Analyse

Les plans de la F1 pour résoudre le casse-tête de la quarantaine

Les indications révélant que le gouvernement britannique n'offrira aucune exception pour le personnel de la F1 au sujet de la période de quarantaine ont lancé un défi supplémentaire à Chase Carey et ses collègues pour tenter de monter un calendrier 2020 réaliste.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W10 devant Valtteri Bottas, Mercedes AMG W10 et Max Verstappen, Red Bull Racing RB15 au départ

Photo de: Andy Hone / Motorsport Images

L'établissement d'un nouveau calendrier de la Formule 1 présente son lot de défis, et de nouvelles complications viennent s'ajouter au fur et à mesure de l'avancée des travaux pour réussir à monter un programme qui puisse être respecté en dépit de la pandémie de COVID-19 qui sévit, et cela oblige les gouvernements à imposer un ensemble de mesures strictes. Le fait que sept des dix équipes soient basées au Royaume-Uni pourrait être une source de difficultés supplémentaires.

Chase Carey et les autres dirigeants de la F1 essaient de négocier coûte que coûte une exception pour la discipline face aux nouvelles règles imposées par Boris Johnson et ses ministres, qui exigent une quarantaine stricte de 14 jours pour les voyageurs internationaux arrivant au Royaume-Uni, car ces restrictions empêcheraient de facto la tenue de deux courses à Silverstone le 26 juillet puis le 2 août si elles ne sont pas assouplies. 

Si aucune permission n'était accordée, il se dit que le plan de Liberty Media serait alors de commencer la saison par une série de trois ou quatre courses en Europe continentale, avec un ou deux Grands Prix à Hockenheim pour faire suite aux deux premières courses en Autriche, sur le Red Bull Ring. Le circuit allemand n'est pour le moment pas prévu au calendrier, après avoir perdu sa place en fin d'année dernière, mais ses dirigeants ont déclaré se tenir prêts à aider la F1 et ont assuré être flexibles sur les dates.

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Cela signifierait que tous les employés britanniques de la F1, de la F2 et de la F3, ainsi que ceux de l'organisation de la F1 resteraient éloignés de leur domicile pendant plus d'un mois, et reviendraient ensuite au pays pour respecter la quarantaine de 14 jours avant de participer aux courses à Silverstone. En théorie, ces employés devraient rester chez eux en isolement et ne pas visiter l'usine ni les locaux de leur équipe avant de partir pour le Grand Prix suivant, qui se déroulerait alors très près des bases des équipes britanniques, la plupart étant situées autour de Silverstone.

Le casse-tête logistique des équipes serait alors celui de la préparation des voitures, puisqu'elles doivent être démontées et remises en condition entre chaque voyage, et que les employés responsables de ces tâches ne pourraient être disponibles que pour des réunions à distance. Une équation d'autant plus difficile à résoudre pour les petites équipes, dont le nombre d'employés est limité pour effectuer ce travail.

Cette quarantaine imposée par les autorités britanniques à partir de début juin a déjà été exclue pour certains travailleurs, comme les chauffeurs routiers transportant des denrées alimentaires ou produits essentiels, mais la F1 va certainement essayer d'activer un autre levier, celui de la volonté de Boris Johnson de voir les événements sportifs majeurs reprendre au plus vite pour relancer un sentiment de normalité dans la vie des citoyens. C'est précisément avec cette idée en tête que la F1 cherche à obtenir ces fameuses exceptions qui lui permettraient une organisation bien plus souple entre les manches européennes pour la majorité de ses acteurs.

La F1 veut également s'appuyer sur ses protocoles stricts mis en place pour assurer la sécurité de ses membres lors des deux Grands Prix d'Autriche qui lanceront la saison, et qui pourraient permettre de prouver aux autorités que la quarantaine n'est pas nécessaire si les équipes fonctionnent dans leur propre écosystème. Tous les employés seront testés régulièrement en Autriche et disposeront d'un certificat prouvant qu'ils ne sont pas malades ; un plan qui n'est pas idéal mais qui pourrait permettre de lever ces restrictions et faciliter l'intégration des deux manches britanniques au calendrier remodelé.

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La F1 a en effet conclu un accord avec Silverstone la semaine dernière pour organiser deux courses sur le circuit, mais le directeur du circuit, Stuart Pringle, a bien rappelé que tout ce plan était sujet à l'autorisation du gouvernement, et aux règles de quarantaine. Pour le moment, la Formule 1 n'a pas réussi à convaincre les autorités qui, semble-t-il, s'inquiètent du risque d'ouvrir la boîte de Pandore en autorisant la discipline à voyager librement. Cela pourrait ouvrir une porte pour les autres sports, et finalement tous les professionnels, qui souhaiteront se voir accorder une permission exceptionnelle.

Le fait que la Grande-Bretagne refuse, alors que le pays est le berceau de la F1 et qu'il souhaite au mieux protéger l'industrie de la course automobile nationale, laisse toutefois craindre que le problème soit encore plus vaste dans d'autres pays. Dans des États comme Bahreïn ou Abu Dhabi, le lien qu'entretient le promoteur avec le gouvernement devrait faciliter les dispositions prises pour accueillir la F1, qui ira certainement au Moyen-Orient en novembre ou décembre, mais le risque de la voir refusée en bloc dans des pays comme le Japon ou les États-Unis est bien plus probable. 

"La logistique est toujours complexe pour pouvoir voyager autour du monde dans des délais aussi courts", avait déclaré Chloé Targett-Adams à Motorsport.com en 2018. La responsable des promoteurs et des relations commerciales, qui s'occupe de monter le calendrier, avait spécifié les difficultés importantes auxquelles fait face la F1 lorsqu'il s'agit de trouver des lieux et des dates, y compris sans l'ajout du problème lié au coronavirus.

"Il s'agit aussi de besoins d'employés, de besoins opérationnels, pas seulement pour notre production TV et nos équipes pour les événements, mais la partie la plus importante est constituée par les équipes, qui doivent pouvoir arriver [sur place] et courir. Nous savons qu'il y a toujours un potentiel compromis, qui peut notamment être fait sur la logistique. Notre rôle est de nous assurer que nous faisons parvenir le matériel de course et le fret à temps sur les circuits, et que ça se fasse de la manière la plus fluide possible, la plus efficace, afin de nous assurer que les gens soient aussi peu fatigués que possible. Je décris cela comme un Rubik's Cube complexe, et c'est un vrai défi logistique à gérer."

Avec Adam Cooper

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