Fiabilité, budget, Palmer... Maldonado ressasse l'époque Lotus

Pastor Maldonado revient sur son union avec une équipe Lotus-Renault aux abois et certaines difficultés auxquelles il a du faire face et qui lui ont fait perdre le goût de la Formule 1.

Esteban Gutierrez, Sauber C33, envoyé en tonneau par la Lotus E22 de Pastor Maldonado

Esteban Gutierrez, Sauber C33, envoyé en tonneau par la Lotus E22 de Pastor Maldonado

Sutton Motorsport Images

Désormais âgé de 35 ans, Pastor Maldonado a quitté la F1 en 2015, au terme d'une carrière l'ayant vu au départ de cinq saisons, pour un total de 96 Grands Prix. Fait particulièrement marquant dans la carrière d'un pilote F1, le Vénézuélien a connu une seule fois les joies du podium… depuis la première marche, où il fut porté pour l'occasion par Fernando Alonso et Kimi Räikkönen après sa victoire à Barcelone, signée avec Williams en 2012.

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Après son passage chez Williams, Maldonado pensait donner une nouvelle dimension à sa carrière en rejoignant Lotus. Convoité entre autres par l'équipe de Gérard Lopez pour son apport de liquidités avec le pétrolier d'état PDVSA, Maldonado se laissa séduire par le projet de l'équipe d'Enstone, s'attendant à disposer d'une E22 performante et intégrant bien l'unité de puissance Renault.

"J'avais deux options à ce moment-là, Force India et Lotus", se souvient-il dans une interview accordée à Motorsport.com. "C'était un choix très [évident]. Lotus avait des grands noms parmi ses sponsors et [des marques] qui avaient aussi un intérêt dans mon pays, comme Unilever. Il y avait Coca-Cola, Microsoft, beaucoup de bons sponsors, intéressants. Et puis c'était un bon team, anciennement Renault : je connaissais déjà l'usine et certaines personnes qui y travaillaient."

"J'ai signé, je pense, au Brésil ; à la fin du championnat 2013. Mais entre ce moment-là, fin novembre, et début janvier quand je suis arrivé à Enstone, c'était une tout autre équipe. Éric Boullier avait quitté l'équipe, tout le monde était parti. Il y avait peu de personnes, beaucoup de stress, on ne savait pas quoi faire. Un simulateur était à l'arrêt parce qu'il n'y avait pas d'argent pour le réactiver. Et dans le simulateur il n'y avait que deux ou trois pistes, pas toutes, parce que chacune coûtait 20'000€ !"

Une fiabilité désastreuse

Ce fut une découverte difficile pour celui qui n'était pas encore au bout de ses surprises. Avec l'arrivée de l'ère hybride débutait alors un challenge technique de taille pour les teams et motoristes, qui avaient besoin d'éprouver des unités de puissance alors totalement nouvelles. Renault, en particulier, rencontrait des déboires retentissants et ne parvenait visiblement à trouver une certaine efficacité qu'avec Red Bull Racing.

"Au premier test, avoir fait deux tours c'était déjà beaucoup", se remémore Maldonado avec retenue. "La voiture cassait tout le temps pendant qu'elle chauffait au stand. La voiture n'était pas rapide, mais nous n'avons même pas eu l'opportunité de la développer. Nous en sommes arrivés à un stade dans l'équipe où nous voulions juste finir un test ou une course sans avoir rencontré un problème..."

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Les abandons se succédaient et créaient un contexte difficile autour des pilotes, pour qui il était difficile de s'illustrer. "Pendant la moitié de la saison, nous n'avons pas fini les courses à cause de problèmes structurels, mécaniques, ou de l'unité de puissance qui cassait toute seule…" se souvient Maldonado. "Ça a été très dur, d'autant que nous voyions une différence notable avec Red Bull, les seuls qui réussissaient à faire fonctionner le moteur. Et ils ont d'ailleurs gagné une ou deux courses, ils étaient aux avant-postes et se battaient souvent avec Mercedes, alors que nous, très souvent, nous n'arrivions même pas à allumer la voiture. Ça n'est pas que nous étions lents, c'est qu'elle ne démarrait même pas ! Ça crée aussi une ambiance très lourde dans l'équipe. C'était très désagréable d'être là à ce moment-là."

"Le bazar" avec Renault ; Palmer, un choix incompréhensible

Une saison d'agonie, lors de laquelle Maldonado ne vit l'arrivée dans les points qu'en une unique occasion, avec la huitième place au Grand Prix des États-Unis. Seizième au général, le Vénézuélien était bien loin de ses aspirations après une saison 2013 qui avait été conclue au 18e rang avec Williams, et un unique point inscrit. Pourtant, Maldonado demeura avec le team d'Enstone pour la saison 2015. Les premiers points de la saison ne vinrent soulager son bilan comptable qu'à l'occasion de la septième épreuve de la saison, au Canada. Cinq autres arrivées dans les points allaient suivre, pour le faire terminer en 14e position du championnat avec 27 unités.

Quand a-t-il compris qu'il ne resterait pas en 2016 ? "Quand c'est devenu Renault", répond-t-il sans hésiter. "Mais on ne comprenait pas, un jour on me disait oui, le lendemain non. C'était tout le temps le bazar. Et même quand Renault a pris l'équipe en main, ça a été le bazar pendant quelques années. On ne comprenait rien. Ils ont pris Palmer comme pilote… Des choses dont on se dit qu'elles sont incroyables, et même s'il apporte de l'argent. Il y a vraiment eu de mauvaises décisions, tant sur les pilotes que la voiture, ou le staff technique."

"Aujourd'hui, cela semble être une équipe beaucoup plus [sérieuse]. L'argent est arrivé et Renault est une marque qui a de l'expérience, ce n'est pas la première année qu'ils travaillent en F1, ils savent faire les courses. Mais au bout de quelques années, ce n'est qu'aujourd'hui que l'on voit que c'est un peu plus stable. Il faut quelques années pour se reprendre, ce n'est pas si simple. C'était toujours confus, et je ne sais pas si j'étais plus heureux d'être dehors que dedans !"

Propos recueillis par Roberto Chinchero 

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