Quels enjeux majeurs pour le GP d'Émilie-Romagne ?

En Formule 1, trois semaines d’attente entre deux courses paraissent être une éternité. Avec un calendrier 2021 déjà modifié, les équipes se rendent à Imola pour reprendre la compétition après une manche d’ouverture exaltante à Bahreïn. Voici les différents enjeux et scénarios attendus pour ce Grand Prix d’Émilie-Romagne.

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11

Andy Hone / Motorsport Images

Le second Grand Prix d’Émilie-Romagne possède quelque chose de rassurant dans le climat d’incertitude actuel : il s’agit du lancement de la saison européenne de Formule 1. En temps normal, les équipes auraient déposé leurs valises à Barcelone après avoir traversé l’Australie, l’Asie du sud-est et le Moyen-Orient.

Cette année, Bahreïn fut la seule destination exotique en amont de la tournée européenne. Une manche qui a permis d’établir de premières tendances dans le peloton, bien que le Grand Prix d’Émilie-Romagne sera important pour chaque écurie, à différents niveaux.

En tête de cortège, Red Bull possède la voiture la plus rapide mais n’a pas pu convertir ses bonnes performances en une victoire à Sakhir. La faute à une stratégie plus agressive du côté de chez Mercedes et à une excellente gestion des pneumatiques de Lewis Hamilton. Désormais, la question est de savoir si Red Bull peut maintenir ce niveau de performance et décrocher une première victoire décisive cette saison. Les Flèches d’Argent, elles, craignent leurs rivaux : le tracé d’Imola et ses 19 virages ne sont pas adaptés à la Mercedes W12, très instable du train arrière.

Pourtant, le retour en Europe et le délai de trois semaines depuis la dernière course ont permis aux écuries de peaufiner les réglages de leurs voitures, dans la limite de ce que la réglementation de 2021 autorise. Avant le lancement du championnat, Mercedes laissait entendre que ses dépenses en développement seraient dévoilées au fur et à mesure que la saison avance : des propos qui laissent penser que la W12 n’a pas atteint sa configuration finale. À Bahreïn, c’est en effet la version utilisée durant les essais hivernaux qui s’était envolée vers la victoire.

Bien évidemment, Red Bull est également capable d’apporter des évolutions à sa RB16B. Mais avec le plafonnement budgétaire mis en place cette année, les équipes ne devraient pas être en mesure d’apporter des mises à jour à leur package à chaque Grand Prix. Déjà en tête du peloton en termes de performance, l’écurie devra également choisir à quel moment ses ressources devront être transférées pour la monoplace de 2022.

 

Derrière les leaders, Alpine a déjà pris la décision d’apporter des évolutions dès ce premier rendez-vous européen. Le directeur exécutif, Marcin Budkowski, déclarait que l’écurie allait installer des nouveautés sur ses voitures après avoir découvert "des faiblesses sur notre package". Mais alors que ces modifications physiques seront visibles dès les essais libres du vendredi, les équipes auront le regard tourné vers les performances de certains pilotes.

Dans un premier temps, Red Bull aura impérativement besoin de son deuxième pilote dans la course à la victoire. À Bahreïn, Sergio Pérez a souffert d’un problème d’électronique dans le tour de formation, l’obligeant à prendre le départ depuis la voie des stands. Certes, sa remontée jusqu’à la cinquième place lui a permis de faire bonne impression pour sa première sous ses nouvelles couleurs. Pourtant, sans son problème de fiabilité, le Mexicain se serait élancé hors du top dix. Trop loin pour répondre aux attentes de l’écurie. À Imola, il sera primordial de mieux se positionner sur la grille de départ, sur un circuit où les opportunités de dépassement sont bien plus rares qu’à Bahreïn.

Si, comme Mercedes s'y attend, Red Bull et Verstappen sont de nouveau en tête des qualifications, et que Pérez s’améliore sur un tour lancé, alors il sera intéressant de voir lequel des pilotes Mercedes est le plus apte à les contrer.

"Mon but est de faire une bonne course, j’ai hâte de rouler ce week-end", déclare Pérez avant le week-end. "J’espère que nous serons de retour pour nous battre pour le podium, et si possible pour la victoire à Imola. Contrairement à Bahreïn, les qualifications sont capitales à Imola puisqu’il est difficile de dépasser, mais j’aime ce défi."

Le Grand Prix d’Émilie-Romagne 2020 a démontré pourquoi Red Bull a besoin de deux voitures pour vaincre Mercedes. Dans cette course, Mercedes s’était adaptée pour permettre à Hamilton de conserver la tête face à Max Verstappen, qui se serait imposé même sans l’aide de la voiture de sécurité virtuelle. Une situation de deux contre un parfaitement gérée par la marque à l’étoile. Lors de ce Grand Prix, Hamilton s’est imposé malgré la domination de son coéquipier sur le début du week-end. Le fond plat de Valtteri Bottas s'est en effet retrouvé endommagé dès le début de course, après avoir roulé sur un débris de Sebastian Vettel, vestige d’un accrochage avec Kevin Magnussen.

Si, comme Mercedes s'y attend, Red Bull et Verstappen sont de nouveau en tête des qualifications, et que Pérez s’améliore sur un tour lancé, alors il sera intéressant de voir lequel des pilotes Mercedes est le plus apte à les contrer. À Bahreïn, Hamilton était le plus à l’aise dans la W12, mais Bottas pourra s’inspirer de sa performance de l’an dernier et de sa pole position à Imola pour déjouer les pronostics.

 

Chez Ferrari, bien que la voiture ait réalisé un grand pas en avant par rapport à l’an dernier, il semble que l’écurie devra une nouvelle fois compter sur le génie de ses pilotes pour bien figurer. En 2020, Charles Leclerc avait qualifié sa monoplace plus haut que là où elle était censée se situer, comme il l’a fait à Bahreïn il y a trois semaines. La piste étroite et sinueuse d’Imola lui avait permis de s’accrocher en course, lui permettant d'empocher la cinquième place. Carlos Sainz, quant à lui, disputera son premier Grand Prix en Italie en tant que pilote Ferrari. L’occasion parfaite pour frapper fort et afficher son talent.

L’autre écurie qui joue à domicile ce week-end est AlphaTauri, qui a connu un week-end frustrant en Émilie-Romagne l’an dernier. Après une séance de qualifications sensationnelle, la course de Pierre Gasly avait pris fin dès les premiers tours à cause d’un radiateur défectueux. Un scénario similaire à celui du Grand Prix de Bahreïn 2021 : qualifié aux avant-postes, le Français avait endommagé son aileron avant dans un contact avec la McLaren de Daniel Ricciardo et tiré un trait sur ses chances de marquer de gros points. Ce week-end, il devra confirmer le potentiel affiché par son écurie depuis les essais hivernaux, tandis que son coéquipier Yuki Tsunoda tentera d’enchaîner une deuxième arrivée de suite dans les points, sur un circuit qu’il a eu le temps d’apprivoiser pendant l’hiver.

Du côté d’Aston Martin, l’écurie qui jouait le podium l’an passé pourrait avoir du mal à atteindre la Q3 et les points lors de la course, notamment à cause d’un rake faible qui semble être un désavantage cette année, en témoignent les performances de la Mercedes. Les rivaux de l’an passé, McLaren, souhaiteront confirmer leur statut de meilleur des autres. L’an dernier, les monoplaces de Woking s’étaient classées septième et huitième dans un week-end de "limitation des dégâts".

À l’arrière du peloton, Alfa Romeo voudra prouver que la bonne forme affichée à Bahreïn n’était pas un cas isolé, tandis que Haas devra se contenter de voir ses pilotes maintenir leurs monoplaces en piste sur un circuit piégeur et punitif. Chez Williams, George Russell devra se reprendre après son crash sous voiture de sécurité survenu l’an dernier. Pour cela, il devra briller durant les qualifications (comme il l’a si bien fait à Imola en 2020 et le week-end dernier à Bahreïn) afin de saisir la moindre opportunité de marquer des points (si celle-ci se présente).

 

Imola, c’est ça. Un circuit redoutable, décrit par Ricciardo comme étant "un tracé old-school, emblématique, rapide et fluide, qui laisse peu de place à l’erreur". Ajoutez à cela de nombreuses bosses pour tester les pilotes, le tout sur une piste en sens anti-horaire : une anomalie pour un circuit européen.

Si la course se déroule sans accroc, les stratèges devraient prévoir un seul arrêt, notamment à cause de la longue voie des stands. Cependant, la proximité des nombreux bacs à graviers (qui mettront d’ailleurs fin au débat sur les limites de la piste) pourraient rapidement transformer une éventuelle procession en un véritable feu d’artifice.

Cependant, les dépassements resteront très compliqués, malgré l’allongement de la zone DRS par rapport à l’an dernier. Si le Grand Prix est serré du départ à l’arrivée, la tension risquera de grimper sur l'Autodromo Enzo e Dino Ferrari.

 

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