Comment le catastrophique GP d'Allemagne 2019 a aidé Mercedes en Turquie

Mercedes a révélé que les données récoltées, entres autres, lors du difficile Grand Prix d'Allemagne 2019 avaient joué un rôle dans la compréhension des pneus au Grand Prix de Turquie 2020, remporté par Lewis Hamilton.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W10, devant Valtteri Bottas, Mercedes AMG W10, Carlos Sainz Jr., McLaren MCL34, Max Verstappen, Red Bull Racing RB15, et le reste du peloton

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W10, devant Valtteri Bottas, Mercedes AMG W10, Carlos Sainz Jr., McLaren MCL34, Max Verstappen, Red Bull Racing RB15, et le reste du peloton

Andy Hone / Motorsport Images

La victoire de Lewis Hamilton au Grand Prix de Turquie a, comme souvent ces dernières années, été une question d'expérience, de gestion et de pneus. Les images de la bande de roulement quasiment lisse des quatre pneus de la Mercedes W11 lors de son arrêt dans le parc fermé d'Istanbul témoignaient de la transformation subie par ces gommes tout au long des 50 tours qu'ils ont parcouru.

De pneus rainurés adaptés à des conditions de piste qui s'améliorent tout en restant clairement humides, ils ont comme épousé la progression que connaissait la piste. Aussi, même s'il y a une part de réussite et de prise en compte du contexte global dans le choix de ne pas rentrer pour monter de nouveaux pneus quand les autres le faisaient autour de lui, avec des effet immédiats sur les temps au tour, Hamilton a eu l'intuition, secondé par son écurie, que la bonne marche à suivre était de les laisser se dégrader.

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À mesure que les sillons s'effaçaient, le pneu gagnait en efficacité sur une trajectoire où il y avait de moins en moins d'eau à évacuer et le maintien de la température sur une bande de roulement particulièrement tendre était facilité. Et l'intuition qu'il fallait rester sur le circuit a été particulièrement importante en Turquie car la piste était en elle-même peu adhérente et parce que, contrairement aux pneus secs, les connaissances des écuries avec les pneus intermédiaires étaient très limitées.

James Vowles, responsable de la stratégie de Mercedes, est revenu sur ce paradoxe dans l'habituelle vidéo de débriefing postée par l'écurie allemande après chaque épreuve : "Pour les pneus sec, nous avons une immense expérience des circuits précédents et nous sommes capables de tout assembler et de comprendre comment ils doivent se comporter sur un nouveau circuit. Nous n'avons pas le même luxe sur les pneus intermédiaires ou pluie. Nous avons des tours ça et là sur des circuits où [la piste] était peut-être un petit peu humide, mais ce dont nous avons besoin, c'est de rouler longtemps sur le mouillé pour vraiment comprendre ces pneus."

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Ce problème est toutefois compensé en partie par le fait que les pneus pour conditions humides utilisés en 2020 sont très proches de ceux utilisés ces dernières années. Et à ce titre, certaines épreuves ont permis d'accumuler des données, à l'image évidemment de la désastreuse course du Grand Prix d'Allemagne 2019. Certes, Mercedes avait coulé à Hockenheim l'an passé, mais ce naufrage à domicile a permis, entre autres, de comprendre comment pouvait se comporter le pneu à flanc vert à Istanbul.

"La différence, c'est que le pneu intermédiaire et le pneu pluie n'ont pas changé de façon spectaculaire ces dernières années. Nous pouvons donc utiliser des données d'il y a quelques années, notamment celles de Hockenheim 2019, et nous en servir pour comprendre comment, selon nous, le pneu devrait fonctionner ici. Il est clair que ces données permettent de faire beaucoup plus d'interpolation. Nous avons une idée approximative de la pression et de la température, mais ce n'est pas suffisant pour vraiment comprendre comment ce pneu se comportera. Donc, si vous parlez réellement de ce qui se passe sur le pneu intermédiaire, cela peut aider à comprendre un peu plus."

Ces connaissances, ainsi que les informations tirées de l'observation des temps en direct et des pneus de Valtteri Bottas quand ce dernier s'est arrêté au 46e des 58 tours, ont conforté Mercedes et Hamilton dans l'idée d'aller au bout avec ces pneus, à la fois en termes de performance et de sécurité.

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Au 30e tour, la vague des seconds arrêts chez les leaders a été lancée par Charles Leclerc. Le Monégasque, qui avait déjà lancé la première salve de changements de gommes en abandonnant les pneus pluie dès le sixième tour, a monté un second train d'intermédiaires. C'est le moment charnière. S'il se montre d'abord performant, au point de reprendre plus de trois secondes à Hamilton au 32e passage, cet avantage énorme n'a pas pu se maintenir sur la durée, le Britannique ayant pu répondre à cette hausse du rythme avant de tirer avantage de la transformation de son pneu.

"Lorsque la piste sèche et que vous roulez avec un pneu intermédiaire, la gomme qui se trouve à la surface commence à se détacher. Cela commence par les rainures qui sont là pour évacuer l'eau, mais il est clair que dans ce cas, c'est juste une piste qui est humide, il n'y avait plus assez d'eau, vous n'avez plus besoin de l'évacuer. Vous le réduisez à un slick et ce slick est en fait comme un pneu tendre à très basse température [de fonctionnement], si vous voulez, c'est un composé de gomme tendre et adhérente qui fonctionne tout simplement. Ce n'est donc pas une mauvaise chose d'user les intermédiaires."

"Quand vous vous arrêtez et montez des intermédiaires neufs, ils sortent des couvertures chauffantes et vont bien fonctionner pendant quelques tours. Mais la manière dont ils vont se comporter pendant le reste du relais est vraiment dépendante de la façon dont ils vont s'user dans ces conditions et cela peut parfois être délicat, comme vous l'avez vu avec certains de nos concurrents mais pas tous."

"Pour nous, il était clair que les user jusqu'à ce qu'ils soient slicks était la clé. Nous n'avions pas de prévisions de pluie sur le radar et, en fait, ce pneu devait très bien fonctionner, et ça a été le cas. Il a tenu. En termes de fiabilité [...], évidemment sur le mouillé l'énergie [que le pneu encaisse] est bien, bien moindre. Clairement, la Turquie est un circuit difficile, mais la vitesse dans ces conditions humides génère des charges qui sont loin de celles [qui seraient générées] en pneus slicks."

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"Nous étions sûrs de pouvoir continuer, mais si nous avions commencé à voir des problèmes ou des anomalies, ou s'il y avait eu une grosse baisse de performance du pneu, nous aurions réagi immédiatement et nous aurions fait rentrer Lewis. La plus grande inquiétude que nous avons eue était en fait la forte pluie ou la pluie certainement prévue sur les derniers tours de la course. Nous pouvions alors, si vous imaginez que nous ne sommes plus que sur slicks maintenant, avoir de vrais problèmes si la pluie se mettait à tomber."

Mercedes souhaitait, face à cette éventualité et au vu de l'avance dont disposait Hamilton à ce moment de la course sur Sergio Pérez, que le Britannique passe par les stands. Un arrêt qu'il a refusé, remémorant juste après la course son célèbre abandon du Grand Prix de Chine 2007, qui a participé à sa défaite finale dans la lutte pour le titre cette année-là. Et c'était déjà une histoire de pneus intermédiaires.

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