu la donne. Et je me suis dit : 'Comment peut-on faire ça sans pénalités pour les bonnes [équipes], comme des lests et toutes ces choses'."

"Les fans ne veulent pas de lests en fonction des victoires et de ces choses-là. Donc j'ai pensé : 'Peut-être que ce que nous pourrions faire est d'avoir une échelle graduelle sur le temps de soufflerie. Et l'idée est vraiment venue du fait que nous avions l'habitude d'en faire 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Alors, soudainement, la FIA a dit que pour des raisons d'économies, on allait limiter le temps à raison d'environ la moitié de ce que nous faisions auparavant."

Lui qui a travaillé sur le projet F1 de Honda entre 2001 et 2008, il rappelle : "Et à l'époque de Brawn, ils utilisaient trois souffleries différentes, ou dans ce qui allait être Brawn [en 2009], c'était Honda à ce moment-là. Il y avait Super Aguri, Honda au Japon où le double diffuseur a dans les faits été découvert, et celle de Brackley [qui était l'usine de Honda, avant de devenir celle de Brawn puis de Mercedes, ndlr]."

"Et à un moment donné, ce n'est pas sans coût d'utiliser des souffleries. Alors la FIA a dit : 'Réduisons le temps de moitié'. Et c'est là que je me suis dit : 'Si on fait ça, ne pourrait-on pas juste avoir une échelle graduelle pour aider ceux du fond de classement, sans [recourir aux] lests en fonction des succès'. Croyez-le ou non, les équipes qui gagnaient ont résisté ; les trois qui sont au top n'ont vraiment pas aimé !"

Questionné ensuite sur sa confiance dans le contrôle mené par la FIA sur ce sujet, il a répondu : "Ce qui est bien, c'est que la surveillance est en place depuis un certain temps déjà, parce que nous avons décidé que nous ne pouvions pas fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et qu'il fallait une limite. Et ce contrôle a commencé dès que nous avons commencé à fixer des limites en soufflerie. Ce n'est pas différent. Et la surveillance se fait de la même manière, avec des contrôles aléatoires de la FIA. Ils viennent et passent la journée avec vous. Et puis ils vous disent : 'Montrez-nous toutes vos mesures du temps de soufflerie, montrez-moi comment vous les mesurez'. Ils viennent. Je pense que cette partie est robuste."

Toutefois, Szafnauer estime qu'il existe un véritable risque de contournement de cette réglementation dans la collaboration étroite que peuvent entretenir certaines équipes, d'autant plus qu'Alpine est, dans ce domaine, un peu isolé en n'ayant aucune écurie cliente pour le moteur Renault. Dans le viseur principalement, les collaborations autour des souffleries ; et plus précisément, sans le dire, les deux écuries détenues par le clan Red Bull qui utilisent depuis 2021 la même installation mais également Ferrari et Haas, dont le renforcement des liens a conduit à ce qu'une partie des opérations de l'écurie américaine se base désormais à Maranello.

"L'inquiétude est que ceux qui partagent des souffleries puissent prendre un café ensemble", explique l'ancien responsable Aston Martin. "Et surtout s'ils sont partenaires et se disent autour d'un café, 'comment ça s'est passé, le dernier plancher que vous avez essayé ?' 'N'allez pas dans cette direction, ce n'est pas très bon'."

"Cela ne s'est assurément pas produit chez Aston/Mercedes parce que nous avions des processus solides en place. Et il n'y a pas eu de café avec nos aérodynamiciens respectifs. Mais cela pourrait arriver si les aérodynamiciens vivent au même endroit, utilisent le même tunnel, la même cantine. Parce que nous n'étions qu'à quelques kilomètres de distance sur la route, cela ne s'est pas produit. Nous avons eu la chance d'utiliser une soufflerie les week-ends, et Mercedes l'a utilisée pendant la semaine. Les aérodynamiciens ne se voyaient même pas."

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