Analyse

Comment le Halo va changer la F1 en 2018

Les écuries de Formule 1 ont reçu les premiers exemplaires définitifs du Halo ces dernières semaines, obtenant la première véritable opportunité d’évaluer son impact sur les monoplaces 2018.

Stoffel Vandoorne, McLaren, avec le Halo

Stoffel Vandoorne, McLaren, avec le Halo

Steven Tee / Motorsport Images

Ecran de télé lors de la conférence de presse sur le Halo
George Russell, Mercedes F1 W08 avec le Halo
George Russell, Mercedes-Benz F1 W08 avec le Halo
Lewis Hamilton, Mercedes-Benz F1 W08 avec le Halo
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32, avec le Halo
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, avec le Halo
Carlos Sainz Jr., Scuderia Toro Rosso STR12 avec le Halo
McLaren MCL32 avec le Halo
Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB13 avec le Halo
Le Halo sur la Ferrari SF70H
Stoffel Vandoorne, McLaren, avec le Halo
Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB13, entre dans son cockpit avec le Halo
La Sauber C36 avec le halo
Alfonso Celis Jr., Sahara Force India VJM10, avec le Halo
Felipe Massa, Williams FW38 Mercedes, avec le Halo
La Haas VF-17 avec le Halo
Marcus Ericsson, Sauber C36 avec le Halo
Pierre Gasly, Scuderia Toro Rosso STR12 avec le Halo

Tous les Halo utilisés en piste jusqu’à présent étaient factices, ne représentant que sa forme. Les essais ont donné aux équipes des indications sur l'impact aérodynamique, et à Abu Dhabi, on a même vu des modifications apportées afin de rediriger le flux d'air dans les limites du règlement. Les pilotes et la FIA ont également eu l'opportunité d'évaluer l'effet sur la visibilité et sur l'accès au cockpit.

Trois manufacturiers britannique, allemand et italien ont été autorisés par la FIA à produire les Halo. Les écuries choisissent leur fournisseur et le nombre de pièces souhaité – avec un prix de base s'établissant autour de 15'000€ l'unité.

Ce que les équipes ne pouvaient qu'estimer jusqu'à présent était l'impact structurel sur leurs voitures. Chacune a dû concevoir et construire son châssis 2018 en lui faisant respecter les tests de charge très stricts de la FIA au niveau du Halo, qui reproduisent l'impact d'une roue. Les écuries ont non seulement dû monter le Halo mais également renforcer la structure autour du cockpit.

"Il y a deux tests", explique Andy Green, directeur technique de Force India. "Ils sont incroyablement durs à passer, et si on ne les réussit pas, on n'a pas le droit de courir. En gros, ils essaient de pousser le Halo avec un gros bélier hydraulique. Il est censé se déformer et lâcher, et le châssis doit rester complètement intact, sans le moindre point de défaillance. Il faut briser le Halo pour prouver que le châssis est la partie la plus solide."

"Nos efforts se focalisent là-dessus depuis un moment. Son introduction a été très tardive, cela a pris tout le monde par surprise. Il faut essayer de concevoir un châssis qui ne défaillit pas quand autre chose faillit autour de lui. C'est incroyablement difficile de prédire comment le Halo interagit avec le châssis."

"Nous avons une grande équipe qui travaille là-dessus. Ce qui est frustrant, c'est juste le temps que nous avons eu pour le faire. Si nous l'avions su au mois de mars, nous aurions été dans une position bien plus confortable."

Force India a passé les tests de la FIA ce lundi, et serait l'une des premières équipes à l'avoir fait.

Plus de poids

En plus des crash tests, il y a une incidence directe sur la performance qui pourrait jouer un rôle la saison prochaine. Et cela ne vient pas de l'aérodynamique, mais du poids.

Pour 2017, le poids limite est passé de 702 à 728 kg pour prendre en compte les voitures plus larges ainsi que les roues plus volumineuses. Pour 2018, la FIA a ajouté six kilos supplémentaires, portant la limite à 734 kg, pour laisser de la marge dans l'ajout du Halo.

Cependant, ce n'est pas suffisant pour le Halo, ses montants et le renforcement du châssis qu'il requiert. "Je pense que le poids total de l'installation est autour de 14 ou 15 kilos", ajoute Green. "Le Halo représente environ neuf kilos, et il y a six kilos de montants, avec tous les supports. La structure impliquée pour monter le Halo est phénoménale, avec beaucoup de carbone et de pièces mécaniques."

Dans ce contexte, il sera difficile de placer du lest pour ajuster la répartition des masses sur les voitures, qui devraient dépasser le poids minimal.

"Je ne vois pas notre voiture avoir du lest l'an prochain", déclare Green. "Cela a un impact sur la performance par rapport aux équipes qui peuvent mettre du lest sur leurs voitures, qui peuvent dépenser l'argent nécessaire et alléger la voiture."

Certaines équipes pourraient avoir trouvé le moyen de monter le Halo avec moins de poids ajouté au châssis que Force India, et sont probablement celles qui pourront se permettre d'économiser du poids ailleurs sur la voiture.

"Nous devons économiser autant de poids que possible", déclare Éric Boullier, directeur de McLaren. "Nous n'arrêtons pas de mettre des choses sur la voiture. Elle pèse le poids d'un âne mort."

"Nous restons dans une position luxueuse, nous avons du lest. L'équipe fait du bon travail dans l'économie de poids. Il faut juste travailler dur pour alléger la voiture. Beaucoup d'équipes sont en difficulté, mais elles le sont déjà [avec les voitures 2017], donc ce sera pire pour elles."

Ce changement va également soulever le problème du poids des pilotes, qui se présente régulièrement depuis quelques années alors que les silhouettes des athlètes s'affinent, surtout celles des plus grands, qui essaient tant bien que mal de réduire leur masse corporelle.

"Avec des pilotes plus lourds, ça va être plus dur pour les équipes", estime Green. "C'est une décision qu'elles prennent quand elles emploient leurs pilotes. Ou bien les équipes dépensent l'argent nécessaire à l'allègement de la voiture, elles ont le choix."

L'impact commercial

L'arrivée du Halo pourrait influencer d'autres domaines pour les équipes au-delà du côté technique, car cela altère potentiellement des opportunités de sponsoring.

"On n'a pas le droit de le peindre à l'intérieur, parce qu'ils ne veulent pas que les pilotes soient distraits par une couleur particulière", révèle Zak Brown, directeur exécutif de McLaren. "Mais l'extérieur du Halo, on peut le marketer."

"Cela créera de l'exposition supplémentaire, mais restreindra probablement une partie de la visibilité autour du pilote. La visière est une zone très précieuse ; cela risque de devenir le Halo [à la place]. Tout dépend de la façon dont ils vont fixer les angles de caméra et les caméras embarquées, il faut savoir si nous allons pouvoir récupérer une partie du handicap visuel auquel nous nous attendons."

Brown écarte par ailleurs les suggestions selon lesquelles le mécontentement des fans envers le Halo dissuadera les commanditaires d'y apposer leur logo.

"Il est tôt, mais il sera relativement visible, et les sponsors veulent de la visibilité. Je n'imagine personne dire 'Je ne veux pas être sur le Halo parce que je n'aime pas le Halo'. Si c'est une zone qui génère de l'exposition commerciale, alors ils seront satisfaits", conclut l'Américain.

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