Ocon sans arrêt : "Avec un tour de plus, j'aurais crevé"
Esteban Ocon et Alpine ont été récompensés de leur audacieuse stratégie sans arrêt au stand par un petit point à Istanbul.
Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images
Un Grand Prix entier sans le moindre arrêt au stand : telle est la prestation réalisée par Esteban Ocon au volant de son Alpine, en Turquie ce dimanche. Une faible pluie relativement constante a permis aux conditions de piste de rester assez stables bien que légèrement séchantes, favorisant l'utilisation de pneus intermédiaires plutôt rodés voire usés : les gommes neuves chaussées en cours d'épreuve avaient tendance à grainer compte tenu du manque d'eau sur une piste néanmoins bien trop humide pour les slicks.
Tandis que Fernando Alonso s'est arrêté après 30 des 58 tours au programme, Esteban Ocon a décidé de persévérer avec son train de pneus initial, étant satisfait de leur condition et s'inspirant des 47 tours réalisés consécutivement en intermédiaires lors de l'édition 2020 de l'épreuve. Il a finalement accroché la dixième place de justesse, avec moins d'une seconde d'avance sur Antonio Giovinazzi.
"Je fais la blague comme quoi les mécanos étaient fatigués donc on s'est dit qu'on allait leur épargner l'arrêt cette fois, mais non, ça ne s'est pas passé comme ça !" sourit Ocon. "Quand nous nous battions avec Seb, nous débattions : devrions-nous nous arrêter, devrions-nous continuer ? À ce moment-là, j'avais un très bon rythme, les pneus étaient en bon état et je me suis dit 'continuons', nous avons tenté, pris un risque, et cela a porté ses fruits mais avec une petite récompense, à savoir un point."
S'il est vrai que le Français était onzième avant les arrêts au stand et dixième à l'arrivée, il a surtout gagné une place grâce au pari téméraire tenté par Sebastian Vettel : chausser les pneus slicks. Le pilote Aston Martin, qui était alors dixième devant Ocon, a alors perdu environ une minute et toutes ses chances de points.
Ce top 10 n'était pas gagné d'avance pour Ocon, qui a vu son rythme se dégrader en fin d'épreuve : il tournait en moyenne en 1'37"520 dans les cinq derniers tours, quand Lewis Hamilton, chaussé de pneus neufs qui souffraient toutefois de grainage, évoluait en 1'33"840 sur la même période, ce qui laisse imaginer ce dont aurait été capable le pilote Alpine s'il avait joué la sécurité – en gardant à l'esprit que Hamilton était environ une seconde au tour plus rapide sur les 50 premières boucles, avant son arrêt. Quant au poursuivant direct d'Ocon, Giovinazzi, il roulait en moyenne en 1'33"924 dans les ultimes kilomètres.
Jouer la sécurité, ça n'aurait manifestement pas été une idée saugrenue pour le Normand, qui a dû se tenir à l'écart des vibreurs : "À la fin, nous nous demandions si les pneus avant allaient durer, car ils étaient assez endommagés, on voyait la corde de l'extérieur. Je pense qu'avec un tour de plus, j'aurais crevé, et avec deux virages de plus, je me serais fait dépasser par Giovinazzi. C'était une décision risquée mais qui valait le coup."
Quant à Marcin Budkowski, directeur exécutif de l'écurie, il est prompt à rappeler que chausser des pneus neufs avait ses inconvénients en raison du grainage sur une piste manquant d'humidité. Lorsque Fernando Alonso s'est arrêté au stand, il lui a fallu une quinzaine de tours pour prendre l'avantage sur Ocon en performance.
"Jusqu'à quelques tours de la fin, nous ne savions pas si nous allions tenir, mais la réalité est qu'à un stade il était clair que l'arrêter vers le milieu de la course n'allait pas forcément être plus rapide", indique Budkowski. "Il aurait dû traverser une phase de graining en intermédiaires neufs de toute façon, et nous avons décidé de le laisser en piste compte tenu de ce que faisaient les autres et de son feedback. Il était relativement satisfait de ses pneus à ce stade."
"Nous attendions une voiture de sécurité ou que la piste soit assez sèche pour mettre les pneus pour le sec, ne sachant pas si nous allions tenir jusqu'au bout. Au fur et à mesure, étudiant les données de près, recevant son feedback et étudiant les caméras embarquées, nous nous sommes dit que nous pouvions essayer de pousser ça jusqu'à la fin et avons décidé de le faire. Bien sûr, nous ne l'aurions pas laissé en piste s'il y avait eu une crainte concernant la sécurité. Nous avons estimé que c'était faisable."
Le petit point inscrit par Ocon n'empêche pas l'écart de se réduire entre Alpine et AlphaTauri au championnat des constructeurs, avec douze unités entre les deux écuries désormais.
Propos recueillis par Adam Cooper
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