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Comment Ericsson est passé du fond de grille F1 à un top team IndyCar

Pour Marcus Ericsson, c'était presque comme du "déjà vu" lorsque son futur en IndyCar est devenu tout aussi incertain que lors de sa dernière saison de Formule 1, chez Sauber. Mais il a rebondi en obtenant un baquet avec l'une des meilleures écuries de la discipline.

Marcus Ericsson, Arrow Schmidt Peterson Motorsports Honda

Photo de: Barry Cantrell / Motorsport Images

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Il y a plus d'un an, le futur de Marcus Ericsson était incertain lorsqu'il a été écarté de ce qui s'appelait encore Sauber F1 en raison de l'arrivée de Kimi Räikkönen. Le lot de consolation (un poste de pilote de réserve) n'était pas suffisant, et il s'est tourné vers les États-Unis. Fin octobre 2018, il a été annoncé comme nouveau pilote du Schmidt Peterson Motorsports en IndyCar. C'était une nouveau départ pour lui, qui rejoignait là l'une des meilleures équipes américaines derrière le trio composé de Ganassi, Penske et Andretti.

Mais la première saison de SPM sans Robert Wickens, grièvement blessé dans un accident à Pocono en août 2018, a été difficile et l'écurie n'a pas régulièrement réussi à se battre contre les top teams. Le Suédois a également dû s'adapter aux ovales et aux autres spécificités de l'IndyCar, ne parvenant à percer qu'en arrivant à Detroit, où il a terminé sur le podium après une course chaotique. Lui-même avait alors admis qu'il ne s'attendait pas à une courbe d'apprentissage aussi difficile.

Ericsson n'a plus atteint les mêmes sommets qu'à Detroit, mais il est parvenu à constamment finir aux portes du top 10. L'incertitude a de nouveau plané sur sa carrière lorsque McLaren a annoncé son partenariat avec SPM. De l'extérieur, cela semblait annoncer le départ du Suédois de la structure. Mais au final, cela a conduit Ericsson vers une opportunité en or, celle de rejoindre Ganassi pour 2020.

Il fait cette année équipe avec le quintuple Champion Scott Dixon et un compatriote, Felix Rosenqvist. Ericsson fait ainsi partie d'une structure qui a remporté 12 titres en IndyCar, dont deux des cinq derniers. Un homme qui a passé cinq saisons au fond de la grille de Formule 1, essayant de s'extirper de la Q1, a désormais une chance de se battre pour des poles et des victoires.

"C'est la première fois depuis 2013 que je suis dans une [structure] qui a prouvé pouvoir gagner des championnats", dit-il. "En 2013, en GP2, j'ai gagné des courses, je suis monté sur le podium et j'ai connu une super année, donc je sais que je peux le faire lorsque j'ai le bon matériel. J'ai vraiment hâte de le montrer."

"C'est l'une des équipes qui a eu le plus de succès, non seulement en IndyCar mais dans le monde des sports mécaniques. C'est un véritable honneur de représenter une telle équipe. Je crois fermement que nous pouvons être forts ensemble, surtout avec Scott et Felix dans l'équipe. Nous avons un line-up très fort, qui peut repousser ses limites."

Marcus Ericsson, Arrow Schmidt Peterson Motorsports Honda with Michael Montri, President of the Detroit GP

L'aventure d'Ericsson en IndyCar a débuté suite à des événements dont il n'avait pas le contrôle. À l'été 2018, il est devenu évident que Ferrari allait suivre le souhait du regretté Sergio Marchionne et promouvoir Charles Leclerc aux dépens de Räikkönen. On pensait alors que le Champion du monde 2007 allait quitter la F1, mais une fois qu'il a signifié son intérêt à Frédéric Vasseur, team principal de Sauber, sa signature est apparu comme une évidence, surtout avec Alfa Romeo, qui a intensifié son implication pour 2019.

Le baquet de Leclerc chez Sauber/Alfa étant "propriété" de Ferrari, et promis à Antonio Giovinazzi, il n'y avait plus de place pour Ericsson. Cela malgré ses liens étroits avec le propriétaire suédois de l'équipe, Finn Rausing, qui a soutenu sa carrière pendant plus d'une décennie.

"J'ai reçu l'information de la part des propriétaires et de Fred", se souvient-il. "Tout s'est passé assez vite avec Kimi quand Ferrari a annoncé Charles. Ils m'ont dit que Kimi avait signé et je savais ce qui allait se passer avec l'autre baquet. Je devais me concentrer totalement sur le fait de voir quelles autres options existaient." S'est-il alors intéressé à la Formule E, le championnat le plus évident pour les pilotes quittant la F1 ?

"C'était sur la liste, il y a deux équipes auxquelles nous avons parlé, et elles étaient potentiellement intéressées pour des essais. C'était clairement une option. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours suivi l'IndyCar à distance et je me suis toujours dit que c'était un championnat très intéressant. Et le plus important, c'est un championnat qui semblait vraiment fun pour un pilote. Aussi, quand je suis allé aux États-Unis avec la F1, j'ai passé de bons moments là-bas. Il y avait des options en Formule E et en WEC, mais l'IndyCar était la voie que je voulais le plus explorer."

Une équipe a alors émergé comme sérieuse candidate pour Ericsson. Sam Schmidt et Ric Peterson cherchaient quelqu'un pour remplacer Wickens, toujours prévu chez SPM mais qui a dû se résoudre à rester sur la touche après son accident de Pocono. Le timing était parfait pour Ericsson.

"Nous avons parlé à d'autres [équipes]. Trevor [Carlin], nous le connaissions des courses en Europe bien sûr, et j'ai fait Macao avec lui une année. Mais je me sentais assez bien avec Sam et Ric dès le départ. Bien sûr, l'accident malheureux de Robert a ouvert une opportunité et il y avait beaucoup d'intérêt réciproque. Nous avons signé et je suis allé faire des tests à Sebring, le Pembrey de l'Amérique !"

"Toute l'année a été une période d'apprentissage car tout était nouveau : chaque piste, chaque ville, les adversaires, les voitures, les pneus, la façon dont ils fonctionnent. Il fallait juste essayer d'avoir l'esprit ouvert, de tout emmagasiner, de comprendre et d'apprendre. C'était le principal cette année."

Après avoir déjà parlé de la courbe d'apprentissage, Ericsson ajoute que l'IndyCar est "très, très différent des F1 modernes, les niveaux d'aéro sont totalement différents." Il est bon de noter que l'IndyCar a pris la direction inverse de la F1 avec son aérokit universel en 2018. Ericsson a déclaré que l'IndyCar avait nécessité un "grand ajustement" contre lequel il s'est "battu" toute l'année.

Mais comme tous les pilotes, son nouvel équipier Rosenqvist inclus, il a été le plus impressionné par les ovales, sa première expérience étant celle des 500 Miles d'Indianapolis, sixième manche de 2019 : "Je ne croyais pas vraiment les gens quand ils me disaient à quel point c'était spécial, et surtout différent. Je me disais 'eh, je suis allé à Monaco, ou à Monza'", explique Ericsson. "Mais quand j'ai pu vivre ça et que j'ai fait tout le mois, avec la préparation, le week-end de qualifications, les traditions, l'Histoire... On peut voir à quel point c'est important pour tout le monde en IndyCar, et aussi dans la ville d'Indianapolis, c'était très spécial. J'ai vraiment été très, très touché par l'ensemble de l'événement."

Marcus Ericsson, Arrow Schmidt Peterson Motorsports Honda

Mais en mettant toutes les festivités de côté, Ericsson s'est positionné au 13e emplacement de la grille de départ pour son premier Indy 500. Il a dû se contenter de la 23e place finale après un tête-à-queue en entrant au stand. La course s'était très bien passée jusque-là, le Suédois pointant fréquemment dans le top 10 et se battant contre Santino Ferrucci pour le titre de Rookie de l'année.

"J'ai la sensation de m'être habitué aux ovales plus vite et plus facilement qu'aux circuits urbains et routiers avec [ces] voitures à faible appui aérodynamique. D'une certaine façon, les ovales étaient plus faciles sur le plan de l'adaptation. En IndyCar en ce moment, tu te bats toujours contre la voiture, elle a soit du sous-virage, du survirage, ou elle glisse des quatre roues."

"Quand tu regardes une caméra embarquée en IndyCar, il se passe toujours quelque chose. Si l'on compare à une caméra embarquée en F1, il y a peut-être un ou deux moments sur un tour où il faut faire une correction. En IndyCar, c'est à chaque virage, on corrige en entrée, en milieu [de virage], en sortie, sous-virage, survirage, il se passe toujours un truc. Pour moi, c'était compliqué de gérer ça au début de l'année car j'avais vraiment l'habitude d'avoir une voiture collée au sol. Cela m'a donc pris du temps pour être à l'aise. Je sens que j'y suis arrivé en fin d'année, mais c'était quelque chose d'énorme."

La saison avançant, Ericsson avait vraiment besoin d'un résultat solide, qui est enfin arrivé au mois de juin. Le pilote de la voiture #7 est monté sur son premier podium en IndyCar en récoltant la deuxième place à Detroit.

"C'était une expérience incroyable car j'ai fait cinq ans de F1 et je n'ai jamais été proche du podium. Dans les années de formules de promotion, tu démarrais chaque week-end avec l'état d'esprit de tenter de finir sur le podium et de gagner la course. Mon dernier podium [avant Detroit] était en 2013 à Abu Dhabi, la dernière course en GP2. Et c'est ce qui est super avec l'IndyCar : dans un bon jour, tout le monde peut finir sur le podium. C'est ce que j'adore avec cette série, et c'est ce qui fait que c'est très fun à piloter et aussi à regarder je pense."

"Les résultats étaient globalement décevants cette saison. Je pense qu'il y a eu des moments où j'étais parti pour de bons résultats et où j'ai fait des erreurs, ou j'ai eu des soucis mécaniques, ou une erreur de l'équipe, ou autre chose. Il y avait toujours quelque chose qui arrivait. Mais le podium de Detroit était important pour moi, pour montrer que quand tout fonctionne, je peux y arriver. Tous les bons pilotes étaient là, et je n'ai pas craqué sous la pression. J'ai montré que je pouvais me battre avec les meilleurs, c'était un grand résultat, et une grande performance pour montrer ce que je sais faire."

Marcus Ericsson, Alfa Romeo Racing, Brand Ambassador and Third Driver

Les pilotes quittant la F1 peuvent souvent avoir l'ambition d'un engagement temporaire ailleurs, avec l'espoir de revenir, mais Ericsson explique qu'il n'a jamais pensé à cela : "Dans mon esprit, j'ai toujours été concentré [sur le fait de] rester en IndyCar. J'imagine que je n'ai pas fermé la porte à la F1, mais je suis vraiment concentré sur le fait de m'établir dans le milieu de la course américaine, montrer ce que je peux faire là-bas et reconstruire ma carrière."

"Je sens que cette année, même si les résultats n'étaient pas ceux que je voulais, j'ai montré ce qui pouvait être fait, et que le potentiel était là pour avoir du succès. Je pense que c'est aussi ce que les gens de chez Ganassi ont vu."

La porte de la F1 n'a toutefois jamais été complètement fermée, Ericsson restant pilote de réserve Alfa. En juillet 2019, il a participé à des essais Pirelli en Autriche. Après ne pas avoir piloté de F1 pendant plus de six mois, il est revenu dans le rythme et a prouvé qu'il "pouvait toujours faire le boulot si besoin."

Quelques semaines plus tard, l'aspect négatif de son rôle en Formule 1 s'est révélé au grand jour, lorsque des craintes existaient quand à la possibilité de voir Kimi Räikkönen inapte à piloter au Grand Prix de Belgique. Ericsson a alors dû venir au cas où sur le circuit, et sa situation contractuelle a fait qu'il a dû manquer l'épreuve d'IndyCar de Portland. Au final, Räikkönen allait bien et Alfa a fait preuve d'un peu trop de prudence. Pour ajouter à la frustration, la voiture était rapide, Kimi partant huitième.

"Ce week-end n'a clairement pas été idéal, pour beaucoup de raisons. Mais c'est comme ça, parfois c'est comme ça que ça fonctionne et si Kimi n'avait pas pu piloter, ça aurait été une super opportunité pour moi de montrer ce que je pouvais faire dans la très bonne Alfa Romeo qu'ils ont eu cette année. Mais je n'y pense plus maintenant. C'est juste quelque chose qui arrive, et tu passes à autre chose", explique Ericsson.

À 29 ans, Ericsson est heureux d'avoir troqué son costume de pilote de fond de grille en F1 pour celui de pilote pouvant lutter pour la victoire dans un nouveau championnat : "Je ne regrette pas mes années en F1, je me suis beaucoup amusé et je pense que j'ai fait de très bons résultats et des performances dont je suis fier. Quand tu es dans cette bulle, tu en profites au maximum. Mais j'ai vraiment aimé ma première année en Amérique, et maintenant que j'ai cette opportunité, je sens que je ne veux être nulle part ailleurs. Je sens vraiment que je peux performer dans cet environnement, donc je suis aussi content que je peux l'être, et aussi motivé et concentré que possible pour performer."

Marcus Ericsson, Arrow Schmidt Peterson Motorsports Honda

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