Le confinement inédit de la F1 pour rouler à Abu Dhabi

La Formule 1 s'apprête à vivre dans une "biosphère" inédite et cadenassée cette semaine à Abu Dhabi, où les règles pour lutter contre la pandémie de COVID-19 seront les plus restrictives rencontrées cette saison. Ces restrictions sont tellement importantes qu'elles sont devenues un réel problème pour Lewis Hamilton, actuellement à l'isolement, si jamais celui-ci souhaitait faire son retour à la compétition et qu'il présentait un test négatif au COVID-19.

Ce lundi, c'est tout le F1 circus – à l'exception d'une poignée de pilotes et de VIP voyageant dans des jets privés – qui s'envole pour Abu Dhabi depuis Bahreïn, à bord de dix avions charters. Les mesures de restrictions mises en place par les autorités d'Abu Dhabi face au COVID-19 sont telles que l'accès par la route depuis Dubaï est interdit. Des exceptions très spécifiques ont été accordées pour que le Grand Prix puisse avoir lieu, après plusieurs mois de discussions. 

Comment ça marche ?

La zone autour du circuit et des hôtels adjacents a été bouclée, seul le personnel de la F1 pouvant y entrer ce lundi. Une fois à l'intérieur, personne n'a l'autorisation de quitter ce qui est appelé une "biosphère", et ce jusqu'à la fin des essais prévus mardi 15 décembre après le Grand Prix. Les seules exceptions concernent les véhicules et le personnel munis d'un laissez-passer délivré par les autorités.

Les préparatifs de ce processus ont débuté à Bahreïn, où tous les arrivants devaient subir un test COVID-19 obligatoire à leur arrivée à l'aéroport. Ils ont ensuite dû s'isoler dans des hôtels, jusqu'à recevoir une confirmation de test négatif via l'application mobile du gouvernement. En plus du test réalisé à leur arrivée, toutes les personnes du paddock ont été testées plusieurs fois à intervalles réguliers. 

Les personnes se rendant à Abu Dhabi devaient avoir passé au moins une semaine à Bahreïn en respectant ce procédé. Ainsi, toute personne n'ayant pas assisté au Grand Prix de Bahreïn devait avoir rejoint le circuit de Sakhir pour la deuxième épreuve afin de garantir sa présence à Abu Dhabi. C'est par exemple ce qu'a fait le directeur de Ferrari, Mattia Binotto. La seule alternative possible est une quarantaine obligatoire de 48 heures pour toute personne arrivant directement d'Europe.

Quelle organisation logistique ?

La F1 a travaillé avec Etihad, sponsor titre du Grand Prix d'Abu Dhabi, afin d'organiser dix vols charters (neuf Airbus A320 ou A321 et un Boeing 787). Tous les vols décollent ce lundi de Bahreïn, à une heure d'intervalle, pour transporter un total de 1248 personnes. Les règles de distanciation physique impliquent que des sièges ne soient pas occupés, tandis que les différentes bulles et sous-groupes au sein des écuries ont été scrupuleusement respectés pour la répartition dans les avions.

Il s'agit d'une première historique puisque jamais la totalité du paddock n'avait ainsi voyagé ensemble. Cela concerne aussi bien les pilotes, les équipes, la FIA, la F1 et les médias. Des jets privés ont été autorisés à voyager ce lundi pour quelques exceptions, mais les règles appliquées sont les mêmes avec la nécessité de présenter une preuve de test négatif effectué à Bahreïn afin d'être autorisé à rejoindre Abu Dhabi.

Une zone de l'aéroport de Bahreïn a spécialement été réservée pour procéder à tous les contrôles des personnes du paddock, et ce lundi, la totalité du Terminal 3 à Abu Dhabi est fermée pour gérer leur arrivée. Malgré le test négatif de Bahreïn, chaque arrivant doit subir un nouveau test au COVID-19 à son arrivée à l'aéroport d'Abu Dhabi.

Qu'est-ce que la "biosphère" ?

Le personnel sera ensuite transféré vers des hôtels proches du circuit. C'est là que chacun entrera dans la "biosphère" sans plus pouvoir la quitter. Ce lundi soir, chacun devra s'isoler dans sa chambre en attendant les résultats du test COVID-19 effectué à l'aéroport. Au total, six hôtels hébergeront la communauté F1, parmi lesquels le plus connu de tous, qui est au milieu du circuit. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, cet hôtel n'est habituellement pas utilisé par les membres du paddock. Il est dévolu aux VIP et aux invités des équipes et de leurs sponsors.

Un septième hôtel a été réservé uniquement pour le personnel des six autres hôtels et pour le personnel du circuit, afin qu'ils ne rentrent pas chez eux. Tous ont dû respecter une quarantaine de 14 jours avant l'arrivée de la F1. Tous ces hôtels sont regroupés dans un complexe qui sera complètement hermétique au monde extérieur. Une seule route peut être empruntée par le personnel entre les hôtels et le paddock, comme l'explique le plan ci-dessus. 

Lewis Hamilton, le cas particulier

Testé positif au COVID-19 la semaine dernière, Lewis Hamilton ignore encore s'il pourra participer au Grand Prix d'Abu Dhabi en fin de semaine. Forfait pour la deuxième course à Sakhir, le septuple Champion du monde doit remplir un certain nombre de conditions s'il veut reprendre le volant de sa Mercedes dans quelques jours, à commencer bien entendu par le fait d'être guéri. À l'heure actuelle, il est à l'isolement à Bahreïn depuis sept jours, sur les dix qu'il doit respecter. Être guéri puis sortir de quarantaine est une chose, car il pourrait ensuite rejoindre Abu Dhabi via un jet privé, mais il lui faudrait toutefois obtenir une dérogation des autorités locales.