Pourquoi Djeddah est le plus grand saut dans l'inconnu depuis longtemps

Les dirigeants de la Formule 1 ont toujours été très sélectifs dans les mots qu'ils ont utilisés pour décrire l'état de préparation du nouveau circuit qui accueille le Grand Prix d'Arabie saoudite.

La piste

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Avec des images montrant l'ampleur des travaux de construction toujours en cours dans la zone de la corniche au nord de Djeddah, les commentaires des patrons de la discipline ont toujours été explicites quant au fait que la "piste" serait prête à temps. On en déduisait qu'une grande partie de l'infrastructure prévue autour du circuit, qui est habituelle pour les sites accueillant la F1 – comme les bureaux, les unités d'accueil et autres installations – était un peu à la traîne.

La F1 se dirige-t-elle vers une situation semblable à celle du GP de Corée du Sud, où les dirigeants avaient parlé d'un circuit qui traverserait un ambitieux complexe urbain, mais où la ville n'a finalement jamais été construite avant que le tracé ne soit abandonné ? Une rapide promenade dans les installations de Djeddah permet de comprendre pourquoi la F1 s'est exprimée de la sorte, car il est juste de dire qu'il reste beaucoup à faire pour que l'ensemble du site soit véritablement terminé.

Ainsi, alors que le paddock en lui-même est superbe et que les garages sont prêts à accueillir les équipes comme partout ailleurs, un bref tour au fond de la pitlane met en évidence la quantité de travail encore en cours. En regardant à travers la clôture du paddock, avec la boue et les matériaux de construction encore empilés alors que les ouvriers tentent de terminer un certain nombre de choses, il ne fait aucun doute qu'il faudra encore quelques mois d'efforts avant que les installations de Djeddah puissent être finies.

Mais en fin de compte, il n'est pas vraiment surprenant que le chantier ait été étiré jusqu'au dernier moment, les travaux n'ayant commencé qu'en avril. Cette période de huit mois est la plus courte qu'un circuit de F1 ait jamais connue pour passer du stade d'idée à celui de réalité. Même si les perfectionnistes insisteront sur les travaux en cours, n'oublions pas qu'il s'agit d'une course de nuit, ce qui signifie qu'une grande partie de ce qui est inachevé restera caché aux yeux des téléspectateurs.

La piste de Djeddah

La piste de Djeddah

De plus, pour les équipes et les fans du monde entier, l'essentiel est que la piste elle-même soit impeccable ; et sur ce plan, l'Arabie saoudite a pu livrer un petit bijou. Après des années où les nouveaux tracés de la F1 ont été critiqués parce qu'ils ressemblaient à des circuits typés "Tilke", avec des virages serrés et à vitesse moyenne qui n'offraient pas grand-chose de stimulant, le circuit ultra rapide de Djeddah ne ressemble à rien de ce que nous avons vu auparavant.

D'une longueur de 6,174 (ou 6,175) km, ses 27 virages (16 à gauche et 11 à droite) en font le deuxième circuit le plus long du calendrier après Spa-Francorchamps. Mais si Spa possède trois secteurs uniques qui facilitent l'apprentissage, les limites étroites des murs de Djeddah constituent un défi unique.

En parlant du tracé, Pierre Gasly a admis qu'il avait été difficile de l'apprendre dans le simulateur. "Oui, c'est le genre de circuit où, au départ, tout se ressemble", a-t-il déclaré. "Je l'ai essayé dans le simulateur, généralement en un tour ou deux, tout semble différent, donc c'est très facile à mémoriser. Mais ici, vous entrez dans cette sorte de premier complexe, avec les virages 4/5/6/7, et ça ressemble beaucoup à toute la 'ligne droite' arrière."

"Il a donc fallu quelques tours de plus que d'habitude pour que je m'en souvienne vraiment. C'est relatif, je dois parler de quelque chose comme cinq ou six tours avant de vraiment tout comprendre. Une fois que vous êtes entre ces murs, [les virages] sont tous en aveugle. Donc ils se ressemblent tous."

Djeddah de nuit

Djeddah de nuit

Mais au-delà de la difficulté d'apprentissage du circuit, c'est sa nature très rapide qui sera le point de discussion du week-end. Avec une moyenne annoncée de 250 km/h, des pointes de vitesse dépassant les 322 km/h à l'approche du virage 27, et une accélération maximale sur 79% du tour, c'est un endroit où les erreurs sont à proscrire.

Les dépassements seront difficiles en raison du manque de zones de freinage, mais les trois zones DRS et le puissant effet de sillage des F1 actuelles pourraient en faire une véritable fête de l'aspiration. Et c'est pourquoi c'est un circuit qui va récompenser la précision et la bravoure.

En visitant la piste jeudi soir, on a pu constater que certaines sections sont aussi rapides et étroites que le célèbre circuit de Macao, tandis que d'autres rappellent le complexe abandonné par la F1 à Valence. De plus, il y a l'épingle du virage 13, unique et avec un léger banking, qui sera très rapide et ne laissera aucune place à l'erreur à la sortie.

Les pilotes de F1 se méfient assurément de l'ampleur du problème que pourrait poser le complexe de Djeddah ce week-end, car une seule erreur pourrait suffire à envoyer une voiture dans le mur et à faire dérailler tout le Grand Prix. Ce n'est pas un endroit où l'on peut avoir de petits accidents.

Et à cet égard, le week-end saoudien pourrait ressembler davantage à l'expérience que de nombreux pilotes ont vécue à Macao, où ils doivent accumuler de la vitesse et de la confiance plutôt que d'être à l'attaque dès le départ. Si l'on attaque trop tôt et que l'on est trop confiant, cela se traduit généralement par un accident et la partie est terminée. Si vous mettez trop de temps à prendre de la vitesse, vous risquez de vous retrouver en retrait et sur la défensive.

Le fait que la piste semblait incroyablement poussiéreuse lorsque les voitures médicales et de sécurité de la F1 ont effectué leurs tours de reconnaissance jeudi soir ne va pas arranger les choses.

Oui, la piste de Djeddah est peut-être un peu rugueuse sur les bords, mais tout cela n'aura pas d'importance si le week-end du Grand Prix lui-même est à la hauteur du potentiel qu'il représente pour le plus grand pas vers l'inconnu que la F1 ait connu depuis des années.

Le paddock de Djeddah

Le paddock de Djeddah

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