1973 - Une confusion totale au Grand Prix du Canada

À notre époque, où tout se sait en temps réel en Formule 1, il est difficile de croire qu'un Grand Prix a tourné à la confusion à cause d'un manque d'informations. Et pourtant !

Peter Revson, McLaren M23 Ford

LAT Images

Les Shadow DN1 Ford de Jackie Oliveret George Follmer dans les stands, couvertes de baches.
Start: Peter Revson, McLaren M23, Ronnie Peterson, Lotus 72D
Peter Revson, McLaren M23 Ford
Peter Revson, McLaren M23
Peter Revson, McLaren
Ronnie Peterson, Lotus 72E Ford, Jody Scheckter, McLaren M23 Ford, Niki Lauda, BRM P160E
Jackie Stewart, Tyrrell 006 Cosworth
Jackie Oliver, Shadow DN1 Ford, Graham Hill, Shadow DN1 Ford, Jean-Pierre Jarier, March 731 Ford, François Cevert, Tyrrell 006 Ford
Ronnie Peterson, Lotus 72E Ford, Niki Lauda, BRM P160E, Jody Scheckter, McLaren M23 Ford
Wilson Fittipaldi, Brabham BT42 Ford, James Hunt, March 731 Ford
Peter Revson, McLaren M23 Ford

Avant l’avènement du chronométrage électronique automatisé, la prise des temps et le tour par tour étaient effectués par une armée de spécialistes, assis sur une tribune érigée devant la ligne de départ/arrivée. Chaque chronométreur devait assurer la prise des temps d’un seul pilote durant les essais, les qualifications et la course. À l’aide d’un chronomètre mécanique manuel, évidemment, d'une précision d'un dixième de seconde.

Les tour par tour – soit la position de toutes les voitures en piste durant les courses – étaient réalisés manuellement par ces officiels et par des membres des écuries. Quand vous ajoutez à cela une pluie diluvienne qui transforme les feuilles de papier en une véritable pâte détrempée, vous comprendrez que des erreurs sont inévitables…

C’est ce qui est survenu lors du Grand Prix du Canada en 1973, organisé sur le redoutable circuit de Mosport près de Toronto, en Ontario. Cette épreuve a sans aucun doute été l’une des courses de F1 les plus controversées de l’histoire.

Une météo exécrable

Le circuit, sorte de montagnes russes naturelles, est situé près de l’énorme Lac Ontario, véritable mer intérieure, qui donne à la région un microclimat assez imprévisible. En cette fin de septembre 1973, les averses et un épais brouillard perturbent les essais et les qualifications. Ce sera encore pire le jour de la course. Les chronométreurs officiels et ceux des écuries ont un mal fou à distinguer les voitures à travers les gerbes d’eau soulevées par les énormes pneus, dans la bruine et le brouillard.

Cette année-là, le Grand Prix du Canada est l’avant-dernière épreuve de la saison. L’Écossais Jackie Stewart vient tout juste de remporter sa troisième (et dernière) couronne mondiale sur le circuit de Monza, et a pris la décision de prendre sa retraite sportive. Ce geste devait permettre à son coéquipier chez Tyrrell, François Cevert, de prendre la place de permier pilote. Malheureusement, Cevert perdra la vie de façon tragique sur le circuit de Watkins Glen lors du dernier Grand Prix de la saison.

Aux commandes d’une Lotus 72E-Ford, Ronnie Peterson décroche la pole position devant Peter Revson dans une McLaren M23-Ford, Jody Scheckter dans une autre McLaren, Carlos Reutemann au volant d’une Brabham BT42-Ford, Emerson Fittipaldi dans l’autre Lotus 72 et François Cevert dans une Tyrrell 006-Ford. Stewart n’est qualifié qu’en neuvième position.

Un véritable déluge s’abat sur le tracé dimanche matin et les organisateurs n’ont d’autre choix que de retarder le départ de la course d’une heure. Il pleut moins au moment où le drapeau vert est abaissé, libérant la meute. Peterson bondit en tête et, après une dizaine de tours, la trajectoire commence à s'assécher avec le passage des 26 bolides. L’ordre de passage ne cesse de changer, car les pilotes s’arrêtent à leurs stands soit pour faire monter des pneus lisses, soit pour faire remettre des pneus pluie ou bien pour des réparations de toutes sortes.

Une première dans l'Histoire de la F1

Au 35e passage, Cevert et Scheckter sont à la lutte dans un virage où les deux voitures s’accrochent et s’immobilisent, bloquant partiellement la piste. Pour la première fois dans l’Histoire de la F1, une voiture de sécurité, une Porsche 914, prend la piste pour regrouper le peloton et permettre aux commissaires de travailler en toute sécurité. Toutefois, la Porsche se place devant la mauvaise monoplace, ce qui permet à tous ceux qui se trouvent devant d’accélérer et de reprendre un tour aux mauvais leaders…

Cette méprise, ajoutée à la succession interminable d’arrêts aux stands, a rempli d'erreurs les tour par tour. Au 45e passage, la course repart sans que personne ne sache avec certitude qui est réellement en tête…

En fait, plusieurs pilotes ont mené cette course folle, dont Peterson, Niki Lauda et Jean-Pierre Beltoise (BRM P160E), Fittipaldi, Stewart et Jackie Oliver (Shadow DN1-Ford). Mais personne n’est vraiment sûr de quoi que ce soit.

Au 80e tour, le starter prépare le drapeau à damier. Colin Chapman, patron de l’écurie Lotus, est quant à lui convaincu qu’Emerson Fittipaldi est en tête et qu'il va gagner la course. Chapman commence à célébrer, mais voit la Lotus franchir la ligne d’arrivée sans que le drapeau à damier ne soit agité ! Le starter attend quelques secondes et le montre finalement devant un groupe serré de quatre voitures. Une confusion monstre règne dans la pitlane. Qui a donc gagné cette course ?

Trois pilotes, Peter Revson, Emerson Fittipaldi et Jackie Oliver, sont absolument convaincus d’avoir décroché la victoire. Les patrons de écuries sont furieux et agitent les feuilles détrempées, pratiquement illisibles, devant les officiels. Ces derniers refont la course, tour par tour, comparant leurs informations à celles de équipes. Tout cela prend un temps fou et les discussions font rage.

Après quatre heures de révision, Peter Revson est finalement déclaré vainqueur devant Fittipaldi et Oliver. Le Français Jean-Pierre Beltoise est classé quatrième devant Jackie Stewart et Howden Ganley aux commandes d’une Iso-Marlboro IR-Ford, ces deux derniers ayant terminé à un tour du vainqueur.

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