Interview

Fernando Alonso : pourquoi et comment il revient en F1

Tout a été dit ou presque sur le grand retour de Fernando Alonso en Formule 1, qui se concrétisera en 2021 avec Renault (il vous faudra bientôt dire Alpine !). Ce choix de renouer avec la catégorie reine a été largement commenté, mais c'est peut-être le principal intéressé qui en parle le mieux. Voici dans quel état d'esprit le double Champion du monde aborde ce nouveau défi.

Pourquoi revient-il en Formule 1 ?

"L'ambition, ou la raison du retour en F1, est simple : j'adore piloter. J'ai un volant entre les mains pratiquement tous les jours, et durant ces deux années sans F1, j'ai rayé beaucoup de choses que je rêvais de faire sur ma liste : Daytona, Endurance, 24 Heures du Mans, Dakar… Toutes ces choses durant ces deux années m'ont permis de me libérer l'esprit de mes envies. Et la F1 a continué d'être un sport où une seule équipe gagne. C'était une bonne période pour s'en éloigner et revenir en 2021, avec une nouvelle réglementation. Celle-ci a été reportée à 2022 et j'étais face à un dilemme : attendre 2022 ou profiter de 2021 pour me préparer et travailler avec l'équipe. C'est ce que j'ai choisi. Ce n'est pas que ça me manquait ou que je voulais une revanche, ni que je cherchais un résultat précis. Ces deux dernières années, j'ai relevé des défis qui me passionnaient plus que la F1. Je les ai plus ou moins réussis, et maintenant je reviens avec une nouvelle réglementation."

Comment a-t-il négocié son retour en F1 ?

"Il y avait des discussions plus ou moins constantes. Je suis parti en novembre 2018, et je crois que le premier appel pour voir comment ça allait et si je ne m'ennuyais pas trop à la maison est intervenu vers juin 2019. Au mois d'août, certaines équipes essayaient de changer de pilotes, mais à ce moment-là je ne voulais pas revenir pour seulement une demi-saison ou une saison. Mon esprit était tourné vers 2021 et la nouvelle réglementation, après voir vu si cette période avec les 24 Heures du Mans, l'Indy 500 et le Dakar avait été utile ou non. Pour voir aussi si les objectifs étaient atteints ou non, avant de décider pour la F1. C'était un processus plus calme qu'il n'y paraît, ça s'est fait étape par étape. Je n'avais pas d'idée précise au départ. J'ai parlé pour la première fois avec Renault en novembre 2019."

Fernando Alonso, Renault F1 Team

Quelle a été sa plus belle expérience loin de la F1 ?

"C'est difficile de choisir. Tous les défis hors de la F1 étaient très particuliers, car il s'agissait de courses historiques, spéciales, uniques. Il n'y a pas d'opportunité de prendre sa revanche ou de progresser semaine après semaine comme c'est le cas en F1. En F1, on peut vite se reprendre, mais à l'Indy 500 ou aux 24 Heures du Mans, on travaille toute l'année pour avoir une seule chance. C'est un peu comme les Jeux olympiques, avec une préparation de quatre ans et sans possibilité de prendre sa revanche pendant quatre autres années. C'est difficile de choisir ce qui a été le plus passionnant. Peut-être que sur le plan humain, c'est le Dakar, avec 15 jours d'une aventure extrême non seulement professionnelle mais aussi humaine. On rencontre beaucoup de monde et le niveau de confort est très différent de la F1, sans les hôtels cinq étoiles, à dormir sous une tente, manger ce que l'on peut, boire ce que l'on peut et aller se laver quand on peut… Tout était très différent, très extrême, et c'était une manière très enrichissante de faire de la compétition."

#310 Toyota Gazoo Racing: Fernando Alonso

Est-il le pilote le plus complet ?

"C'est difficile de se définir soi-même. Si les gens pensent que je suis le plus complet, je serai d'accord. J'estime être complet, je pense avoir 9/10 partout. Peut-être qu'il y a un pilote plus rapide sous la pluie le dimanche, peut-être qu'il y a un pilote plus rapide le samedi [en qualifications]... Il y a toujours un pilote meilleur, mais il n'y en a pas beaucoup d'autres. Je pense être proche du top dans plusieurs catégories et dans de nombreuses circonstances, et sur la durée d'un championnat c'est très bien. C'est comme le cyclisme : si un coureur a 9,5 en montagne, 9,5 en contre-la-montre et 9,5 au sprint, il endosse tous les maillots. C'est comme ça que je vois ma carrière. Quand on roulait avec des V10, j'étais au rendez-vous, quand c'était des V8 j'étais là, quand on roulait en Michelin, en Bridgestone, en Pirelli… quand les qualifications étaient sur un tour, j'étais là, et quand c'était une séance d'une heure aussi. J'ai aussi toujours pris de bons départs, bien piloté sous la pluie…"

"Dans les autres catégories, faire le Dakar et être en mesure d'être parmi les cinq premiers sur les étapes, c'était une surprise pour moi. Débuter en Endurance et concurrencer les temps de mes coéquipiers était une surprise pour moi, et aller à l'Indy 500 et mener la course pour mes débuts sur ovale était une expérience positive. On se découvre soi-même, on voit que l'on est un pilote capable de s'adapter en toutes circonstances, dans n'importe quelle voiture ou discipline. On en tire profit personnellement, on apprend à connaître ses limites et à essayer de les cacher à la concurrence."

"Ces dernières années m'ont renforcé. Comment je me définis ? Comme un pilote combatif qui ne prend rien pour acquis. Aujourd'hui, je pourrais être tranquille chez moi à regarder la télévision, ou courir juste une fois de temps en temps pour m'amuser. Mais j'aime essayer à nouveau, ne jamais abandonner, toujours me battre. C'est pareil en course, si je suis sixième et qu'il reste dix tours, je me dis toujours que le podium est possible, je ne peux pas m'en empêcher. J'en veux toujours un peu plus. Je suis ambitieux."

Propos recueillis par Jose Carlos de Celis

Vainqueur : #8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Fernando Alonso

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