Comment l'eSport a remis Verstappen en selle après son crash à 51 g

L'impact de 51 g subi par Max Verstappen au Grand Prix de Grande-Bretagne était le plus gros accident de la carrière du pilote Red Bull.

Max Verstappen, Jeff Giassi, Gianni Vecchio, Porsche 911 GT3 R, Porsche24 driven by Redline

Photo de: iRacing

Bien que meurtri par ce choc à Silverstone, Max Verstappen était de retour en piste une semaine plus tard, de façon virtuelle toutefois, puisqu'il était déterminé à participer aux 24 Heures de Spa sur iRacing chez Team Redline, avec un pilotage magistral à la clé. Aux côtés de Jeff Giassi et de Giancci Vecchio au volant d'une Porsche 911 GT3, Verstappen a signé une très impressionnante cinquième place compte tenu du fait qu'ils n'avaient pas la voiture pour jouer la victoire.

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Le résultat n'était toutefois pas l'essentiel : Verstappen s'est surtout assuré de ne pas connaître de problèmes physiques pour son Grand Prix suivant en Hongrie. Il a notamment bénéficié du fait que la pédale de frein de son simulateur à domicile soit réglée de manière similaire à celle qu'il a sur sa Red Bull RB16B au niveau de la force requise. Il pouvait ainsi découvrir un éventuel pépin avant de prendre la piste au Hungaroring.

Comme l'a expliqué Azte Kerkhof, directeur de Team Redline, à Motorsport.com : "Ce qui est important pour Max dans le simulateur est de maintenir la même technique de freinage que sur un vrai circuit. Il veut pouvoir appuyer sur la pédale avec à peu près la même force."

"Les pédales Heusinkveld peuvent être réglées sur 130 kg, ce qui signifie qu'il faut pousser 130 kg avec la jambe gauche pour freiner au maximum. En réalité, presque personne ne fait ça. Mais la pédale de frein de Max est vraiment rigide. Et quand on fait une longue course, c'est évidemment un bon test physique."

"Ce n'est pas que le simracing soit terriblement physique et qu'un relais de deux heures dans le simulateur soit incroyablement fatigant. Mais Max a pu bien vérifier que dans sa position assise, qui est relativement similaire à la voiture réelle, il était confortablement capable de pousser 100 kilos avec sa pédale de frein pendant deux heures, sans que son dos ne souffre ou qu'il ne sente de douleur étrange. Cette simulation de course lui a donc confirmé que son genou et sa cheville allaient bien."

Un jeu mental

Max Verstappen, Red Bull Racing, in the Press Conference

D'après Kerkhof, il y avait également une confirmation mentale, compte tenu de la performance extrêmement impressionnante de Verstappen lors de ces 24 Heures de Spa : "Je ne crois pas que Max ait déjà roulé si vite dans le simulateur avec une voiture qui était complètement bousillée par la BoP [Balance de Performance]. La Porsche était vraiment beaucoup plus lente que la BMW. Mais Max est arrivé à surpasser le niveau de la voiture, de manière similaire à ce qu'il fait toujours en Formule 1. Ce qu'il est finalement parvenu à tirer de cette Porsche était vraiment exceptionnel. Il n'a pas laissé filer la moindre seconde."

Verstappen est d'accord pour dire que sa participation aux 24 Heures de Spa sur iRacing a mis à l'épreuve sa faculté de concentration, car si le risque de blessure des courses réelles n'existe pas, il reste une pression immense quant au fait de ne pas commettre d'erreur et de ne pas gâcher le résultat final.

"Maintenir cette voiture à la limite pendant deux heures d'affilée, alors que l'on court contre les meilleurs pilotes d'eSport au monde, avec une voiture qui est plus lente à cause de la BoP et plus difficile à conduire, requiert beaucoup de concentration", détaille Kerkhof. "Si l'on fait une erreur dans la vraie voiture, cela peut provoquer beaucoup de dégâts, et il y a le risque de se blesser."

"Or, dans le simulateur, il faut aussi gérer beaucoup de pression. On représente une équipe, après tout. Et on n'est évidemment pas seul dans cette équipe. On a deux coéquipiers, chacun passant 30 à 40 heures à se préparer pour la course et faisant vraiment de son mieux. La dernière chose que l'on veuille est de les désavantager en faisant une erreur stupide qui aurait facilement pu être évitée. Il y a donc cette sorte de pression mise par les équipiers pour piloter de manière aussi propre et irréprochable que possible."

Verstappen s'était également engagé dans une compétition de haut niveau où s'affrontaient les meilleurs simracers. "La moindre erreur peut faire perdre dix, douze, quinze places", souligne Kerkhof. "C'est vraiment un jeu mental. Et il ne s'agit pas seulement de faire des tours rapides pendant 24 heures. Lors d'une telle course, il faut aussi savoir gérer le trafic. Il faut être très malin et anticiper ce qui se passe devant soi. En même temps, il faut surveiller où sont les concurrents. Cela requiert simplement beaucoup de compétences."

"Or, Max a maîtrisé ces compétences de telle manière qu'il est actuellement l'un des meilleurs simracers au monde. Il en fait aussi un jeu pour lui. C'est un défi pour lui de faire un relais sans perdre la moindre seconde, en dépassant les retardataires de manière aussi fluide que possible. Il fait ça très bien, mais il progresse encore de surcroît. Et je pense que c'est quelque chose qui l'aide sur les vraies pistes également."

Des compétences améliorées

Max Verstappen, Jeff Giassi, Gianni Vecchio, Porsche 911 GT3 R, Porsche24 driven by Redline

Les progrès de Verstappen en simracing sont également dus à d'autres facteurs ; Kerkhof a remarqué comme le Néerlandais a progressé au niveau des réglages. "Il sait construire la voiture autour de lui mais aussi autour de ses coéquipiers, et d'une manière qui lui permet de vraiment contribuer. Il est devenu une sorte de coach pour les autres pilotes de l'équipe, et il mène l'équipe entière à un niveau supérieur."

"Nous avons quatre bons ingénieurs dans notre équipe, mais il a quasiment autant de connaissances qu'eux en ingénierie ; or, ces ingénieurs travaillent tous à un très haut niveau en sport auto, en plus de travailler pour Team Redline."

"Et il a aussi la capacité de faire quelque chose de concret avec ces connaissances. Il est capable de faire plus de progrès en une heure que de nombreux simracers ou ingénieurs en une semaine, quand il s'agit de trouver ce qui fonctionne ou non."

La capacité du cerveau

Max Verstappen, Jeff Giassi, Gianni Vecchio, Porsche 911 GT3 R, Porsche24 driven by Redline

Pour Verstappen, cependant, le simracing ne sert pas qu'à utiliser et développer les compétences dont il a besoin en F1, mais aussi à se détendre. "Tout d'abord, il pilote une GT qui est bien plus prévisible qu'une Formule 1. Cela reste une voiture difficile à piloter, mais la vitesse est plus basse, et il n'est donc pas nécessaire de réagir aussi vite aux choses. Cela représente un type de pilotage différent."

"Ensuite, Max est quelqu'un qui aime beaucoup discuter à la radio pendant une course de 24 heures. Je sais que quand je fais une course d'eSport et que quelqu'un commence à me parler, je suis capable de tenir une conversation avec cette personne mais cela me coûte une demi-seconde au tour, car je ne suis plus complètement concentré sur la course. Je n'ai vraiment pas le talent pour piloter avec, disons, 50% de la capacité de mon cerveau. J'ai besoin de 90% de la capacité pour mener la voiture à la limite. Puis je peux utiliser les 10% restants pour faire d'autres choses."

"Max, en revanche, fait tout avec 50%, et il lui reste 50% pour discuter à la radio. Il fait des blagues et se détend, sans que cela n'affecte son temps au tour du tour. C'est exceptionnel. On ne le voit qu'avec les simracers super talentueux. Ceux qui sont un peu moins talentueux sont bien plus stressés lors d'une course et, par conséquent, ont bien plus de chances de faire des erreurs."

Les 24 Heures de Spa étaient la quatrième course de Verstappen pour Team Redline cette année, le Néerlandais ayant précédemment disputé les 12 Heures de Bathurst, les 24 Heures du Nürburgring (et remporté ces deux épreuves) et les 24 Heures de Daytona (avec un abandon en raison de dégâts sur la voiture).

Verstappen a indiqué cette année qu'il allait réduire la voilure quant à ses activités en simracing. Mais Kerkhof, devenu ami avec le vainqueur de 15 Grands Prix via l'eSport il y a plusieurs années, affirme qu'il ne manque jamais d'impressionner lorsqu'il participe. 

"Il choisit complètement librement quand piloter, personne ne décide pour Max à quelles courses il participe. Mais s'il s'engage pour quelque chose, il donne tout et passe souvent plus d'heures à rouler que ses coéquipiers. La Formule 1 est son travail, c'est pour ça qu'il vit. Mais il prend aussi du plaisir à rouler sur le simulateur, à travailler avec l'équipe et à créer un invincible superteam, ce qu'est actuellement Team Redline."

Max Verstappen, Red Bull Racing on a racing simulator

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