Qu'attendre des essais hivernaux 2021 de F1 ?

Les essais hivernaux 2021 de la Formule 1 débutent ce vendredi, dans un lieu inhabituel par rapport aux saisons précédentes et dans un format raccourci. Des voitures enfin dans leur spécification de course aux nouvelles têtes et aux nouvelles couleurs, tout va devoir être révélé en seulement trois journées intenses.

Le coucher de soleil sur le circuit

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Après quasiment quatre mois de pause, la Formule 1 est de retour et fait sa (grande) rentrée à Bahreïn. Le circuit qui a accueilli deux des trois derniers Grands Prix de la saison 2020, avec des moments marquants lors de chacun d'entre eux, sera le théâtre des essais hivernaux 2021, sept ans après avoir accueilli une session en 2014, durant les balbutiements de l'ère turbo hybride. Le circuit accueillera ensuite, du 26 au 28 mars, la manche d'ouverture du Championnat du monde, le Grand Prix de Bahreïn.

Sans grande surprise, les différentes présentations ont vu les écuries dévoiler des monoplaces proches de leurs devancières, héritage des mesures de réduction des coûts qui se sont traduites par une importante stabilité réglementaire et un gel partiel des châssis. Ces mesures restrictives se lisent évidemment aussi sur les essais hivernaux, qui sont réduits à leur plus simple expression, avec trois journées pleines pour tester les voitures 2021 avant un programme de 23 Grands Prix en neuf mois.

Avec une seule "semaine" de tests, les écuries ont pris soin de cacher des éléments importants des monoplaces durant les présentations, afin d'empêcher la concurrence de plancher sur de telles solutions à l'avance et de disposer de leur propre version au test ou au Grand Prix.

L'exemple le plus flagrant étant celui de Mercedes où James Allison, son directeur technique, a ouvertement expliqué que l'équipe avait dépensé ses deux jetons de développement mais qu'elle ne voulait "pas encore révéler comment [elle] les [a] utilisés". Quant à Red Bull Racing, ils ont dévoilé des photos du shakedown de Silverstone, mais sans aucune image de la voiture 2021. Alors, qu'est-ce que les écuries cherchent à cacher ?

Le système des jetons de développement laisse penser que l'arrivée d'une solution miracle type "double-diffuseur" est improbable, mais l'ensemble des restrictions réglementaires liées au fond plat, aux écopes de freins arrière et au diffuseur doit réduire l'appui de 10%. Une équipe peut avoir trouvé une solution intelligente pour minorer voire annuler cet impact et en tirer un avantage significatif. Les caméras et appareils photos seront sans doute tous tournés vers l'arrière des W12 et RB16B quand elles sortiront du garage vendredi matin...

Les erreurs d’appréciation sont possibles et Mercedes a mis en garde contre les problèmes majeurs pour les équipes qui auraient du mal à s'adapter. Aucune écurie ne dira toutefois, au sortir des trois jours, qu'elle s'est trompée de philosophie pour répondre au découpage du fond plat. L'an passé, les tête-à-queue des pilotes Red Bull étaient mis sur le compte de la bien commode "recherche de la limite", mais il est apparu ensuite, une fois la saison lancée, qu'il s'agissait en fait d'un vrai problème aéro. Il sera donc intéressant d'écouter et de lire attentivement ce que pourront dire les pilotes sur le comportement de leurs F1.

Sergio Pérez sera l'une des attractions de ces tests. Le Mexicain rejoint l'écurie Red Bull après les échecs de Pierre Gasly et d'Alex Albon, ce dernier souffrant particulièrement au volant de la récalcitrante RB16 que son équipier Max Verstappen est parvenu à faire sienne. Il faudra examiner de près les essais de Pérez, car il y a fort à parier que la portée limitée des changements possibles entre 2020 et 2021 n'ont pas soudainement transformé la Red Bull en voiture docile.

Gasly avait grandement souffert, à l'hiver 2019, de ses deux accidents lors des essais, qui ont quelque peu posé les bases instables du reste de sa demi-saison à Milton Keynes. Plus expérimenté mais sortant de plusieurs années de stabilité chez Force India/Racing Point, Pérez a été choisi pour offrir à l'écurie des performances plus homogènes entre ses pilotes ; le test va donner de premiers indices sur la réalité de cette ambition.

Comme l'an passé, les gens garderont un œil sur les vitesses de pointe, avec comme objectif de percevoir si Honda peut accomplir son ambition pour sa dernière saison, à savoir remporter le titre, et si Ferrari a retrouvé de sa superbe, et ses clients avec.

En 2020, la désastreuse campagne de la Scuderia, notamment en termes de puissance, s'expliquait sans doute par le fameux accord aux termes secrets conclu avec la FIA et annoncé au soir du dernier jour des tests hivernaux, mais il était clair dès ceux-ci que l'année serait compliquée. Cela s'est aussi confirmé pour Alfa Romeo et Haas, qui ont reculé en performance. Ferrari a fait part de son optimisme récemment, et même au moment de la présentation de la SF21 ; beaucoup souhaiteront qu'il soit justifié et se traduise par des gains importants.

La performance moteur sera aussi à suivre de près chez Mercedes, surtout concernant la fiabilité des unités de puissance. Le mois dernier, sous les moqueries de ceux qui prétendent que l'Étoile crie sans cesse au loup, le responsable du département moteur de la marque, Hywel Thomas, avait affirmé que "quelques problèmes" avaient été rencontrés, tout en expliquant au moment de présenter la W12 que des mesures avaient été prises pour les corriger avec un nouvel alliage et des changements sur le système de récupération d'énergie.

L'année dernière, Mercedes avait eu les mêmes inquiétudes, qui s'étaient d'ailleurs traduites dans la réalité par plusieurs problèmes pendant les tests de Barcelone (pour l'équipe d'usine et Williams). Toutefois, dans un amer coup de pouce du destin, la pandémie de COVID-19 avait repoussé le début de saison et permis au motoriste de régler sans pression ses difficultés.

Un certain nombre d'équipes ont fait part de leur intention d'introduire très rapidement des évolutions aérodynamiques. Cela n'est pas vraiment inhabituel pour les structures de pointe mais la question du basculement des ressources de développement vers 2022 est cruciale et va inciter beaucoup de concurrents à ne pas se retenir en début de saison car à partir d'un certain point, il faudra sans doute abandonner les monoplaces 2021 à leur sort.

Williams, par exemple, va apporter des pièces et les tester à Bahreïn avant d'en faire, potentiellement, le "premier" package aéro de début de saison, d'après son directeur Simon Roberts.

Plus encore que d'habitude, éviter les problèmes et notamment les sorties de piste sera crucial. Avec un temps de piste aussi ramassé, ne pas abîmer la voiture et certaines pièces devra être le mot d'ordre. Le passage du circuit de Barcelone à Bahreïn devrait favoriser quelque peu cela, mais le souvenir du Grand Prix 2020 montre que les problèmes restent possibles, surtout à la découverte de nouveaux bolides.

Et de ce côté-là, la promotion 2020 recèle de situations de découverte. Pour les rookies en premier lieu, chez AlphaTauri et Haas, mais également pour les pilotes qui arrivent dans une nouvelle structure (Pérez, Carlos Sainz chez Ferrari, Daniel Ricciardo chez McLaren, Sebastian Vettel chez Aston Martin et Fernando Alonso chez Alpine).

Alonso, justement, fait son retour après deux ans loin du paddock. Il a manqué la présentation saccadée de l'A521 en raison des restrictions de voyage et a passé une partie de sa préparation à récupérer de son accident de vélo le mois dernier. Jamais avare de remarques, il sera sans doute l'un des pilotes à écouter à la fin de ses roulages ou des essais pour pouvoir situer la performance d'Enstone.

Globalement, il y a également un élément essentiel qui a été très peu rappelé : Pirelli apportera de nouveaux pneus pour la saison 2021, tant dans leur structure que dans leur profil. Les équipes et les pilotes devront s'y adapter et récolter le plus d'infos possibles en trois jours. Pas une mince affaire, même si l'avantage de Sakhir est que la pluie ne devrait pas venir perturber les débats, quoique...

Enfin, un rappel qu'il est bon de faire : les chronos ne voudront rien dire. RIEN. Mais les tests veulent dire, eux, que les Grands Prix ne sont plus très loin. Après un hiver long et difficile pour certains dans un contexte toujours aussi lourd, c'est une raison suffisante de s'enthousiasmer.

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