Comment Mercedes a piégé Vettel et Ferrari en Q3
La dernière partie de la séance de qualifications du GP d'Azerbaïdjan a été le théâtre d'un jeu de dupes mené par Mercedes et qui a piégé Sebastian Vettel.
Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images
Tout commence en Q2, quand Charles Leclerc s'accidente dans le virage 8. Sebastian Vettel se retrouve seul pilote de la Scuderia à passer en Q3, rendant toute coordination entre équipiers impossible.
Au moment de retourner en piste pour une ultime tentative en Q3, l'Allemand et son équipe sont en discussion à la radio sur la stratégie à adopter vis-à-vis du moment de la sortie des stands :
DANS LE STAND | |
Ingénieur | Est-ce que tu veux y aller seul tout de suite ou tu préfères attendre ? |
Vettel | Non. |
Ingénieur | OK. |
Vettel | Je préfère attendre. On a besoin de l'aspiration. |
Dans ces conditions, le stand Mercedes étant plus loin de la sortie de la pitlane que le garage Ferrari, la Scuderia attend juste que les Flèches d'Argent sortent, ce qu'elles font assez tôt puisqu'elles se retrouvent à l'avant du groupe avec Norris, Giovinazzi, Vettel et Räikkönen derrière elles. Mais l'écurie quintuple Championne du monde en titre a déjà en tête ce qui va se passer par la suite :
DANS LE STAND | |
L'ingénieur à Bottas |
Valtteri, nous allons faire une feinte, donc... On va faire une feinte de départ, si je te le dis [quand tu es] dans la voie des stands. Et souviens toi qu'il s'agira juste d'un arrêt. Ah, désolé, je ne le dis pas à la radio. |
Bottas à l'ingénieur |
Compris. |
DANS LA VOIE DES STANDS | |
L'ingénieur à Bottas |
Ah, nous partons sur ce plan. Nous allons faire le départ. Ne t'arrête pas longtemps. Le plus à gauche possible. |
L'ingénieur à Hamilton |
Suis Valtteri et sois prêt à t'arrêter. Position de départ normale, départ normal. [...] |
Les W10 s'immobilisent l'une derrière l'autre au niveau de la zone où les simulations de départ sont autorisées. Surpris, Vettel est obligé de les dépasser, tout comme Norris, Giovinazzi et Räikkönen. Le pilote McLaren s'en étonne d'ailleurs à la radio : "Les Mercedes font des essais de départs..."
Devant le pilote Ferrari, il reste deux donc deux monoplaces : Giovinazzi et Norris. Or, les deux hommes vont ralentir et l'Allemand va passer après le virage 3. Alors qu'il était avant-dernier dans la file, Vettel se retrouve donc seul en tête de ce groupe et sans aspiration. Il est alors face à un dilemme entre une préparation pneumatique optimale et le fait de bénéficier du sillage d'autres monoplaces :
DANS LE TOUR DE SORTIE DES STANDS | |
Ingénieur | Tu as 20 secondes de marge [par rapport au temps restant dans la séance]... Toujours 20 secondes. |
Vettel | Je préfère y aller seul. |
APRES LA LIGNE D’ARRIVÉE | |
Ingénieur | P2. Et P3 maintenant. C'était un méga premier secteur et ensuite on a perdu en fin de tour. |
Vettel | Oui, tout dans le secteur 3, les gars... |
DANS LE TOUR DE DÉCÉLÉRATION | |
Vettel | Il fallait que je prenne une décision, j'étais trop juste sur les températures de pneus. J'ai donné la priorité aux pneus. |
Ingénieur | Je pense que c'était une bonne décision, on pourra vérifier plus tard mais... le premier secteur était très bon, au moins nous sommes les plus rapides |
Les Mercedes ont battu la Ferrari de 0"302 et de 0"243 respectivement, en bénéficiant d'une aspiration idéale dans la longue ligne droite finale. En dépit des propos tenus à la radio, Vettel a lui même déclaré après la séance qu'il regrettait quelque peu de "ne peut-être pas avoir pris le pari".
Lors de la conférence de presse qui a suivi, la tactique de Mercedes a été l'objet d'un échange savoureux entre Vettel, Hamilton et Bottas :
Vettel | Bravo à ces deux-là, je pense. Ils ont gardé le rythme. Surtout en faisant, vous savez, des essais de départ en Q3. C'est quelque chose qui casse le rythme d'ordinaire... (sourire) |
Hamilton | On t'a juste piégé, en gros. |
Vettel | Mais vous avez fait un départ ou vous vous êtes juste arrêtés ? |
Bottas | En quelque sorte. |
Hamilton | Qu'est-ce que tu veux savoir ? |
Bottas | C'était de la calibration d'embrayage. |
Vettel | (rires) |
Hamilton | Ouais, définitivement de la calibration d'embrayage... |
Mais le manque d'aspiration n'est pas la seule raison pour laquelle l'écurie allemande s'est offert une première ligne complète. Comme l'a expliqué Toto Wolff, directeur exécutif, après la séance, les températures plus basses d'une séance qui aurait dû s'achever à 18h00 (heure locale) mais qui a finalement été prolongée jusqu'à 19h00 (après les drapeaux rouges pour les accidents de Robert Kubica et Leclerc) ont joué en faveur de la W10.
"Les voitures devant vous, elles fendent l'air, c'est vraiment notable ici, et avantageux", a déclaré Wolff après la séance. "C'était un double coup dur [pour Ferrari]. [Vettel] était seul en piste, sans aspiration, et la température ambiante a penché en notre faveur. Plus il faisait froid, plus notre voiture s'améliorait."
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