Le contrat "copier-coller" qui évite la migraine à Mercedes

Même si la tendance des derniers mois laissait penser que Lewis Hamilton voulait continuer à courir lors de la nouvelle ère technique, le doute subsistait quant à son avenir à long terme. Et s'il remportait son huitième titre mondial cette année et décidait de s'arrêter là ? Ou bien la bataille avec Red Bull allait-elle s'avérer si éprouvante pour lui qu'il pourrait prendre une année sabbatique ?

Les négociations contractuelles pour son contrat actuel d'un an ne s'étant achevées qu'en février, il paraissait probable que les discussions traînent en longueur pendant quelques mois, Hamilton n'étant peut-être pas pressé de les conclure et attendant de voir comment se déroule la saison.

Finalement, c'est tout l'inverse. Les discussions qui ont eu lieu au début de l'année n'ont peut-être résulté qu'en une prolongation d'un an, mais cela a failli être un bail de deux ans. Surtout, elles ont posé les bases d'un nouvel accord, plus long, les deux parties ayant compris ce qui était possible et voulu.

Ainsi, quelques mois seulement après la signature du contrat actuel, Hamilton et le directeur d'équipe Toto Wolff n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour trouver une nouvelle entente lorsque les négociations sérieuses ont commencé.

"Nous avons imprimé le contrat hier soir et nous l'avons signé", a déclaré Wolff samedi matin. "Puis nous avons décidé de l'annoncer aujourd'hui. Mais les aspects les plus importants du contrat étaient très clairs pour nous depuis un moment. C'est un championnat âprement disputé, qui requiert toute la concentration possible. C'est pourquoi l'annonce a été faite si vite."

"Nous avons juste négocié. L'hiver, c'est comme si c'était hier ; tous les points importants, nous en avions déjà discuté, c'était donc un copier-coller, en somme. Nous avons prolongé le contrat de deux ans et décidé des détails sur la manière dont nous voulons poursuivre notre fondation commune. C'est tout."

Lorsque Motorsport.com lui a demandé s'il était surpris que Hamilton souhaite s'engager si tôt, Wolff a répondu : "Il était clair pour nous cet hiver que nous ne voulions pas faire traîner les discussions suivantes pendant si longtemps. Il sait très bien quelle est la situation de l'équipe, ce que nous faisons pour le championnat cette année et quels sont les développements pour l'an prochain."

"Et il était clairement important de s'engager pour les deux prochaines années, la première de la nouvelle réglementation et la deuxième. Pour lui comme pour nous, c'est bien. Il connaît l'écurie comme sa poche, nous savons que son expérience, sa vitesse et sa motivation sont vraiment au top. C'est pourquoi continuer était une évidence."

"Il n'y a pas eu de décision difficile autour de l'argent ou de la durée, c'était plus autour des activités communes que nous voulons déployer et la suite de notre travail sur la fondation : bâtir ça de la bonne manière."

Et lorsqu'il lui a été demandé si ce nouveau contrat était bel et bien un copier-coller de l'actuel, Hamilton a indiqué que les discussions hivernales avaient facilité ces nouvelles négociations. "C'était bien plus simple qu'en décembre et en janvier", a fait savoir le Britannique. "J'avais beaucoup de choses à faire à Noël et au Nouvel An, c'était une période stressante. Et naturellement nous faisions ça sur Zoom, ce qui n'est pas toujours le plus productif quand on tient de telles conversations. Je pense que c'était bien plus facile cette fois. Toto et moi avons passé beaucoup plus de temps ensemble, face à face."

"Le contrat précédent, celui [signé] en janvier, était censé durer deux ans – ça allait potentiellement être un contrat de deux ans. Et j'ai demandé à ce qu'il ne fasse qu'un an, car je savais que nous traversions une pandémie et que le monde changeait énormément. De plus, je n'étais pas certain de vouloir continuer. J'ai commencé l'année, j'ai connu mon meilleur début d'année, je n'ai jamais pris autant de plaisir sur ces montagnes russes. C'était vraiment idéal de pouvoir faire ça avant la trêve estivale, qui est le mois prochain. Maintenant, nous pouvons juste nous concentrer sur le fait d'être la meilleure équipe possible."

Ce commentaire semble suggérer qu'une absence d'accord peut être une distraction inutile tant pour le pilote que pour l'équipe, surtout dans le contexte d'une lutte serrée au championnat. C'est en tout cas ce que pense Toto Wolff. "C'est bien que nous ayons réglé cette question pour les deux prochaines années", a-t-il déclaré. "Il y a tellement de travail à faire et tellement de défis que nous devons relever. D'une certaine manière, nous avons coché une case et c'est parfait. Cela nous offre la possibilité de nous pencher sur d'autres points."

Hamilton a néanmoins minimisé l'impact d'un avenir en Formule 1 non garanti sur sa concentration derrière le volant. "Je ne vois pas cela comme une distraction", a assuré le septuple Champion du monde. "Je me souviens que par le passé, nous ne voulions pas [en discuter] pendant la saison, parce que ce sont des conversations stressantes. Mais tout a été beaucoup, beaucoup plus efficace cette fois-ci, et tout s'est passé très rapidement."

"Toto a été fantastique dans les négociations. Ola [Källenius] et le conseil d'administration [de Daimler] ont été d'un soutien incroyable. Et vous savez, nous n'avons cessé de développer notre relation et notre façon de communiquer, et de nous assurer que nous sommes tous alignés. Je pense que poursuivre avec Mercedes est un grand engagement pour eux et un grand engagement pour moi, sachant la situation à laquelle nous sommes confrontés, et les changements et les améliorations que nous pouvons faire à l'avenir."

Le pilote britannique a reconnu qu'une continuité dans le cockpit était bénéfique pour l'ensemble de l'équipe. "Naturellement, il y a tellement de personnes dans l'équipe", a noté Hamilton. "Et je pense que pour la longévité, la confiance, les réponses, toutes ces choses-là, il est super important que tout soit conclu aussi vite que possible. Et nous avions déjà dit que nous voulions prolonger."

"Je pense que nous avons une relation et un groupe de partenaires incroyables. C'est formidable de voir ce que Mercedes fait, le soutien qu'ils m'ont apporté pendant cette période avec BLM [Black Lives Matter, ndlr], en rendant la voiture noire pour la deuxième année consécutive et en essayant de rendre le monde plus diversifié et inclusif. Les conversations que nous avons eues étaient incroyables. C'est un nouveau voyage et je n'aurais pas pu rêver d'être dans une meilleure position il y a quelques années. J'ai hâte de voir ce que cela peut donner."

Il est certain qu'au cours de ces derniers mois, Lewis Hamilton a évalué toutes les options à sa disposition et est arrivé à la conclusion que la flamme de la F1 brûle avec la même intensité qu'à ses débuts. Et le pilote aura tout le temps de se concentrer pleinement sur ses autres projets et centres d'intérêt dans les années à venir.

"Je pense que nous sommes toujours sur des routes différentes dans nos vies", a expliqué le pilote Mercedes. "Et il est important que nous prenions du recul pour faire ce qui est juste pour notre santé et notre bien-être."

"À la fin de l'année dernière... C'est un long, long, long voyage, et je pense que c'est toujours un bon moment pour essayer de réfléchir et de voir quelle est la prochaine étape. Parfois, je me réveillais en pensant aux courses. Donc je voulais continuer à courir. Et maintenant qu'il y a cette bataille serrée [avec Red Bull], cela m'a rapproché de l'équipe et des ingénieurs. Je dois puiser des forces au plus profond de moi-même, et j'aime ça. Je pense que ça a restauré tout l'amour que j'ai pour la F1."

"Encore une fois, rien qu'en coulisses, en prenant connaissance du travail et avec les conversations que nous avons eues. J'ai été au téléphone et dans des Zoom avec la FIA, avec la F1, j'ai vu l'arrivée de Stefano [Domenicali, PDG de la F1], je sais à quel point il est génial, je sais ce que la F1 peut devenir. Et je veux faire partie de ceux aidant le championnat à évoluer pour devenir aussi grand que possible."

Le nouveau planning de Hamilton est plutôt chargé : il y a la lutte face à Max Verstappen, le nouveau règlement de 2022 à préparer, tout ce qui peut l'occuper hors des circuits avec ses propres initiatives, celles de son équipe et celles de la F1. Mais ce n'est pas pour lui déplaire.

"Continuer à courir est naturellement motivant", a-t-il indiqué. "Depuis l'année dernière, nous sommes entrés dans une phase intéressante. Pour moi, cela ne concerne pas que la course, il y a aussi tout le travail en cours pour faire de la F1 un espace plus diversifié et inclusif."

"J'ai participé au début de ce processus et je veux continuer à le faire avancer. J'aime travailler avec cette équipe, je me sens défié constamment. Et je pense que cette année et plus que jamais, nous sommes mis au défi, ce qui est génial. J'adore courir, je suis né pour ça. Et je me sens toujours en forme, toujours aussi investi. Donc, je ne voyais pas de raison d'arrêter."