Opinion

Faut-il que des coéquipiers soient les meilleurs amis du monde ?

Après l'une des périodes de transferts les plus agitées de ces dernières années, la grille 2023 de la Formule 1 proposera de nouveaux duos de pilotes, certains s'appréciant plus que d'autres.

Fernando Alonso, Alpine F1 Team, Mick Schumacher, Haas F1 Team, Kevin Magnussen, Haas F1 Team, Nico Hulkenberg, Aston Martin

Photo de: Andy Hone / Motorsport Images

Cette année, seules quatre des dix équipes ont un duo de pilotes inchangé (Red Bull, Ferrari, Mercedes et Alfa Romeo), ce qui signifie que les six autres ont passé une bonne partie de l'hiver à parfaire l'intégration de leurs nouvelles recrues. Les pilotes enfilant de nouvelles couleurs doivent non seulement apprendre à connaître un nouvel environnement, mais aussi un nouveau collègue de travail.

Les relations et confrontation des résultats entre coéquipiers font souvent les gros titres en F1, et le plaisir des joueurs sur les sites de paris sportifs, surtout lorsqu'elles se dégradent. La dispute entre Max Verstappen et Sergio Pérez au GP de São Paulo au sujet des consignes d'équipe en a été l'un des meilleurs exemples l'an passé, même si Red Bull a depuis assuré que tout était rentré dans l'ordre. Deux des nouveaux line-ups de 2023 seront particulièrement intéressants à suivre à cet égard : Pierre Gasly et Esteban Ocon chez Alpine, et Nico Hülkenberg et Kevin Magnussen chez Haas.

Même si ces cohabitations électriques contribuent au désir de dramatisation de la F1 moderne, alimenté en grande partie par la série Drive to Survive de Netflix, est-il irréaliste d'espérer que tous les coéquipiers soient de bons amis en dehors de la piste ?

Ce n'est pourtant pas impossible. Il y a eu beaucoup d'exemples de bonnes relations entre coéquipiers dans le passé, notamment celles entre Lando Norris et Carlos Sainz chez McLaren. Le duo a apporté un vent de fraîcheur et une touche de bonne humeur dans l'écurie, entraînant ainsi la naissance d'une véritable amitié. Le couple "Carlando" est même devenu un véritable phénomène sur les réseaux sociaux.

Ainsi, lorsque Daniel Ricciardo et son grand sourire sont arrivés à Woking pour remplacer Sainz, les attentes chez les fans étaient particulièrement élevées. Mais ceux-ci ont été vite déçus. Cela ne veut pas dire qu'il y avait des frictions entre Norris et Ricciardo mais leur relation était tout simplement différente de celle entre le Britannique et Sainz.

Lando Norris et Daniel Ricciardo

Lando Norris et Daniel Ricciardo

Norris a abordé le sujet lors d'une récente interview avec GQ : "Carlos et moi nous entendons très bien. J'ai en quelque sorte grandi avec lui. Je me suis bien entendu avec Daniel. Lui et moi étions les compétiteurs parfaits : nous détestions nous battre comme nous détestions nous faire battre par l'autre. En dehors de la piste, nous nous respections énormément. Je garde les choses séparées ; je peux être le plus grand compétiteur que j'ai besoin d'être sur la piste mais je peux aussi respecter et être un bon copain avec d'autres personnes."

Cette dualité peut être difficile à comprendre mais elle donne un aperçu de l'esprit de compétition de ces pilotes. Il leur est possible d'attiser ce feu ardent le moment venu puis de l'éteindre afin d'entretenir leurs amitiés en dehors de la piste.

Ocon et Gasly sont certains de recevoir ce que l'on appelle le "traitement Drive to Survive" compte tenu de leurs tensions passées. Mais tous deux ont affirmé être allés de l'avant depuis, la source de cette friction remontant à de nombreuses années. Ce n'est de toute façon pas quelque chose qui préoccupait Alpine lorsque l'équipe s'est tournée vers Gasly pour remplacer Fernando Alonso. Tout ce que l'équipe voulait, c'était le meilleur duo de pilotes possible.

Gasly et Ocon ont également reconnu à quel point il était frustrant de revenir sans cesse sur les vieilles querelles. "Nous ne sommes pas meilleurs amis, mais nous nous entendons", assurait Gasly dans un entretien avec Motorsport.com fin 2022. "Nous avons fait quelques événements [ensemble], nous nous parlons, et quand je regarde dans le reste du paddock, les relations entre les autres équipiers, je pense qu'il y en a clairement des pires que la nôtre. Si vous voulez parler d'Esteban et moi, il faut probablement parler de la relation entre 60% des gars dans le paddock."

Il y a peu, Gasly et Ocon ont rejoint Charles Leclerc (le trio ayant été proche à l'époque du karting) pour assister au NBA Paris Game. Le fait de les voir passer du temps ensemble est encourageant, ce qui décevra peut-être certaines mauvaises langues qui cherchent à attiser les braises. Mais vous pouvez être sûr que lorsque les premières tensions apparaîtront – ce qui finira par arriver, comme avec tous les coéquipiers –, l'histoire de leur ancienne brouille sera déterrée de plus belle.

 

Il en sera de même pour Magnussen et Hülkenberg chez Haas, l'origine de leur rivalité remontant à leur prise de bec lors du GP de Hongrie 2017, la réplique de Magnussen étant depuis devenue l'une des punchlines les plus connues de la F1. Les deux hommes ont très peu échangé lors des années suivantes mais la glace a été brisée au GP de Bahreïn de l'année dernière. De toute évidence, il n'y avait pas d'animosité entre eux.

"Je ne pense pas qu'être meilleurs amis soit nécessaire. Peut-être que nous allons le devenir, qui sait !" a lancé Magnussen. "Mais il n'y a pas de pression pour construire [une relation amicale] en dehors de la piste. Je respecte [Hülkenberg] en tant que pilote et je pense que c'est la seule chose qui compte. J'apprendrai à le connaître en tant que personne. Je n'ai jamais vraiment été proche de lui ou appris à le connaître en tant que personne mais ça n'a pas vraiment d'importance. Je suis sûr que nous allons bien travailler ensemble en tant que coéquipiers sur la piste et en dehors."

Beaucoup de choses ont changé pour Magnussen et Hülkenberg depuis la dernière fois qu'ils ont croisé le fer. Ils sont tous deux devenus pères de famille et pensaient avoir fait leur temps en F1 avant de recevoir une offre surprise. Cela a notamment permis au pilote danois de gagner en maturité, le patron Günther Steiner estimant que son mental s'était renforcé. Il pourrait en être de même pour Hülkenberg.

Une attention toute particulière sera sans doute accordée à ces relations entre coéquipiers cette année, surtout sur des plateformes comme Netflix et Twitter, sur lesquelles la recherche de théâtralité est grande. Mais ce n'est pas parce qu'une équipe ne recrée pas l'alchimie Norris-Sainz que ses pilotes se détestent. Tout ce qui compte au final, c'est qu'ils fassent ce que l'on attend d'eux en signant de bons résultats.

Si les pilotes sont proches, alors c'est du bonus pour leur équipe. Mais ils ne chercheront pas à forger une amitié inexistante, d'autant plus qu'une relation inauthentique ne ferait qu'empirer les choses si des tensions venaient à apparaître plus tard.

 

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article

Voir aussi :

Article précédent Lewis Hamilton a vécu un racisme "traumatisant" à l'école
Article suivant La F1 et Liberty fustigent les propos "inacceptables" de Ben Sulayem

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France