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C'était un 27 juin : Frentzen vainqueur avec une jambe cassée

Heinz-Harald Frentzen a été l'outsider inattendu en 1999, et sa première victoire cette année-là a été obtenue dans des conditions difficiles, avec une blessure dont il n'avait pas conscience.

Heinz-Harald Frentzen. Jordan 199

Charles Coates / Motorsport Images

Après s'être fait remarquer chez Sauber durant les premières années de sa carrière, Heinz-Harald Frentzen a remplacé le Champion du monde en titre, Damon Hill, chez Williams en 1997. Mais il n'y a remporté qu'une victoire contre sept pour son équipier Jacques Villeneuve, et a terminé loin du Canadien, titré cette année-là. Frentzen n'a dû sa place de vice-Champion qu'au déclassement de Michael Schumacher suite à l'incident de Jerez.

Heinz-Harald Frentzen, Williams FW19 /p>
Ralf Schumacher, Williams FW21, Heinz-Harald Frentzen, Jordan Mugen Honda 199

En 1999, après que Williams a perdu le soutien de Renault, Frentzen a rejoint Jordan, remplaçant dans l'équipe irlandaise Ralf Schumacher, qui effectuait le chemin inverse. Perçu comme un pilote ayant besoin de soutien de la part de son employeur, plutôt que d'autorité, l'Allemand s'est très bien intégré dans une équipe baignée par l'esprit bon enfant d'Eddie Jordan, loin de l'ambiance très clinique instaurée par Frank Williams et Patrick Head. "C'était une grande saison avec Jordan", se souvient HHF. "Nous avions des relations fantastiques et nous avons pu nous battre pour le titre quand personne ne s'y attendait."

Très en forme en début de saison, Frentzen a concrétisé par une victoire en France, deux semaines seulement après un énorme accident au Canada. Lors d'une course difficile à Montréal, marquée par quatre interventions de la voiture de sécurité, une rupture de freins l'avait envoyé dans les barrières à quatre tours de l'arrivée alors qu'il visait la deuxième place. Le choc latéral fut d'une violence impressionnante.

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"L'impact m'a brièvement sonné et mon genou gauche saignait, mais ma jambe droite semblait aller bien", se souvient le pilote. "Il n'y avait aucun signe visuel [de blessure], mais ma jambe droite avait tapé contre la paroi. Ma rotule avait un millier de microfractures, et l'un des os de ma jambe était complètement fendu en son centre. Quand ils m'ont fait sortir de l'hôpital, je ne pouvais pas marcher car ma rotule appuyait sur la jambe cassée."

Il admet avoir grandement souffert de cette blessure dans les jours qui ont suivi l'accident : "C'était extrêmement douloureux, je ne pouvais même pas dormir avec une couverture sur ma jambe droite, mais ça ne m'a pas empêché de piloter la voiture, et ça n'a pas affecté ma concentration. Ça me faisait simplement mal quand j'étais à fond sur l'accélérateur, mais sous la pluie, je n'avais pas beaucoup besoin d'écraser l'accélérateur."

Heinz-Harald Frentzen, Jordan 199 Mugen Honda
Heinz-Harald Frentzen. Jordan 199
Heinz-Harald Frentzen, Jordan Mugen Honda 199
Heinz-Harald Frentzen, Jordan
Heinz-Harald Frentzen, Jordan 199

Cela tombait bien, puisque le week-end suivant s'est majoritairement déroulé sur une piste détrempée : "Un Grand Prix de France pluvieux et humide, et sans que je ne le remarque à l'époque, j'ai gagné avec une jambe cassée !" Après une séance de qualifications étrange et perturbée par une météo capricieuse, Rubens Barrichello avait signé la pole position avec sa Stewart, devant la Sauber de Jean Alesi et la Prost d'Olivier Panis. Frentzen, quant à lui, partait cinquième.

"La course a débuté sur le sec, mais il s'est mis à pleuvoir durant le septième ou le huitième tour", poursuit l'Allemand. "Nous avions des réglages qui, sur le sec, n'étaient pas idéaux. La voiture bougeait ici et là, donc nous avions quelques difficultés aérodynamiques. Le week-end avait été gâché par la météo et quand nous avons débuté sur le sec, j'ai pensé 'nous sommes partis dans la mauvaise direction'. Puis il s'est mis à pleuvoir, et toute la situation nous est devenue favorable."

Cette époque était celle des courses avec ravitaillement en essence, et le fait que les conditions météorologiques évoluent lentement étaient un énorme avantage pour optimiser sa stratégie. Dans le cas de Frentzen, son équipe a décidé de lui faire le plein de carburant lorsqu'il a enfin mis les pneus pour la pluie.

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"En début de saison, les gens demandaient pourquoi nous avions un si gros réservoir d'essence, mais la vraie question était, qui avait le plus gros ? À cette époque, la stratégie à un arrêt était la plus rapide, mais il fallait le faire après la mi-distance, et c'était dicté par la taille du réservoir. Bien sûr, avoir un gros réservoir avait un impact sur la répartition du poids, l'empattement, etc. Nous avions une bonne voiture pour faire un seul arrêt, mais quand cet arrêt arrivait aussi tôt, j'avais l'impression que ça durait une éternité, assis à attendre que tout le carburant soit injecté. Je n'avais pas réalisé à ce moment que lorsqu'ils ont dit 'on va te faire le plein', ils voulaient dire plein, plein, plein !"

Une voiture remplie au maximum avait évidemment plus de difficultés à se remettre dans le rythme mais Jordan basait sa stratégie sur le résultat final : "Quand je suis ressorti, la piste était vraiment humide et tous les gars glissaient dans tous les sens. La voiture de sécurité a dû intervenir et je me demandais combien de carburant on avait par rapport aux autres."

"La forte pluie est passée, la course a été relancée et je glissais encore beaucoup, même si je savais que les réglages allaient être en notre faveur sous la pluie. Mika Häkkinen m'a dépassé assez facilement, je n'arrivais pas à le suivre, il était plus rapide d'environ trois ou quatre dixièmes au tour. Mais à dix boucles de l'arrivée, tous mes rivaux comme Mika et Rubens s'arrêtaient, et je n'en avais pas besoin. J'ai pensé 'désolé les gars, mais c'est pour ça que j'avais des difficultés tout à l'heure !' Nous avons décidé d'être prudents durant les derniers tours, mais on a constaté après la course que l'on aurait pu aller à fond durant le relais entier."

Ce pari gagné a permis à Heinz-Harald Frentzen de s'imposer avec plus de 11 secondes d'avance sur la McLaren de Häkkinen, tandis que Barrichello et sa Stewart complétaient le podium à plus de 40 secondes. S'interrogeant sur son état de santé et sur la douleur persistante, Frentzen est allé passer des examens complémentaires : "Après la course, j'ai passé un scanner complet et détaillé de ma jambe droite, et les docteurs n'arrivaient pas à croire au nombre de fractures qu'ils voyaient. J'ai encore la photo à la maison."

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