Cette fin de saison démente qui pourrait servir de leçon à la F1

Le deuxième rendez-vous prévu sur le circuit extérieur de Bahreïn, dans une semaine, offrira un spectacle comme aucun autre au calendrier, et fera office de test pour la réflexion liée aux futurs tracés.

Sebastian Vettel, Ferrari SF90, devant Charles Leclerc, Ferrari SF90, Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W10, Valtteri Bottas, Mercedes AMG W10, Max Verstappen, Red Bull Racing RB15, Kevin Magnussen, Haas F1 Team VF-19, et le reste du peloton au départ

Andy Hone / Motorsport Images

La Formule 1 entre dans la dernière ligne droite de sa saison 2020, et il est remarquable de se dire que, non seulement un calendrier quasi complet a pu être déroulé, mais aussi qu'il s'agissait peut-être de l'un des meilleurs de l'Histoire. Après des années passées à se rendre sans cesse sur les mêmes circuits, ou dans des lieux nouveaux et modernes qui n'ont pas tenu leurs promesses, il a été rafraichissant pour tout le monde d'aller sur des sites qui se sont montrés à la hauteur des attentes. Le Mugello et Portimão ont offert d'excellentes premières, tandis que le Nürburgring, Imola et Istanbul ont tous proposé du spectacle pour des raisons différentes faisant qu'ils méritent leur place au calendrier.

Il n'est pas vraiment surprenant que Max Verstappen, toujours très direct, ait récemment suggéré que certains des meilleurs circuits de la saison 2020 devaient obtenir une place à l'avenir au détriment de certains Grands Prix ennuyeux. "J'ai toujours dit que 23 Grands Prix, c'était beaucoup", a rappelé le pilote Red Bull. "Les choses doivent changer si nous voulons faire de nombreuses courses par an. La Formule 1 essaie de tout organiser, mais on ne peut pas continuer comme ça trop longtemps. Je préfèrerais faire 20 Grands Prix et supprimer certains circuits qui ne sont pas intéressants du tout. Mais il y a naturellement une raison évidente pour laquelle ils prennent une décision différente…"

Max Verstappen, Red Bull Racing, in the post Qualifying Press Conference

L'argent est bien sûr un critère. Les trous causés par la crise du coronavirus dans la trésorerie de Liberty Media doivent en partie être comblés par des revenus issus des Grands Prix : les propriétaires de la F1 ne peuvent donc pas se permettre de rééditer la saison 2020, lors de laquelle le simple fait d'aller sur un circuit suffisait. Cependant, à l'heure de rejoindre Bahreïn pour deux Grands Prix, peut-être sommes-nous à l'aube d'un moment décisif de l'année, avec beaucoup de curiosité qui entoure ce que l'on pourrait attendre de la deuxième course, organisée sur le tracé extérieur. Ce tracé très court, surnommé "presque ovale" par le patron sportif de la F1, Ross Brawn, est tellement étonnant qu'il est difficile de croire que la F1 a eu le courage de l'approuver.

La piste de 3,543 km ne ressemble à aucune autre visitée par la F1 auparavant. Sa nature compacte, le peu de virages et la probabilité de voir des incidents entre les monoplaces vont probablement engendrer un buzz autant qu'une vague de critiques. Après l'avoir testé sur le simulateur, George Russell a prédit que ce serait "de la folie". "Je trouve ça enthousiasmant car les chronos vont être extrêmement serrés", a précisé le pilote Williams. "Je pense que tout le monde se tiendra probablement en une seconde en qualifications, ce qui signifie que si l'on fait une petite erreur, on peut perdre beaucoup de places le samedi."

Il s'agira d'un week-end durant lequel les équipes devront être sur le pied de guerre afin de positionner les monoplaces correctement dans le trafic, tandis que les pilotes devront rester alertes pour maximiser les opportunités qu'ils auront. On pourrait assister à un week-end comme celui en Turquie, où les aptitudes des pilotes sur une piste avec très peu d'adhérence ont mené à une épreuve qui n'était pas uniquement dictée par le fait d'avoir la meilleure voiture. Le talent passait au premier plan, et c'est toujours une bonne chose.

Il paraît inévitable que le week-end sur le circuit extérieur de Bahreïn soit chaotique. Avec des chronos estimés autour de 55 secondes, il y aura un rythme différent en essais comme en course. Il sera beaucoup plus difficile que d'habitude de trouver l'air propre si crucial en qualifications. En course, une chute majeure des performances pneumatiques pourrait mener un pilote à rapidement se retrouver à un tour. Les lignes droites, avec une zone DRS effective, rendront aussi plus compliqué le fait de creuser l'écart.

Un circuit bien plus court que la normale, un pourcentage très élevé de lignes droites, et une grille exceptionnellement resserrée au niveau des chronos : la moindre petite erreur en qualifications pourrait être sanctionnée très durement. Perdre un dixième dans un virage à Spa-Francorchamps n'est pas si important quand il y en a beaucoup d'autres pour se reprendre, mais à Bahreïn, avec seulement trois séquences de virages, la différence pourrait être infime entre être éliminé en Q1 ou accéder à la Q3.

Carlos Sainz Jr., McLaren MCL34

Ce week-end promet de sortir la F1 de sa zone de confort, sur un circuit qui a tous les avantages d'une piste moderne (d'excellentes infrastructures et de bonnes conditions de travail pour les équipes) sans la familiarité d'un tracé plus traditionnel. Il y aura des plaintes des pilotes qui seront piégés dans le trafic, oui qui seront les perdants du chaos, mais le fait que la F1 affiche sa volonté d'expérimenter quelque chose de différent devrait servir de modèle pour le futur.

Verstappen a raison de dire que certains Grands Prix du calendrier n'apportent rien de plus, et qu'il faudrait corriger cet aspect alors que le programme va se densifier au fil des années. Avec un calendrier de 23 épreuves, le risque de dilution est élevé et de nombreux Grands Prix pourraient être considérés comme sans intérêt par le public s'ils ne présentent pas d'arguments forts suscitant l'intérêt. Si l'on pense à Monaco, Bakou, Singapour, Spa et Monza, chacun a un tracé complètement différent qui donne une bonne raison de regarder et de voir comment l'épreuve va se dérouler. Avoir des lieux qui se répètent, avec des circuits presque identiques qui n'offrent rien d'unique, n'est pas la bonne réponse pour provoquer un intérêt soutenu.

La F1 savait qu'elle devait faire quelque chose de différent cette année lors des Grands Prix consécutifs sur un même circuit (différents types de pneus à Silverstone, différents tracés à Bahreïn). De la même manière, elle devrait éviter de choisir des pistes trop similaires pour son calendrier. Le "presque ovale" de Bahreïn devrait, espérons-le, démontrer que la F1 ne doit pas avoir peur d'essayer des choses différentes, y compris le fait de rouler sur des circuits qui n'auraient soi-disant pas le "véritable ADN" pour la F1. Si la deuxième course à Bahreïn offre ne serait-ce que la moitié du spectacle auquel nous nous attendons, le choix sera justifié et encouragera les dirigeants de la F1 à réfléchir hors des sentiers battus pour la suite.

Des étincelles sur la McLaren MCL34 de Carlos Sainz Jr, qui précède George Russell, Williams Racing FW42, et Robert Kubica, Williams FW42

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