Quand la gestion des pneus était "étrangère" à Hamilton
La première saison de l'ère Pirelli avait probablement été la plus difficile de la carrière de Lewis Hamilton, en raison d'une gestion des pneus ardue.

En quatorze saisons de Formule 1, Lewis Hamilton n'a été battu par son coéquipier que deux fois. Il y a eu la fameuse année 2016, où le titre mondial lui a échappé pour cinq petits points face à Nico Rosberg, mais aussi la campagne 2011, la première de l'ère des pneus Pirelli à dégradation rapide. Le pilote McLaren n'y est monté que six fois sur le podium – à peine mieux qu'en 2009 ou qu'en 2013 – tandis que son coéquipier Jenson Button se classait dans le top 3 à douze reprises et accrochait même le titre honorifique de vice-Champion derrière l'intouchable Sebastian Vettel.
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"En 2011, Pirelli est arrivé, et cela a changé le pilotage nécessaire en course", analyse Mark Temple, ingénieur chez McLaren depuis 2003, dans le podcast F1 Nation. "L'idée selon laquelle il fallait rouler lentement pour aller vite était étrangère à Lewis. C'était une année difficile pour lui en dehors – il se passait beaucoup de choses dans sa vie – mais ce point particulier lui a vraiment donné du fil à retordre plus que tout à ce moment-là. D'autant que son coéquipier était Jenson [Button], le maître en la matière quand il s'agit d'aller vite en roulant lentement. Cela l'a un peu déstabilisé."
En effet, c'était globalement une période compliquée pour Hamilton, qui avait connu des hauts et des bas dans sa relation avec sa compagne Nicole Scherzinger, avait critiqué les nombreuses pénalités que lui infligeaient les commissaires et, après le Grand Prix de Belgique, avait tweeté la télémétrie de son coéquipier pour se plaindre d'une différence entre ses réglages et ceux de Button… sans se rendre compte qu'il s'agissait en réalité des données du pilote d'essais Oliver Turvey.

La gestion des pneus Pirelli était toutefois son plus gros problème, même si un moment "Eurêka !" a eu lieu au Grand Prix d'Espagne 2012, où il a largement signé la pole position avant d'être rétrogradé à la 24e et dernière place de la grille en raison d'une quantité de carburant insuffisante dans son réservoir. Cela ne l'a pas empêché de remonter au huitième rang, devant Button, grâce à une stratégie à deux arrêts qu'il est le seul pilote du plateau à avoir fait fonctionner.
"C'est à Barcelone qu'il a connu cet eurêka", poursuit Temple. "En 2011, il résistait au besoin d'aller plus doucement pour gérer les pneus d'une manière particulière, mais en 2012 à Barcelone, [après] cette fantastique pole position, nous avons été rétrogradés en fond de grille à cause d'une erreur dans la quantité de carburant en qualifications."
"Le seul moyen de doubler à Barcelone – on ne peut pas dépasser – est de faire mieux que tout le monde quant à la gestion des pneus, et cela a été une sorte de déclic. Il s'est concentré là-dessus, a renversé la situation, et à partir de cette course, pendant le reste de cette année-là et de sa carrière, il a vraiment compris l'importance de cet aspect."
Temple a été particulièrement impressionné par cette remontée de Hamilton dans des conditions difficiles. "D'une certaine manière, c'est typique de Lewis : il est à son meilleur niveau quand il est mis en difficulté. S'il connaît un mauvais vendredi, son coéquipier peut s'inquiéter pour samedi. S'il connaît un mauvais samedi, son coéquipier peut s'inquiéter pour dimanche. Il y a un peu de stress, de frustration, il se plaint à la radio – nous avons tous entendu Lewis à la radio – mais il évacue tout ça, il s'y met, et à l'étape suivante, il débarque et il domine", conclut-il.

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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Pilotes | Lewis Hamilton |
Équipes | McLaren |
Auteur | Benjamin Vinel |
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