Comment Lawrence Stroll va faire gagner Aston Martin
Lawrence Stroll est un homme qui aime obtenir ce qu'il veut. Et, en ce moment, ce qu'il veut par-dessus tout, c'est faire de son équipe de Formule 1, Aston Martin, des gagnants et des Champions du monde.
Bien que ces ambitions ne soient pas très différentes de celles d'innombrables autres propriétaires d'équipes avant lui au début de leur carrière dans ce sport, peu d'entre eux ont augmenté leurs ressources et sont passés à l'attaque comme le fait Lawrence Stroll en ce moment.
En effet, son équipe, qui a froissé quelques personnes l'année dernière avec son concept de "Mercedes rose", a augmenté les enchères en lançant une grande campagne de recrutement pour débaucher le personnel de ses rivaux, et elle n'a pas eu peur de dénoncer ce qu'elle considérait comme des changements de règles injustes qui ont nui aux voitures à faible inclinaison pour cette saison.
Au centre de tout cela se trouve le très motivé Stroll, dont le succès dans le monde des affaires lui a montré que rester assis et être un gentil garçon n'apporte rien sur la grille de la F1. "Si vous êtes un 'empêcheur de tourner en rond', par manque d'un meilleure expression, je ne pense pas que vous allez réussir dans ce sport ou dans n'importe quelle autre discipline", a-t-il déclaré il y a quelques jours dans une rare conversation avec les médias.
"Je ne sais pas si j'ai été un perturbateur. J'ai défendu ce que je croyais être correct. Je n'ai pas fait d'investissement important dans cette entreprise pour ne pas viser le titre de champion. Donc nous allons faire tout ce qu'il faut, dans le respect des règles, évidemment. Et étant un gentleman, je ne pense pas que nous ayons fait quoi que ce soit qu'une autre équipe, qui essaie de construire une structure fantastique, n’aurait pas fait. Je m'exprime quand j’estime que quelque chose ne va pas."
L'expérience de Stroll dans le monde de l'entreprise, qui a notamment contribué à faire des marques Tommy Hilfiger et Michael Kors des géants mondiaux, ont donné au monde de la F1 des indices sur le type de conviction du Canadien pour réussir les choses.
Pourtant, c'est le changement de nom de Racing Point en Aston Martin, cette année, qui a permis d'intensifier les efforts pour que tout soit en place pour atteindre les objectifs élevés de Stroll. Il est réaliste et sait que le succès ne viendra pas rapidement (il a un objectif de cinq ans pour le titre), et qu'il faudra se donner les moyens financiers pour réussir.
Le changement de nom de Racing Point en Aston Martin a permis d'intensifier les efforts pour que tout soit en place pour atteindre les objectifs élevés de Stroll
Mais si vous voulez une preuve que chaque décision prise est basée sur la mesure du succès, vous n'avez qu'à regarder la situation de la soufflerie de l'équipe. En janvier dernier, le directeur technique d'Aston Martin, Andy Green, était convaincu que l'accord de partage de la soufflerie de Mercedes serait suffisant pour répondre à ses besoins à long terme.
Cependant, en cherchant à savoir où des gains pourraient être réalisés, l'équipe a rapidement compris qu'il serait préférable d'avoir sa propre installation sur mesure. Et, plutôt que de s'opposer au coût énorme de la construction d'une installation à partir de zéro (d'autant plus qu'elle dépense déjà beaucoup pour une nouvelle usine ultramoderne), Stroll a approuvé les plans.
"Andy a changé d'avis", sourit Stroll à propos de la situation de la soufflerie. "Il est revenu vers moi et m'a dit : 'Écoutez, j'ai réalisé qu'il y a un meilleur potentiel sur les temps et la disponibilité que nous avons actuellement en utilisant Mercedes, pour avoir le luxe, si je peux utiliser ce mot, d'avoir le nôtre'. Il a dit : 'Si vous voulez vraiment être Champion du monde, c'est un outil dont nous allons avoir besoin". Il a donc changé d'avis. Ça m'a coûté un peu d'argent, ce changement de ton, aussi ! J'étais content de son premier concept !"
En plus des installations de pointe, Aston Martin poursuit sa campagne de recrutement. Après avoir fonctionné avec environ 400 personnes à l'époque de Racing Point, l'équipe a ajouté environ 100 employés depuis lors. Et, après avoir déjà attiré certains cadres de Red Bull (y compris son chef de l'aéro, Dan Fallows, qui deviendra son nouveau directeur technique), Stroll affirme que d'autres grands noms sont en route.
"Nous recrutons en permanence de nouveaux talents, et le résultat sera une grande force technique et d'ingénierie dans l'entreprise, et une profondeur égale, sinon supérieure, à celle de toute autre équipe de Formule 1", explique-t-il. "Nous annonçons presque toutes les semaines le recrutement de nouveaux talents techniques et d'ingénierie. D'ailleurs, cette semaine, nous annoncerons qu'un autre membre majeur d'une autre équipe nous rejoint..."
Les investissements dans l'usine, les installations et le personnel sont énormes, et Stroll reconnaît que le succès en F1 n'est pas donné. S'il veut réaliser ses ambitions, il doit donc sortir le chéquier. "Il faut être un individu très riche ou une très grande entreprise pour pouvoir se permettre d'être en Formule 1", dit-il. "C'est un sport qui nécessite beaucoup de capitaux. Par exemple, construire une nouvelle usine, construire une nouvelle soufflerie, cela dépasse largement un coût de 150 millions d’euros. Il y a des investissements importants."
Mais il est clair que Stroll n'apporte pas que son porte-monnaie, car les finances ne sont que l'une des quatre pierres angulaires qui, selon lui, détermineront si Aston Martin restera une équipe de milieu de tableau ou connaîtra le succès. Le Canadien estime que pour qu'une équipe de F1 devienne championne, elle a besoin de trois autres choses que l'argent : les meilleurs outils, les meilleures personnes et les meilleurs processus, en termes de gestion.
"J'ai côtoyé ce sport d'une manière ou d'une autre au cours des 32 dernières années, je ne suis donc pas vraiment un nouveau venu. Comme dans mes entreprises précédentes, je veux apporter cette culture de la victoire à cette entreprise..."
"Nous avons coché les quatre cases de notre plan d'action et nous avons une vision très claire", déclare-t-il. "J'ai côtoyé ce sport d'une manière ou d'une autre au cours des 32 dernières années, je ne suis donc pas vraiment un nouveau venu. Comme dans mes entreprises précédentes, je veux apporter cette culture de la victoire à cette compagnie..."
Pour l'instant, il est clair que Stroll est un homme en mission.
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