La FIA refuse d'être une "plateforme d'intérêts personnels" des pilotes

Président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem revient sur la récente interdiction des commentaires "politiques, religieux et personnels" des pilotes.

Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA

Le mois dernier, la FIA a révisé son Code sportif international, avec une évolution majeure : les pilotes ont l'interdiction de faire des déclarations ou commentaires "politiques, religieux et personnels" sans autorisation préalable de la fédération.

Cette mesure intervient après que Lewis Hamilton et Sebastian Vettel, entre autres, se sont fréquemment exprimés sur des sujets qui leur tenaient à cœur via leur habillement. Le septuple Champion du monde a notamment porté un tee-shirt dénonçant la mort de Breonna Taylor sous les balles de la police américaine et arboré un casque arc-en-ciel en soutien à la communauté LGBT dans les pays du Moyen-Orient – communauté aussi soutenue par Vettel avec un tee-shirt arc-en-ciel sur la grille de départ en Hongrie. Fervent défenseur du climat également, l'Allemand a mis en garde sur la montée des eaux à Miami avant de dénoncer l'exploitation des sables bitumineux sur son casque au Canada, provoquant le courroux de certains politiques locaux.

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG F1, and Valtteri Bottas, Mercedes-AMG F1, on the grid

Lewis Hamilton arborant un tee-shirt en soutien à Breonna Taylor

C'est probablement ce genre de situation que veut éviter la FIA, via cette modification effectuée avec l'approbation du Conseil mondial du sport automobile, indique le président Mohammed Ben Sulayem.

"Je crois fermement en ce qu'est le sport", déclare Ben Sulayem. "Nous souhaitons construire des ponts. On peut utiliser le sport pour la paix et tout cela. Mais une chose que nous ne voulons pas, c'est que la FIA soit la plateforme d'intérêts personnels et privés. Cela se détournerait du sport."

"Qu'est-ce qu'un pilote fait le mieux ? Piloter. Ils le font très bien, et ils font ce business, ils font ce spectacle, ils sont les stars. Personne ne les en empêche. Il y a d'autres plateformes pour exprimer ce qu'ils veulent. Tout le monde les a. Et ils peuvent tout à fait passer par le processus de la FIA."

Ce processus est défini ainsi par le Code sportif international : les pilotes ne peuvent faire de telles déclarations, "sauf approbation préalable par écrit de la FIA pour les compétitions internationales ou de l'ASN [autorité sportive nationale] compétente pour les compétitions nationales relevant de leur juridiction".

Sebastian Vettel, Aston Martin

Sebastian Vettel et son tee-shirt : "Miami 2060, 1er Grand Prix sous l'eau. Agissez maintenant ou nagez plus tard"

Ben Sulayem ajoute que la FIA "veut juste que notre sport soit propre", puis évoque la campagne contre les abus sur les réseaux sociaux, qui aiderait à "améliorer et nettoyer notre sport". Il nie que la FIA musèle les pilotes, précisant : "J'ai mes propres trucs personnels, OK, mais ça ne veut pas dire que je vais utiliser la FIA pour les faire. J'estime que la FIA devrait être neutre, et nous avons besoin des superstars pour faire de ce sport ce qu'il est. Ils font du super travail quant à la compétition que nous apprécions tous."

L'Émirati indique par ailleurs que ce sont les commissaires de course qui pourront prendre des sanctions dans l'éventualité d'une infraction. "Il y a toujours de la clarté, il y a le processus. S'ils commettent une erreur, c'est comme un excès de vitesse dans les stands : la conséquence est très claire. Certaines pénalités ne sont jamais claires : si quelqu'un pousse les limites au niveau des limites de la piste, c'est très dur. Il faut qu'un commissaire vérifie, regarde à nouveau. Mais les commissaires ont tout le pouvoir, pas le président de la FIA", conclut-il.

Cette mesure a en tout cas été comparée à celle d'une autre organisation internationale majeure, la FIFA, qui avait menacé les joueurs de la Coupe du monde de football d'un carton jaune s'ils portaient pendant les matchs un brassard "One Love" contre les discriminations.

Avec Luke Smith et Mario Galán

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