Force India a trouvé Ocon "phénoménal"

Avez-vous remarqué un changement en Sergio cette année, avec le départ de Nico Hülkenberg et l'équipe souhaitant faire de Sergio son point de référence ?

Il a naturellement assumé le rôle de leader de l'équipe, ne serait-ce qu'en raison du manque d'expérience d'Esteban avec l'équipe. Ce qui était plus dur pour nous cette année, c'est que tout a changé : les pneus étaient différents, la voiture était complètement différente, et nous avions un nouveau pilote. Il aurait été plus facile d'avoir Esteban 12 mois plus tôt et de l'intégrer. Sergio a pu compter sur son expérience – nous nous appuyions très fortement sur Sergio au début. Mais il s'agissait en grande partie de construire l'expérience et la confiance en Esteban, et qu'Esteban prenne ses marques, ce qu'il a fait très rapidement, heureusement. Excluons les qualifications de Melbourne, qui ont été très difficiles pour l'équipe et pour lui en particulier ; à partir de là, ce qu'il a réussi à faire est vraiment impressionnant. Il travaille extrêmement dur, il épouse notre mode de travail, et il a vu Sergio travailler dur.

De l'extérieur, les gens ne pensent pas que Sergio travaille dur – il a cette charmante attitude insouciante – mais il est venu ici motivé à s'assurer que sa carrière tourne bien, et son éthique de travail est impressionnante. Je pense qu'Esteban l'a vu : Sergio sait sur quels domaines se focaliser, comment travailler avec les gens. Nous avons trouvé Esteban phénoménal. De temps à autre, nous devons nous rappeler son manque d'expérience. C'est sa chance, et il n'a absolument rien laissé au hasard.

Comment Esteban est-il parvenu à progresser de façon si impressionnante et si rapide ?

Le contrôle naturel de la voiture et le talent pur étaient là depuis le début. Mais sa capacité à travailler avec les ingénieurs et avec un groupe de personnes est naturelle également. C'est quelqu'un d'attachant. Il observe Sergio, qui est également bon dans ce domaine – il comprend comment ça fonctionne pour lui, et se dit qu'il veut faire pareil. Beaucoup de gens sous-estiment la valeur du coéquipier. Je pense qu'Esteban a beaucoup de chance d'avoir Sergio comme référence.

Sergio semble être un pilote très complet désormais.

Il est vraiment à l'apogée de sa carrière. Pour lui, c'est la phase où la constance est au rendez-vous en qualifications et en course. Nous l'avons vu lors des 24 derniers mois, si ce n'est plus. Nous sommes très, très contents d'avoir Sergio ici, et c'est génial qu'Esteban le pousse dans ses retranchements à ce point.

Quelles caractéristiques avez-vous remarquées dans le pilotage d'Esteban ? Comment se compare-t-il à Hülkenberg et à Sergio ?

Je pense que le style de pilotage naturel d'Esteban est plus proche de celui de Nico Hülkenberg que de celui de Sergio. Sergio est un pilote dont le véritable point fort est sa gestion naturelle des pneus arrière : le contrôle de l'accélération, de la glisse des pneus arrière en entrée et en sortie de virage. Il a une très bonne sensation des pneus arrière. Il y parvient en partie en malmenant beaucoup les pneus avant. Leurs styles de pilotage ne sont pas si différents que ça, mais il est clair qu'Esteban serait plus proche de Nico, même si je dirais qu'Esteban est un peu plus proche de Sergio [que l'était Nico]. Beaucoup de jeunes pilotes ont tendance à être naturellement durs avec tout, et parfois, avec la génération actuelle de gommes Pirelli, ce n'est pas la meilleure approche. Mais ce qui est bien avec Esteban, c'est qu'il a très, très vite trouvé le bon équilibre.

Nos deux pilotes ont fait du travail vraiment impressionnant cette année, c'est pour ça qu'ils ont marqué à peu près le même nombre de points. Il n'y a pas grand-chose qui les sépare. Quand nous sommes arrivés à Spa, qui était dans les faits la fin de sa première année complète, Esteban a haussé son niveau de jeu, je pense. Nous comparons souvent leur télémétrie, et il n'y a rien qui les sépare. Personnellement, j'ai hâte d'être à l'an prochain pour voir comment ça se passera, parce qu'ils se rendent tous les deux compte que l'autre est sacrément bon !

Il y a eu plusieurs moments de tension entre eux, de Montréal à Spa. Quelle en est la source, et pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour les surmonter ?

Au début de l'année, il était important pour chacun de prendre l'avantage sur l'autre. Sergio avait la pression de ne pas se faire battre par le jeune loup ; Esteban essayait de montrer à Mercedes et au reste du monde qu'il avait le talent pour être meilleur que son expérimenté coéquipier. Cela allait forcément être féroce. Parce que Sergio et Nico étaient à un stade similaire de leur carrière, il n'y avait pas ce même besoin de s'établir. Beaucoup de gens d'écuries rivales m'ont dit que c'était un désastre et que ça avait été vraiment mal géré, mais si l'on regarde d'autres équipes – certaines avec un très bon pilote et un très mauvais – nous avons eu une phase légèrement difficile, mais c'étaient des problèmes agréables à avoir. Ce qui est bien, c'est qu'ayant traversé tout ça et vu comment l'équipe a réagi, les pilotes ont vraiment changé – leur relation est meilleure qu'au début de la saison.