Ferrari avant l'entrée en bourse (1) – Montezemolo pas décidé à se taire
Photo de: XPB Images
Luca di Montezemolo n'est plus le Président de Ferrari après avoir été l'une des victimes collatérales du système Marchionne, venu mettre de l'ordre dans la maison rouge dans le but de rendre celle-ci acceptable sur les places de marché au moment de l'introduction en bourse de Ferrari.
Désormais imminente, la mise à disposition d'une première partie des actions de la firme qui aborde son indépendance financière de Fiat Crhysler Automobiles (FCA) s'associe à un changement de politique interne drastique : même s'il souhaite conserver un certain prestige lié à l'exclusivité, Marchionne ne croit pas au système mis en place par Montezemolo pendant de longues années, consistant à ne produire qu'un nombre très limité de supercars, à l'heure où nombre de marchés émergeants sont prêts à tout pour acquérir du grand luxe.
Estimant qu'il est du devoir de Ferrari de répondre à la demande en produisant plus d'automobiles, l'Italien s'est frotté à une fière opposition de Montezemolo, qui aujourd'hui encore questionne la stratégie en tant qu'électron libre et n'est pas décidé à se taire.
Portant Ferrari dans son cœur, Montezemolo dénonce les risques des apparences apportées par Marchionne, qui prononce plus souvent des mots liés au jargon de l'économie et de la bourse que de la passion et de la mécanique. "J'espère que les clients resteront plus importants que les analystes ou les investisseurs et les places de marchés", jette-t-il ainsi à l'agence Detroit Free Press, conscient de la portée forte de ses mots.
Le risque de devenir esclave des actionnaires
Montezemolo sait également que toute compagnie faisant son entrée en bourse est obligatoirement poussée par les porteurs de titres à augmenter ses bénéfices trimestre après trimestre pour ne pas décevoir, au point de souvent devoir adopter des stratégies totalement opposées à l'ADN de la marque. Ainsi, même des géants tels que Facebook ou Apple peuvent paradoxalement "décevoir", y compris lorsque leurs progrès enregistrés ne dépassent les 20% par an.
Pour Montezemolo, pas de doute : le succès de Ferrari, comme de la F1 qu'il connait bien, repose sur "l'exclusivité". Dans le cas de Ferrari, cela se traduit par "le nombre de voitures, et la manière exclusive dont vous traitez chaque client".
Pour l'heure, la révolution orchestrée par Marchionne s'illustre par des objectifs de production de 10'000 Ferrari par an…comme point de départ. Un chiffre pouvant prêter à sourire lorsque l'on parle de volume, mais qui marque bel et bien un énorme changement de philosophie chez Ferrari : la marque sortait des ateliers de Maranello en moyenne 7'000 véhicules jusqu'à présent, soit 43% de moins…
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