Contenu spécial

Comment une écurie de F1 planifie-t-elle ses essais hivernaux ?

Les nouvelles monoplaces vont bientôt être dévoilées et effectuer leurs baptême de piste à Barcelone. Comment sont réalisés ces essais cruciaux, organisés en deux séances de quatre jours ?

Le garage Mercedes AMG F1 de nuit

Le garage Mercedes AMG F1 de nuit

XPB Images

Kevin Magnussen, Renault Sport F1 Team R.S.16
Kevin Magnussen, Renault Sport F1 Team R.S.16
Jolyon Palmer, Renault Sport F1 Team R.S.16
Jenson Button, McLaren MP4-31 s'arrête au bout de la voie des stands
Stoffel Vandoorne, McLaren MP4-31 dans le garage
Des mécaniciens travaillent sur une Sauber C35
Esteban Ocon, pilote d'essais Renault Sport F1 Team R.S.16
Pascal Wehrlein, pilote d'essais Mercedes AMG F1 W05 Hybrid
Des mécaniciens travaillent sur la Mercedes AMG F1 W07 Hybrid de Nico Rosberg
Kimi Raikkonen, Ferrari SF16-H
Jenson Button, McLaren MP4-31 avec des capteurs
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07
Max Verstappen, Scuderia Toro Rosso STR11
L'aileron avant de Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team W07

Motorsport.com en a discuté avec un sympathique Britannique, Greg, qui a travaillé pendant plus de 25 ans en Formule 1 et qui était, jusqu’à il y a quelques mois, le mécanicien en chef d’une écurie majeure de F1.

"Dans l’équipe où j’étais chef mécanicien, la voiture arrivait à Barcelone partiellement assemblée pour les premiers essais. Les pièces arrivaient au fur et à mesure que les essais progressaient et que les informations circulaient entre le circuit et l’usine", explique Greg.

Le Britannique confirme que ces séances d’essais exigent la présence d’une équipe complète, comme lors d'un Grand Prix. "Il faut compter quatre mécaniciens par voiture durant le jour et cinq la nuit. Il faut aussi les ingénieurs, un spécialiste des circuits hydrauliques, un autre pour les transmissions, quatre experts en composite, un spécialiste en aérodynamique qui s’occupe d’installer les rampes de capteurs, deux équipes pour préparer les pneus ainsi que le staff pour la restauration."

Avons-nous bien entendu "la nuit" ? "Oui, il y a une équipe de jour et une équipe de nuit, et le travail est effectué 24/7", précise-t-il. "La première équipe arrive au circuit la veille du début des essais. Elle travaille durant tout l’après-midi et la soirée, et parfois même la nuit. La voiture doit être prête à rouler à 9 heures le lendemain matin. C'est un travail énorme. Durant toute la semaine, on demande à l’équipe de jour d’être au circuit de 8 heures le matin jusqu’à 1 heure la nuit suivante. Vers 21 heures, l'équipe de soir arrive sur place. À la fin de chaque journée, il faut inspecter toutes les pièces de la voiture et mettre le doigt sur le plus grand nombre de problèmes techniques afin de préparer au mieux la journée suivante."

Rouler... le plus possible

Greg précise que l’objectif majeur de ces deux séances d’essais hivernaux est d’accumuler les kilomètres, de faire fonctionner correctement la nouvelle voiture et d'essayer le plus grand nombre de pièces. "Si vous parcourez 100 tours de piste durant une journée d’essais, vous avez effectué du très bon boulot. Mais quand on voit la Mercedes parcourir 120 ou 130 tours chaque jour, cela envoie un sérieux avertissement aux écuries rivales", confie-t-il.

Il ajoute que, cette année, les essais hivernaux seront difficiles. "Au cours des dernières années, on ne faisait que faire évoluer la voiture et la nouvelle conservait un certain pourcentage de pièces inchangées. En revanche, je sais que certaines voitures 2017 seront composées de 95% de pièces neuves. On effectue des tests destructifs des pièces à l’usine, mais il reste toujours une part d’incertitude. Afin de jouer la sécurité lors des premiers essais, on notera que les pièces critiques, comme les triangles de suspension arrière, seront recouverts d'un matériau isolant thermique et de capteurs de température. Une fois que tout sera sous contrôle, on retirera progressivement l’isolant et les protections."

La première journée des essais est essentiellement consacrée au déverminage de la voiture. "Il y a peu de roulage ; peu d'action en piste, mais beaucoup de travail dans le garage. Il faut entièrement démonter la voiture après les premiers tours en piste", continue Greg. "Sur place, on a habituellement un spécialiste de NDT (Non Destructive Testing, ou tests non destructifs) qui va vérifier les pièces critiques à l’aide de sondes et d’ultrasons pour s’assurer qu’il n’y a pas de dégradation des matériaux, de la fibre de carbone ou des joints. Puis, on commence à ajuster la voiture aux pneus. Par contre, s’il fait froid, il est difficile d’obtenir des informations vraiment valables sur le fonctionnement des pneus."

Livraisons quotidiennes

Durant ces essais, l’équipe située sur le circuit collabore étroitement avec tous les départements de l’usine qui sont en alerte, 24h/24. Tous les ordinateurs sont connectés en réseau et il est possible de fabriquer des pièces prototype en très peu de temps. Ainsi, le flot de nouvelles pièces arrivant au circuit est quotidien. "Lors des essais hivernaux, la voiture ne roule pas dans sa configuration finale. Il manque souvent quelques pièces non-essentielles à son fonctionnement et qu’il n’est pas nécessaire de tester. Nous disposions d’un camion qui apportait tous les jours de nouvelles pièces à essayer. Les membres de l’équipe qui voyagent en avion apportent aussi des pièces en bagage à main. Mercedes et McLaren possèdent des avions privés qui effectuent la navette en le Royaume-Uni et Barcelone. L’avion de Mercedes a même transporté des moteurs qui devaient être testés !" ajoute Greg.

Cette année, seuls quatre jours sépareront la première séance d’essais de la seconde. "Une fois la première séance terminée, on désosse complètement la voiture et tout est analysé", poursuit-il. "Si on trouve un problème, on prend des photos, de la vidéo et on fait un rapport complet pour que les gars à l’usine commencent tout de suite à trouver des solutions. Il faut gagner du temps. Chaque heure gagnée est cruciale. De plus, on intervertit les deux équipes de travail. L’équipe de jour devient l’équipe de soir, et vice-versa.”

Ce n’est qu’à la toute fin de la seconde et dernière séance d’essais que des équipes seront peut-être tentées de réaliser un chrono rapide avec peu d’essence et un train de pneus tendres neufs. "Par contre, les équipes ne sont plus très intéressées par le faire afin de ne pas dévoiler leurs cartes. Elles préfèrent effectuer des simulations et des prédictions à partir des données obtenues en piste. Elles attendent de dévoiler leurs armes lors de la séance de qualifications en Australie", termine-t-il.

Les essais hivernaux, sauce 2017, seront concentrés en deux séances de quatre jours organisées sur le Circuit de Catalunya de Barcelone du 27 février au 2 mars, puis du 7 au 10 mars. Le premier Grand Prix de la saison sera disputé sur le circuit urbain de l'Albert Park, à Melbourne en Australie, du 24 au 26 mars.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Réactions contrastées des pilotes Ferrari après le premier roulage
Article suivant McLaren - C'est la Mercedes qui "se démarque" pour l'instant

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France