Denny Hulme, un champion très discret

Le 4 octobre 1992, Denny Hulme était foudroyé par une crise cardiaque lors des 1000 km de Bathurst. Retour sur la carrière du plus méconnu des Champions du monde de la discipline reine.

Le vainqueur Denny Hulme, Lotus

Le vainqueur Denny Hulme, Lotus

Rainer W. Schlegelmilch

Loin des projecteurs, loin de l'exposition médiatique des superstars de l'époque comme Jim Clark, Graham Hill ou Jacky Stewart, Denny Hulme a traversé la F1 sans faire de vague, avec une carrière dans la catégorie reine longue de près d'une décennie (1965-1974), et surtout marquée par un titre de Champion du monde, en 1967.

Fils d'un héros de la Seconde Guerre Mondiale, Hulme a grandi loin du tumulte des circuits automobiles, au sein de la ferme de tabac familiale à Pongakawa, dans sa Nouvelle-Zélande natale. Ayant appris à conduire seul le tracteur de son père dès l'âge de six ans, il se prit rapidement de passion pour la mécanique, travaillant en parallèle au sein d'un garage voisin à partir de 17 ans. Hulme ne s'alignait au départ de ses premières compétitions qu'à l'âge de 21 ans, en course de côte (au volant d'une MG TF) puis au volant d'une Formule 2.

Son assiduité lui valut d'être soutenu par la fédération néo-zélandaise pour effectuer ses débuts en Europe tout comme son compatriote George Lawton, ce qu'il fit en 1960. Des débuts en revanche éclipsés dans son pays par la star néo-zélandaise du moment, un certain Bruce McLaren. Les exploits de Hulme demeurèrent ainsi anonymes dans son pays, et ils furent également marqués par la mort en course de son camarade Lawton lors d'une course au Danemark.

Une assiduité récompensée

Denny Hulme et Jack Brabham

Denny Hulme et Jack Brabham

Mais Hulme persévérait et eut la chance d'être repéré par Ken Tyrrell, qui lui faisait intégrer son équipe pour courir en Formule Junior ainsi qu'en Formule 2 pour la saison 1962. En Angleterre, il rejoignait ensuite une autre star des antipodes, l'Australien et double Champion du monde de F1 Jack Brabham, pour lequel il allait travailler dans un premier temps comme mécanicien, avant que ce dernier ne lui permette d'intégrer son écurie de Formula Junior en 1963, puis de Formule 2 pour 1964.

Les deux hommes dominaient leur discipline, et Hulme se voyait offrir par son "patron" la possibilité de disputer une première course de F1 – hors championnat – à Aintree en 1964, où il se classait dixième au volant d'une Brabham Repco. En 1965, il fit sa première apparition en Championnat du monde sur une Brabham à Monaco (huitième), avant deux autres sorties plus difficiles et deux abandons à Silverstone et au Nürburgring.

Deux saisons victorieuses avec Brabham

Bougon, taciturne – d'où son surnom, "l'Ours" –, mais infatigable travailleur, Denny Hulme ne se distinguait pas par un style particulièrement flamboyant (en dix saisons, il a décroché... une pole position), mais le robuste Néo-Zélandais "faisait le boulot" en se montrant régulier et solide en piste, ce qui convenait parfaitement à Jack Brabham, qui le titularisait à ses côtés pour la saison 1966. Une première année encourageante pour Hulme, qui signait quatre podiums lors de cette saison qu'il terminait au quatrième rang du championnat, alors que Brabham remportait son troisième et dernier titre mondial. 

Brabham et Hulme repartaient pour une nouvelle campagne en 1967, et Hulme dépassait son maître en remportant son premier Grand Prix à Monaco, un succès malheureusement endeuillé par la mort de Lorenzo Bandini (Ferrari), qui avait percuté le rail en tentant de suivre son rythme en tête de la course. Trois podiums vinrent ensuite à Zandvoort, au Mans et à Silverstone, puis une seconde victoire sur le redoutable Nürburgring, qui le plaçait en bonne position pour le titre mondial devant Brabham, dont la fiabilité des monoplaces compensait le déficit de performances face aux véloces mais encore fragiles Lotus Ford de Jim Clark et Graham Hill.

Après avoir décroché deux troisièmes places à Watkins Glen puis à Mexico, et malgré la fin de saison tonitruante de Jim Clark qui s'imposait par deux fois, Hulme était sacré pour cinq points devant Brabham, et ce à l'issue de sa deuxième saison complète en F1 seulement. 

Les années McLaren

Le titre en poche, Denny Hulme partait toutefois rejoindre l'écurie de son compatriote et ami Bruce McLaren en 1968 – une structure à laquelle il allait rester fidèle jusqu'à son retrait de la F1. Après un début de saison difficile au volant de la M5A BRM, puis de la M7A Ford, il signait deux victoires en fin d'année, à Monza et à Mont Tremblant (Canada), qui lui permettaient de conclure au troisième rang du championnat, remporté par Graham Hill (Lotus) après la mort de Jim Clark en F2 au cours de l'année. Mais c'est surtout en championnat Can-Am – ancêtre de l'IMSA – que Hulme allait faire briller les couleurs de McLaren, remportant le titre dans la discipline dès cette première année de collaboration. Une véritable "Kiwi Connection" s'était ainsi établie à cette époque avec trois pilotes néo-zélandais de premier plan au pinacle du sport automobile avec Hulme, McLaren et Chris Amon, aux côtés de l'Australien Brabham.

1970, année noire

L'année 1969 fut plus compliquée, avec une sixième place au championnat, mais l'année 1970 débutait tragiquement avec la mort de Bruce McLaren en essais de pré-saison au volant de sa Can-Am à Goodwood. Une tragédie qui laissait Hulme en chef de file de l'équipe. Deux années en dents de scie en 1970 et 1971, ponctuées par des quatrième et 13e places au classement, avant un retour aux affaires en 1972, pour retrouver la victoire (Afrique du Sud) et une troisième place au championnat.

Après deux dernières saisons sur la McLaren M23 Ford en 1973 (sixième, une victoire) et 1974 (septième, une victoire), Denny Hulme quittait la F1, raccrochait les gants, et ne mettait pas longtemps à s'en retourner en Nouvelle-Zélande. 

La mort en course... à 56 ans

S'il reprenait occasionnellement le volant à l'occasion de quelques courses locales en berline à la fin des années 70, il reprenait une activité régulière de pilote en 1982, en championnat australien d'Endurance puis en championnat australien de Supertourisme ; on le vit également en Championnat d'Europe de Supertourisme dans les années 80. Lors des 1000 km de Bathurst de 1992, il était victime d'une crise cardiaque au volant de sa BMW M3 : extrait de sa voiture, il était transféré à l'hôpital de Bathurst, où son décès était constaté peu après son arrivée. 

 

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