Ferrari, "c'était le chaos" en 1990 par rapport à McLaren
Le designer Steve Nichols a été marqué par son passage à Maranello, bien qu'il n'y ait passé que deux ans.
Steve Nichols a connu une riche carrière en Formule 1 d'une quinzaine d'années, passé à deux reprises par McLaren ainsi que Sauber, Jordan et Jaguar… sans oublier la Scuderia Ferrari, qu'il a rejointe avec Alain Prost à l'issue des campagnes 1988 et 1989 outrageusement dominées par McLaren, avec 25 victoires en 32 Grands Prix.
Inutile de dire que Nichols avait des exigences élevées en matière d'éthique de travail, mais ce qu'il a découvert à Maranello n'était manifestement pas au niveau de ses attentes… "C'était très différent, c'était le chaos !", s'exclame l'Américain dans le podcast Beyond The Grid. "Harvey Postlethwaite [directeur technique de la Scuderia dans les années 1980, ndlr] m'a dit : 'Tu sais qu'ils ne vont pas te laisser faire ce que tu veux faire'. 'Pourquoi pas ? C'est sûrement pour ça qu'ils me recrutent'. Mais c'était avéré !"
"On m'a donné ce projet sur cinq ans : on va faire ceci et cela, on va essayer d'améliorer les choses, on va progresser petit à petit, on va apprendre à travailler ensemble et développer cette écurie, l'esprit d'équipe… Chez McLaren, nous avions le même état d'esprit et nous aimions voir nos succès mutuels. Il n'y avait pas cette culture de l'accusation, c'était vraiment un effort commun, c'était presque familial. Il fallait développer la culture de l'équipe, travailler ensemble et avancer dans la même direction : on peut gagner quelques courses la première année, puis la suivante être encore plus compétitif et peut-être après trois ans jouer le titre, voire le remporter au bout de quatre ou cinq ans."
"Et ils étaient atterrés ! Ils ont dit : 'Non, non, on veut gagner la première course, on veut gagner le championnat cette année !' J'ai répondu : 'Alors il faut changer la manière dont on travaille, je viens de McLaren où ils font quasiment tout à la perfection. Il faut être davantage comme ça'. 'Non, on veut gagner des courses, on veut gagner des titres, mais on ne veut pas changer la manière dont on travaille !'"
L'abandon de Jean Alesi au GP du Mexique 1991.
La Ferrari 641 avec laquelle Alain Prost a joué le titre en 1990 avait initialement été conçue par John Barnard avant que Steve Nichols ne prenne le relais de ce dernier, tandis que les suivantes, créées de concert par le directeur technique Nichols et le designer en chef Jean-Claude Migeot, ont eu bien moins de succès, sans la moindre victoire en 1991 et 1992.
Nichols a débarqué dans une écurie en proie à des problèmes de fiabilité majeurs, la boîte de vitesses ayant provoqué pas moins de 12 abandons en 1989. Or, chaque fois qu'une Ferrari avait fini une course cette saison-là, elle était sur le podium…
"Quand je suis arrivé là-bas, j'ai dit : 'Vous avez réussi à rapprocher la voiture du poids minimal avec cette boîte de vitesses semi-automatique complexe, qui est une unité lourde. Votre quête de la réduction du poids a dû être fanatique. Maintenant, la fiabilité. Les voitures ne sont pas fiables, et il faut être fanatique à ce sujet. Il faut maîtriser la fiabilité'", relate Nichols.
"Nous allions faire des essais – on faisait beaucoup de tests à l'époque, quasiment entre chaque course – et l'un des pilotes faisait une distance de course chaque jour. Telle était notre motivation à maîtriser la fiabilité, car nous avions des problèmes de fiabilité du moteur et de la boîte de vitesses." Les pannes se sont raréfiées pendant les deux années passées par Nichols à Maranello mais sont néanmoins restées nombreuses.
Surtout, l'ingénieur originaire de l'Utah a été désagréablement surpris par l'attitude de ses collègues, empêchant tout progrès. "Quand on suit un chemin, s'il y a un nid-de-poule, on le fait remarquer et on l'évite. Mais certains d'entre eux, non seulement ils ne le faisaient pas remarquer mais ils le creusaient ! C'est fantastique. C'est un peu comme un rêve et un cauchemar qui se produisent en même temps", conclut-il.
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