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Comment sauver des vies sur la route grâce à la sécurité en F1

FIA Road Safety

FIA Road Safety

Daniel James Smith

L'après-coup de l'accident de la #50 Aston Martin Test Centre Aston Martin GT12 : Chris Harris, Shinichi Katsura, Kazunori Yamauchi, Andreas Gülden
Photo de groupe des pilotes des 24 Heures du Mans 2013 avec Jean Todt, Michelle Yeoh, François Fillon et Jim France
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Jean Todt, Président de la FIA
La Toro Rosso STR10 de Max Verstappen, Scuderia Toro Rosso est enlevée par grue après son accident
Jean Todt, Président de la FIA
Jenson Button, McLaren Honda
Jean Todt, Président de la FIA avec les pilotes de F4 et de F3 Europe
Accident pour Simon Pagenaud, Team Penske Chevrolet
Le Président de la FIA Jean Todt, le Président de la République Française François Hollande et le Président de l'ACO Pierre Fillon avec les pilotes
Sebastian Vettel, Ferrari SF15-T
Emerson Fittipaldi
Felipe Massa, Williams FW37 après son accident
Carlos Slim, Président d'America Movil
Fernando Alonso, McLaren MP4-30
La Williams FW35 accidentée de Pastor Maldonado, Williams
Carlos Slim Domit, Businessman
Kimi Raikkonen, Scuderia Ferrari

Quel est le rapport entre piloter à fond sur un circuit de Formule 1 et sauver des vies sur les routes de notre planète? Cela vous étonnera peut-être, mais il y en a un.

Pas moins de 1,3 million de personnes perdent la vie dans des accidents de la route chaque année. Pensez-y. Pensez à tout ce que vous entendez aux infos quand il y a un accident d'avion, où 130 personnes vont malheureusement décéder. Mais ensuite, multipliez cela par 10'000... Chaque année.

C'est un problème auquel s'attaque la FIA, qui est l'instance dirigeante du sport automobile mais qui est également responsable de tout ce qui concerne l'automobile à travers son réseau international de clubs.

Au mois d'avril, le président de la FIA Jean Todt a été nommé envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière par Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU. Cela montre tout le travail effectué par Todt avec ses membres sur les campagnes de sensibilisation à la sécurité routière, et il redouble d'efforts cette semaine avec un grand événement à Mexico en association avec un autre militant célèbre pour la sécurité routière : Carlos Slim.

"Nous améliorons la sécurité dans les sports mécaniques depuis des décennies, et nous pouvons beaucoup en appliquer aux modèles de série," affirme Todt. "Notre organisation a une forte responsabilité en travaillant pour la sécurité routière à travers le monde."

"Les accidents de la route sont une des pires pandémies dans notre société, comme la malaria, la tuberculose, le Sida ou Ebola. Toutes celles-ci ont été correctement traitées, même si nous n'avons pas des solutions totales."

"En termes de réduction des accidents de la route, il s'agit de l'éducation, il s'agit de faire respecter la loi, il s'agit des infrastructures de la route, de façon à ce que nous sachions quoi faire. C'est à nous de décider quoi faire. Nous devons prendre les devants plus que nous ne le faisons actuellement."

Les campagnes impliquent déjà des leaders-phares de la Formule 1 qui soutiennent les initiatives de la FIA visant à sensibiliser à la sécurité routière.

"Bien sûr, les jeunes voient ces pilotes de course comme des héros," poursuit Todt. "Donc s'ils disent 'Ne buvez pas d'alcool si vous prenez le volant' ou 'Attachez votre ceinture' ou 'N'envoyez pas de sms quand vous êtes au volant' ou 'Respectez les limites de vitesse', c'est très utile."

"Nous avons un programme préventif d'ampleur mondiale, avec des ambassadeurs internationaux comme des pilotes de course, des joueurs de football et de tennis comme Rafael Nadal."

S'inspirer de l'Histoire de la Formule 1

L'un des nombreux militants de Todt est Emerson Fittipaldi, double Champion du Monde de Formule 1 et double vainqueur des 500 Miles d'Indianapolis. Il voit beaucoup de comparaisons avec ses années en F1, qui furent parmi les plus meurtrières dans l'Histoire de la discipline.

"Nous pouvons utiliser l'exemple de la course à la fin des années 1960 et dans les années 1970," commente Fittipaldi. "C'étaient les pires années, à mon avis. Nous n'avions pas encore amélioré les voitures, ni les circuits, ni les équipes de commissaires, ni l'équipement des pilotes. En parallèle de la course, nous pouvons faire beaucoup pour une campagne de sécurité routière."

"Quand on pense à la façon dont nous avons amélioré les choses à l'époque, en élevant les normes de sécurité sur les circuits, et à la mesure dans laquelle cela peut aider la FIA avec la sécurité routière pour les voitures familiales, par exemple avec le type de rails que l'on a sur les autoroutes. Ce que la FIA fait à l'échelle mondiale portera ses fruits et sera très utile."

Réfléchir à l'échelle mondiale, agir à l'échelle locale

L'un des principaux problèmes que la FIA doit résoudre est les différents besoins des différents pays. Avec plus de 200 États reconnus par les Nations Unies, cela fait beaucoup de routes à couvrir...

"Nous travaillons avec tous les clubs et tous les pays," déclare Todt. "Bien sûr, les problèmes en France et au Royaume-Uni, des pays qui sont bien structurés, sont complètement différents de ceux d'Inde, de Birmanie ou du Vietnam."

"Au Royaume-Uni, qui est un pays développé, le nombre d'accidents mortels a été divisé par trois. C'est comme les temps sur circuit. Si le temps que vous voulez est 1:20 et que vous avez 1:25, vous avez beaucoup à trouver, mais c'est plus facile. Si c'est 1:20.2, les deux derniers dixièmes de seconde sont très difficiles à trouver : c'est la situation actuelle au Royaume-Uni."

"En France, il y avait 18'000 morts chaque année et maintenant, ce n'est que 3'000. Je dis "que", mais ce sont quand même 3'000 vies, donc il reste du travail à faire."

"Mais dans les pays en voie de développement, ce n'est pas la même histoire : les chiffres sont bien plus élevés, il n'y a pas d'éducation, on ne fait pas respecter la loi parce qu'il y a de la corruption et il n'y a pas d'infrastructures. Ici, nous devons aider."

Faire la différence au Mexique

L'un des plus grands hommes d'affaires au monde, Carlos Slim, est un autre personnage influent qui a adopté un rôle-clé dans la campagne.

Sa définition du sport automobile est la suivante : "Un laboratoire d'innovations fantastiques qui bénéficient à tous sur la route, surtout les innovations technologiques de la sécurité routière et de l'environnement."

Le programme de Slim au Mexique, "Drivers for Road Safety" [Les Pilotes pour la Sécurité Routière] est désormais représenté par plus de 60 pilotes de course, suivi par plus de 80'000 étudiants et visite tout le Mexique en distribuant des dépliants qui comprennent des instructions très importantes de sécurité routière.

"Nous avons également travaillé de façon intense avec des organisations importantes comme la Croix Rouge Mexicaine ou l'Association des Institutions d'Assurance Mexicaines, qui nous ont aidés à mieux comprendre les données statistiques des accidents, et bien d'autres organisations. Mais le plus dommage, c'est que plus de 90% auraient pu être évités avec des programmes de prévention des accidents."

"Par conséquent, la FIA a établi ses règles d'or : les règles dont le but est d'empêcher les accidents, des règles que nous partagerons tous dans les différentes structures qui composent l'organisation à l'échelle mondiale."

Fittipaldi en campagne au Brésil

Emerson Fittipaldi, qui va s'exprimer à l'événement qui aura lieu à Mexico vendredi, connait bien ces problèmes qui sont particulièrement présents au Brésil également.

"Au Brésil, il y a 40-45'000 morts par an, et près de 500'000 grièvement blessés, probablement plus," souligne Fittipaldi. "Nous avons besoin de plus d'infrastructures et je pense que nous devons suivre l'un des meilleurs systèmes du monde, qui est en Grande-Bretagne. Là, on voit le respect envers les autres conducteurs, et on voit de la discipline au volant."

"Au Brésil, je dirais que beaucoup de voitures sont petites, les moins chères que l'on puisse acheter. Elles n'ont pas d'airbag, elles ne passeraient jamais un crash-test, et les constructeurs continuent à les vendre. Et nous commençons à changer cela."

"Nous essayons d'imposer les mêmes normes en Amérique latine qu'en Europe, mais il faut quatre ou cinq ans pour améliorer les voitures et pour aller dans la bonne direction. L'industrie automobile, ils ne nous aiment pas, c'est un problème qui leur coûte de l'argent. C'est juste comme la course, nous nous battons exactement comme nous l'avons fait dans les années 60 et 70 pour rendre les choses plus sûres. Cela prendra du temps et coûtera de l'argent, mais nous le faisons."

"Je veux voir le Brésil et le reste de l'Amérique latine faire la même chose que MIRA [Motor Industry Research Association] en Grande-Bretagne. Pour que nous ayons un organisme indépendant qui contrôle les voitures pour les rendre plus sûres, sans la moindre influence des constructeurs."

Il est temps d'agir

Suite à l'événement à Mexico, une nouvelle initiative de sécurité routière va être déployée par le secrétaire général des Nations Unies à New York ce mois-ci, dans laquelle Carlos Slim et d'autres personnages influents sont impliqués.

"La FIA est une organisation très mondiale," rappelle Todt. "D'un côté il y a les sports mécaniques, dont nous sommes les régulateurs, et de l'autre, il y a les voitures de route. Nous sommes une organisation relativement unique. Nous avions besoin de renforcer et de construire plus de synergie entre les deux côtés."

"Tous ceux avec qui j'en ai discuté nous soutiennent ardemment, les ambassadeurs comme les experts. L'éducation est une affaire de temps. La sécurité routière touche chacun dans le monde."

"C'est un gros problème," reconnaît Fittipaldi, "et il y a besoin d'améliorations. Dans quinze ans, en 2030, le nombre de voitures sur terre sera doublé. Rien qu'en Chine, 27 millions de voitures sont construites chaque année! Les nombres sont effrayants pour l'avenir. Je pense que le sport automobile peut beaucoup aider la sécurité routière pour l'avenir, parce que nous avons toute cette expérience."

Ainsi, à la télévision, il va y avoir une campagne publicitaire percutante au sujet de la sécurité routière et des enfants à travers le monde ; ce spot a été produit par la FIA avec le réalisateur Luc Besson. Cela donne à réfléchir quant à la prochaine étape de ce long voyage.

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