GP de France - Quand Alain Prost était prophète en son pays

Seulement battu ensuite par Michael Schumacher au nombre de victoires en France, Alain Prost remporta à six reprises son Grand Prix national, sur trois tracés différents.

Podium : le vainqueur Alain Prost, Renault, le 2e John Watson, McLaren, le 3e Nelson Piquet, Brabham

Photo de: LAT Images

Le retour du GP de France en 2018

Le Grand Prix de France de Formule 1 fera son retour en 2018 sur le circuit du Paul Ricard. L'occasion de se plonger dans l'histoire de ce Grand Prix !

Dijon, 5 juillet 1981 - Renault RE30

Alain a remporté sa première victoire en F1 dans son Grand Prix national après un joli retournement de situation. L’année précédente, pour ses débuts devant le public français sur une modeste McLaren-Ford, il s’était qualifié à une étonnante septième place avant de devoir renoncer rapidement en course.

En 1981, Renault avait connu un début difficile avec une évolution de sa RE20 de la saison précédente, et la nouvelle voiture n’était apparue que pour la cinquième course, en Belgique. À Dijon, pour sa quatrième sortie, René Arnoux signa la pole à son volant, tandis que Prost se qualifiait troisième.

Alain Prost, Renault RE30
Alain Prost, Renault RE30

Photo de: LAT Photographic

Mieux parti que son équipier qui avait raté son envol, Prost se retrouva vite deuxième après avoir passé la McLaren de son ex-équipier, John Watson, mais ne put rien faire face à la Brabham d’un Nelson Piquet dominateur… jusqu’à ce que la course soit interrompue, pour cause de pluie, au 58e des 80 tours.

Prost s’envola dès le deuxième départ et fonça vers son premier succès. Il allait en remporter deux autres plus tard dans la saison, aux Pays-Bas et en Italie, et rester en lice pour le titre mondial jusqu’à l’avant-dernière course du Championnat.

Paul Ricard, 17 avril 1983 - Renault RE40

Alain Prost a dominé cette année-là un Grand Prix avancé en début de saison et disputé sous un ciel gris devant à peine 30 000 spectateurs.

Du fait du nouveau règlement interdisant les “jupes”, l’équipe Renault avait été contrainte d’accélérer la mise au point de la nouvelle RE40 car la RE30C adaptée à la va-vite n’avait pas été compétitive du tout lors du premier Grand Prix. Le Paul Ricard, troisième rendez-vous du calendrier, marquait donc sa deuxième apparition. Qu’à cela ne tienne : Prost et son jeune coéquipier américain, Eddie Cheever, se qualifièrent sur la première ligne.

Alain Prost, Renault RE40
Alain Prost, Renault RE40

Photo de: LAT Photographic

Prost domina totalement le dimanche et s’imposa après s’être arrêté au stand à la moitié de la course pour ravitailler - une première pour lui. Ironie du sort, il devança ce jour-là Nelson Piquet dont l’équipe, Brabham-BMW, avait justement remis les ravitaillements au goût du jour l’année précédente.

Personne ne gagna plus de courses cette année-là que Prost, quatre fois vainqueur. Mais il perdit le titre pour deux points face à son rival brésilien, et sa collaboration avec Renault allait s’achever dans l’amertume.

Paul Ricard, 5 juillet 1988 - McLaren-Honda MP4/4

Passé dans l’écurie McLaren “new-look” de Ron Dennis en 1984, Alain Prost remporta deux titres de Champion du monde en 85 et 86 mais dut attendre cinq ans avant de s’imposer à nouveau au Grand Prix de France. Ce fut chose faite en 1988, sur la fabuleuse MP4/4, et avec la manière.

La MP4/4, donc, dessinée par Steve Nichols (avec la collaboration de Gordon Murray, le créateur génial des Brabham) et équipée du meilleur moteur du plateau, le V6 Honda turbocompressé, était littéralement l’arme absolue. Seul hic pour Prost : la présence à ses côtés d’un certain Ayrton Senna, sans doute le meilleur équipier qu’il ait eu à côtoyer et à… affronter.

Alain Prost, McLaren MP4/4 Honda
Alain Prost, McLaren MP4/4 Honda

Photo de: LAT Photographic

Prost et Senna avaient remporté les six premières courses de la saison (trois chacun). Mais alors que le jeune Brésilien avait signé toutes les poles jusque-là, son aîné lui colla pas moins d’une demi-seconde lors des qualifications !

En course, retardé par un arrêt au stand calamiteux, Prost revint sur son équipier pour le passer finalement à la sortie de la Courbe de Signes, qui suit la longue ligne droite du Mistral, profitant de la présence d’un pilote retardataire. Une manœuvre magistrale.

Paul Ricard, 9 juillet 1989 - McLaren-Honda MP4/5

Si la première année de cohabitation entre Prost et Senna, conclue sur le premier titre du Brésilien, s’était déroulée dans une ambiance relativement saine, leur relation s’était tendue nettement dès les premières courses de 1989. En revanche, leur domination était toujours la même, ou presque.

Le V10 Honda atmo avait remplacé le V6 Honda turbo. McLaren avait remporté quatre courses sur six avant le Castellet, mais Senna comptait trois succès contre un seul à Prost.

Comme 12 mois auparavant, l’air du pays sembla réussir au Français qui signa sa première pole position de la saison - mais cette fois avec 25 millièmes d’avance seulement. Dimanche, débarrassé de son rival contraint à l’abandon dès le premier tour, il connut une course sans souci et triompha sans jamais avoir été menacé.

Podium : le vainqueur Alain Prost, McLaren Honda, le second Nigel Mansell, Ferrari, le troisième Riccardo Patrese, Williams Renault, avec le président de la FIA, Jean-Marie Balestre
Podium : le vainqueur Alain Prost, McLaren Honda, le second Nigel Mansell, Ferrari, le troisième Riccardo Patrese, Williams Renault, avec le président de la FIA, Jean-Marie Balestre

Photo de: LAT Photographic

Pourtant, cette victoire ne changea rien à la situation du Saint-Chamonais dans une équipe dont il avait annoncé trois jours plus tôt, lors d’une conférence de presse, qu’il la quitterait sitôt la saison terminée. Prost trouvait la rivalité avec Senna de plus en plus malsaine et se sentait, à tort ou à raison, délaissé par l’écurie.

Bien que n’ayant remporté que quatre victoires contre six à Ayrton, il quitta McLaren sur un troisième titre.

Paul Ricard, 8 juillet 1990 - Ferrari 641

Alain Prost remporta en juillet 1990 sa troisième victoire consécutive au Grand Prix de France, la quatrième sur le circuit Paul Ricard (avec celle de 1983), la cinquième en tout (n’oublions pas 1981). Mais celle-ci fut unique car acquise sur une Ferrari.

Après son divorce d'avec McLaren, on avait parlé de Williams-Renault comme d’une destination possible pour Prost. Mais il signa finalement pour la Scuderia, managée à l’époque par Cesare Fiorio (le Commendatore Enzo Ferrari était décédé en 1988). Il arriva dans le sud de la France avec déjà deux succès à son actif, au Brésil et au Mexique - ce dernier obtenu deux semaines avant le Ricard au terme d’une incroyable remontée).

Alain Prost, Ferrari l'emporte
Alain Prost, Ferrari l'emporte

Photo de: LAT Photographic

Quatrième sur la grille, celui qui était alors triple champion du monde perdit deux places au départ puis remonta régulièrement jusqu’en deuxième position derrière le surprenant Ivan Capelli sur sa Leyton House (ex-March).

Prost passa le dernier quart de la course dans le sillage de l’Italien. Et il finit par trouver l’ouverture à deux tours et demi de l’arrivée, privant le jeune pilote d’un véritable exploit. Ferrari n’avait plus gagné le Grand Prix de France depuis 1975 !

Magny-Cours, 4 juillet 1993 - Williams-Renault FW15C

En 1991, pour l’inauguration du nouveau tracé de Magny-Cours, Alain Prost avait disputé en France sa meilleure course d’une saison difficile mais s’était incliné face à Nigel Mansell et sa Williams-Renault, encore vainqueurs l’année suivante.

Absent des circuits en 1992, le Français était de retour en 93… à la place de Mansell chez Williams-Renault. Comme l’Anglais et Riccardo Patrese, 12 mois plus tôt, Prost, sur la route de son quatrième titre, et Damon Hill signèrent un doublé incontestable. Il faut dire que, comme 12 mois plus tôt là encore, les consignes de non-agression étaient bien passées…

Alain Prost, Williams FW15C Renault
Alain Prost, Williams FW15C Renault

Photo de: LAT Photographic

Avec cette sixième victoire dans son Grand Prix national, Alain Prost établissait un nouveau record. Seul Michael Schumacher allait l’égaler en 2002, le dépasser en 2004, et faire le “break” en 2006. Sur un total de 13 participations, Prost compte aussi trois deuxièmes places (en 1982, 86 et 91) et deux troisièmes places (en 1985 et 87), ainsi qu’une esseulée septième place (en 1984) et un unique abandon (en 1980).

Six succès obtenus avec quatre écuries différentes (Renault, McLaren, Ferrari, Williams) et sur trois circuits différents (Dijon, Ricard, Magny-Cours) : Alain Prost était bien prophète en son pays.

Article publié initialement dans le numéro de juillet 2008 de F1 Racing France.

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