Didier Artzet, le grand talent français qui n'a jamais percé

Remémorons-nous l'histoire de Didier Artzet, l'un des pilotes les plus talentueux qui n'aient jamais atteint la Formule 1, à une époque où nombre de ses compatriotes ont gravi les échelons jusqu'à la catégorie reine du sport automobile.

Didier Artzet

Photo de: LAT Images

Dans les années 1980, une pléthore de talentueux pilotes français se sont révélés dans leur pays, un grand nombre d'entre eux atteignant la F1. Jean Alesi, Éric Bernard, Olivier Grouillard, Yannick Dalmas et Olivier Panis en font partie.

Didier Artzet, bien qu'aussi doué que les pilotes mentionnés ci-dessus, est pourtant passé à travers les mailles du filet. Faisant étalage de réflexes presque surnaturels dans le contrôle d'une voiture de course, 'Didi' démontrait un talent volatile, mais peut-être n'était-il pas né à la bonne époque.

Avec le soutien de compagnies comme Elf, Camel et Marlboro existait une échelle dorée que les pilotes pouvaient gravir, s'ils avaient le talent et la motivation pour le faire.

Aujourd'hui, au lieu de se remémorer avec nostalgie une étincelante carrière en F1, Artzet observe le fracas des vagues de l'océan Pacifique sur les rochers de la plage de Nouméa, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, île française située à l'est de l'Australie.

La Nouvelle-Calédonie est un endroit idyllique doté de superbes panoramas, d'endroits sensationnels, des fruits de mer dont on ne peut que rêver. C'est également la Mecque des sports aquatiques pour les amateurs de sensations fortes, sans oublier les nomades qui y prennent une année sabbatique.

Nouméa, c'est donc là que réside l'un des pilotes au plus grand potentiel de cette époque fructueuse pour les tricolores. Artzet a été soutenu par de nombreux pilotes de sa génération précédente, notamment Jean-Pierre Jabouille et Jean-Pierre Beltoise, à juste titre.

Didier Artzet

Né à Nice, où il a grandi, Didi a rapidement démontré des aptitudes précoces en matière d'équilibre et de réflexes, qu'il a développées à moto dans les rues de sa ville d'enfance.

Après un court passage en Formule Renault France en 1985, la Formule 3 ne lui a pas posé beaucoup de problèmes, c'est le moins que l'on puisse dire. Dans sa deuxième course de F3 en 1986, il s'est qualifié en première ligne à Monaco, devant Stefano Modena, Alex Caffi, Jean Alesi et Martin Donnelly, entre autres.

Un an plus tard, il a assuré, écrasant la concurrence. Un illustre inconnu a laissé les experts des courses monoplaces bouche bée grâce à son style spectaculaire et gracieux à la fois au volant, dans les rues sinueuses de la Principauté.

"La course F3 de Monaco en 1987 a été un énorme tournant pour moi", relate Artzet, se confiant à nous en bord de mer, à Nouméa. "Bien sûr, tous les patrons d'équipes de F1 nous regardaient le samedi après-midi, et j'étais sûr que j'allais avoir une opportunité en F1 après ce week-end-là. Au final, il n'en a rien été, mais il y a des milliers d'histoires similaires en sport auto !"

"Le week-end a été très intense parce que l'année précédente, je m'étais qualifié en première ligne pour ce qui n'était, contre toute attente, que la deuxième course de ma vie dans une F3. En fait, j'avais commencé le sport auto moins d'un an auparavant. C'est venu très facilement et naturellement dans les rues de Monaco pour moi. J'ai adoré."

"Mon écurie s'appelait Monaco Sponsoring, mais en fait, c'était KTR [Keerbergs Transport Racing] et il y avait beaucoup de compagnies de la Côte d'Azur qui nous aidaient pour le budget. Je suis né et j'ai grandi à Nice, donc il y avait beaucoup d'intérêt car c'était la course à domicile de nos investisseurs. Il y avait beaucoup de pression, surtout que j'ai eu Jean Alesi sur les talons tout le week-end !"

Didier Artzet

Il se trouve qu'Artzet avait trouvé une arme secrète en un ingénieur très peu connu, pourtant promis à une belle carrière en Formule 1.

"Le gros boost pour l'équipe, c'est que Jacky Eeckelaert dirigeait l'ingénierie sur notre Ralt, et il comprenait particulièrement bien ce dont j'avais besoin pour la voiture", révèle-t-il. "Au final, j'ai signé la pole position avec deux dixièmes d'avance, mais il y avait une grande bataille psychologique avec Alesi, car comme tout le monde le sait, il était très rapide sur les circuits urbains, et d'ailleurs sur les autres aussi !"

Ce qui aurait dû devenir une ascension éclair vers la F1 n'a finalement été qu'une lutte stagnante et frustrante face à Alesi et Bernard, plus populaires, qui ont été choisis par Camel et Elf pour tenter leur chance en Grand Prix.

Artzet est devenu un cliché. Celui du battant, qui était exceptionnel sur les circuits urbains mais n'était pas assez complet pour la F1. On peut certainement en douter, ne serait-ce que parce qu'il n'a jamais eu sa chance.

Didi a tenté la F3000, mais avec un budget si faible qui l'a entravé tout du long. Avec la piètre voiture fournie par une écurie Apotamox peu expérimentée en 1990, il a néanmoins transcendé le matériel à sa disposition, notamment huitième des qualifications à Pau et troisième de la course de Birmingham.

Doté d'un sacré style fougueux, son pilotage correspondait à son caractère, comme il l'a reconnu : "Peut-être que je pensais trop et que j'agaçais les baratineurs !"

Didier Artzet

En 1992, Artzet en a eu assez. Les promesses de F1 ne se sont jamais matérialisées, et celle d'une campagne avec Toyota en Endurance n'a abouti qu'à quelques courses.

Au même moment, l'inestimable soutien des cigarettiers a subi un coup d'arrêt à cause de la Loi Évin de 1991, qui a interdit la publicité pour le tabac, entravant les carrières de tant de jeunes talents français.

Exaspéré par le manque d'opportunités, ne serait-ce que pour tester une F1, Artzet a réservé un aller simple à destination de Nouméa et a pris un nouveau départ. Il continue d'assouvir sa passion pour les sports mécaniques à Eastern Creek sur sa Superbike (se rapprochant souvent des records du WSBK), tout en profitant des sports aquatiques et du soleil de sa terre d'adoption.

Il lui arrive également de regarder des Grands Prix à la télévision – il apprécie tout particulièrement les courses urbaines !

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