Mercedes : "Gagner de la bonne manière" et "se sentir horrible"
Le choix cornélien auquel ont fait face les responsables de l'équipe Mercedes en Hongrie a fait ressortir le team grandi sportivement, mais a possiblement eu un coût sportif mesurable en fin de saison.
Photo de: Sutton Motorsport Images
Mercedes admet qu’il est possible que la décision d’avoir interverti les places à l’arrivée du GP de Hongrie entre Lewis Hamilton et Valtteri Bottas puisse être regrettée en fin de saison, si Hamilton venait à manquer de justesse le titre de Champion face à Sebastian Vettel. Mais dans sa situation sportive voyant aussi le Finlandais en lice pour la couronne mondiale, Toto Wolff ne pouvait se résoudre à activer des consignes d’équipe en faveur du #44 si tôt dans la saison.
Hamilton a été le premier à le faire remarquer à l’arrivée du GP de Hongrie : le Britannique a maintenu sa parole en laissant repasser un Bottas distancé, quelques hectomètres avant l’arrivée, après avoir bénéficié d’une faveur de celui-ci pour aller chasser Räikkönen − en vain.
Un choix cornélien pour Wolff
Wolff admet que Mercedes pourrait payer le prix de cette décision sportive mais tient à s’assurer une situation de confiance interne quant au fait que les deux pilotes disposent d’une équité de traitement.
"Dire que je pourrais ne pas regretter cette décision serait naïf", admettait Wolff à l’arrivée du Grand Prix. "S’il s’avérait que nous perdions le championnat [pilotes] pour deux ou trois points, tout le monde dirait que c’est à cause de Budapest. Et je serais le premier à me tirer une balle dans le genou !"
"Néanmoins, je pense que sur le long terme, nous en tenir à notre parole et nos valeurs nous fera gagner plus de championnats. Ce fut une décision très difficile à prendre. Croyez-moi, c’est probablement la requête la plus difficile que nous ayons eu à faire ces cinq dernières années, car nous n’étions pas sûrs d’à quel point Max [Verstappen] serait proche à la fin."
Wolff avoue se morfondre quant à la justesse ou non de la décision prise, mais sait par ailleurs qu’il avait été promis à Bottas que sa position lui serait rendue si Hamilton ne parvenait à prendre le dessus sur l’une ou l’autre des Ferrari. Mercedes ne pensait cependant pas devoir pousser plus de cinq tours pour laisser manœuvrer Hamilton, ni que Bottas décrocherait si nettement qu’il en deviendrait même menacé pour la quatrième place par Verstappen. Au sein du camp Mercedes, il est légitime de se demander si Hamilton n’aurait pas de toute manière achevé la course devant son équipier, même sans avoir disposé d’une grâce de sa part.
"Je ne suis pas heureux en ce moment, mais que puis-je dire ? Si l’on n’est pas assez rapides, alors on doit au moins être sportifs", commente simplement Wolff, qui n’est pas certain d’avoir pris la bonne décision dans l’optique du championnat.
Les valeurs dans l'adversité : l’intérêt supérieur de la marque Mercedes
La décision de Mercedes fut d’autant plus difficile à prendre que la suite de la saison est clairement annoncée par Ferrari : s’il restait des doutes sur le sujet, la Hongrie a définitivement confirmé le fait que l’équipe de Maranello roule pour Vettel et que les espoirs personnels de Kimi Räikkönen seront stratégiquement contenus. Outre le fait de se prendre mutuellement des points à l’occasion, les pilotes Mercedes devront ainsi composer avec le fait que l’ordre d’arrivée entre les deux pilotes Ferrari, lorsque la situation sera gérable par la Scuderia, ira dans le sens du quadruple Champion du monde allemand.
"On ne tourne pas en rond pour le plaisir", poursuit Wolff, justifiant la politique d’équité et les valeurs dépassant le cadre de la victoire seule. "On tourne en rond parce que cela fait la promotion de notre marque et nous aide à vendre des voitures. Il s’agit d’un projet sur le très long terme. Si vous venez ici et que vous pensez que c’est la seule chose qui compte, vous vous trompez."
"On a vu la conséquence de décisions qui étaient implacables et prises avec sang-froid et l’effet que cela a pu avoir sur la marque. On pourrait dire : 'On s’en fout, on a toujours gagné les titres, peu importe, c’est dans les livres d’histoire'. Mais si l’on revient à ce que je pense, et que je pense être le but de notre présence ici, il s’agit de faire les choses bien et de gagner de la bonne manière. Et parfois, faire les choses comme il faut et s’en tenir à vos valeurs est très difficile. C’était le cas [dimanche] et je me sens horrible !"
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