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Édito - Humains après tout

Les titres des dix pistes de l’album Human After All de Daft Punk, représentent un fil rouge intéressant pour revenir sur l'immense week-end de sports mécaniques vécu il y a quelques jours.

Márquez Daft Punk

Márquez Daft Punk

D’une intensité rare dans toutes les disciplines, cette série de courses aux quatre coins du monde fut un échantillon représentatif de pourquoi les sports motorisés fascineront toujours autant, et sont avant tout humains, en dépit de l’omniprésence de la mécanique et de la technologie.

1. "Human after all", piste 1, résume parfaitement ce que l’on a vu à tous les échelons. La défaillance de Max Verstappen en course, dont on se demande encore si elle est humaine ou liée à un surplus de puissance moteur incontrôlable. Les larmes d’émotion d’un Pierre Gasly arrivé quatrième au volant de modeste Toro Rosso-Honda, dont il ne comprend pas trop lui-même pourquoi elle a si bien "performé". La place de l’humain dans les pitstops, ce ballet synchronisé presque robotique, qui lorsqu’il est enrayé par un grain de sable bahreïni, devient de nouveau remarqué par tous et peut toucher le physique humain. La coûteuse erreur, dès la seconde spéciale, du demi-dieu Sébastien Loeb sur le terrain corse du WRC. La cacophonie des organisateurs de la course MotoGP sur la grille de départ argentine. La course "max attack" de Marc Márquez.

2. "Prime of your life" célèbre la consécration d'un cap atteint dans la vie. Nul doute que le sport mécanique français peut se réjouir de voir des pilotes comme Sébastien Ogier, Johann Zarco, et une talentueuse génération F1 représenter les couleurs tricolores au top niveau. Le premier nommé a déjà atteint le pic de sa carrière, et le prolonge avec vista ; les autres donnent des signes de montée en puissance à suivre avec passion. Et avec une neuvième place signée au volant de la Sauber, allez savoir si Marcus Ericsson n’a pas lui aussi atteint ce stade de nirvana ! Certes, il fut une époque pas si lointaine où l’on ne marquait des points qu'aux six premières positions, mais ne nous comportons pas comme des robots sans cœur !

3. "Robot Rock", la secousse du robot, résume la course de Marc Márquez en Argentine. Programmé pour gagner, Márquez le funambule était intouchable ce week-end en conditions mixtes. Paradoxalement, c’est pourtant lui que l’on vit toucher les autres, plus souvent qu’à son tour. Calculant l’adhérence comme s’il disposait un algorithme interne, il a secoué ses rivaux avec une mécanique implacable, et fut accusé de calculs par une partie des observateurs et Valentino Rossi pour la manière dont il vint (tenter de) présenter ses excuses dans le box Yamaha, immédiatement après la course. Pas du goût du Docteur.

Marc Marquez, Repsol Honda Team, Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing se touchent

4. "Steam Machine", c’est la vapeur qui s’échappait de tous les esprits échauffés ce week-end. La frustration vocale de Lewis Hamilton à l’encontre de Max Verstappen, auteur selon lui d’une manœuvre trop musclée. Les coups de gueule et émotions brutes de Valentino Rossi (contre Márquez), du vainqueur oublié Cal Crutchlow (contre les journalistes), et de Jorge Lorenzo (contre… le monde) ! Une usine à gaz, aussi : la complexité des solutions recherchées par la Commission F1 pour trouver une solution aux dépassements dans la discipline, ou l’invraisemblable scène de la grille de départ MotoGP avaient quelque chose de parfois tragi-comique.

5. "Make Love" est peut-être le message à compléter par "not war", qu’il faut retenir de l’association Toro Rosso/Honda. Le motoriste japonais semble disposer en la petite Scuderia d’un partenaire maîtrisant les échanges internes et externes, et le package a conclu devant McLaren en qualifications comme en course au Moyen-Orient. L’attitude exemplaire de Kris Meeke sur le Tour de Corse, acceptant la faute éliminatoire de son copilote qui a coûté cher à l’équipage Citroën, rappelle qu'une guerre des mots et un pointage de doigt ne résolvent pas les problèmes.

6. "The Brainwasher" (le laveur de cerveau) ramène une nouvelle fois immanquablement au jeu de communication dans lequel Valentino Rossi a pris le parti de se lancer à corps et âme. "Márquez a détruit notre sport" ! On ne jugera pas ici de sa pertinence, mais il est amusant de constater que celui-ci est relayé volontairement devant les micros et caméras du monde entier, quand le Docteur, dans le fond et la forme, dit regretter publiquement le fait que Márquez n’ait pas choisi un contexte plus privé et moins "calculé" pour venir présenter ses excuses, par ailleurs rejetées !

7. "On/Off", comme la monoplace de Daniel Ricciardo, qui se voyait candidat aux podiums si ce n’est mieux cette année, et doit une nouvelle fois accepter le supplice d’un abandon précoce – cette fois dès la seconde boucle du GP de Bahreïn. Ses performances personnelles, pourtant, sont loin d’être on/off, et il sera fascinant de suivre l’évolution des tractations autour de la destination 2018 de l’Australien, dont certains bruits de paddock faisaient état ce week-end du fait qu’elle serait Ferrari.

Kimi Raikkonen, Ferrari SF71H

8. "Television rules the Nation." Il est vrai que suivre toutes les disciplines de sports mécaniques n’est pas évident de nos jours avec les portails à péage, mais réjouissons-nous déjà du fait que la F1 s’offre de nouveau aux Français sur un canal gratuit le temps de quelques GP cette année. TF1 a confirmé que les deux autres courses qui viendraient compléter le suivi du GP de Monaco et de France seront les classiques GP de Belgique et d’Italie.

9. "Technologic." C’est vrai que ce halo est hideux. Qu’on s’en passerait bien tous. Mais qu’elle est belle, cette F1 version 2018 ! Puissante, rageuse en courbes, testant les pilotes, poussant les designs de refroidissement et d’orientation des flux d’air à l’extrême, course après course. Stimulant les esprits autour de stratégies pneumatiques. Alors, ce supersoft, s’effondrera, s’effondrera pas ? Le "party mode" moteur est devenu un thème de discussion. Ta Haas, elle serait pas un peu comme sa Ferrari ? J’aimerais aussi bien avoir ton avis sur le DRS, mais avant cela, parlons de la fiabilité du MGU-K, veux-tu ?

10. "Emotion." C’est ce qui reste de tout ce cirque ! Des exclamations, du sarcasme, des casquettes rouges, jaune fluo, oranges, des palpitations, de l’apnée, des coups de gueule, de poing sur la table de Toto, des commentaires sur les forums, des trucs qui volent dans les salons, des *bip* radio, des regrets, des satisfactions, de l’abattement, de la colère et de la joie.

Les sports mécaniques, c’est humain après tout.

Márquez Daft Punk

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