Les Grands Prix de F1 en décembre ? Une rareté !

Avec la course du Grand Prix d'Abu Dhabi qui se tient ce dimanche 1er décembre, la Formule 1 renoue avec une particularité rare de son Histoire, à savoir finir la saison lors du dernier mois de l'année. Retour sur les expériences passées.

Jack Brabham pousse sa Cooper-Climax lors du dernier tour

Jack Brabham pousse sa Cooper-Climax lors du dernier tour

Hazel PR

Pour la première fois depuis 56 ans, une course comptant pour le Championnat du monde de F1 se tient en décembre. Retour sur trois raretés de l'Histoire de la discipline reine. 

1959 - Brabham, le triomphe et l'évanouissement

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L'ultime épreuve de la saison 1959 du Championnat du monde de F1 se tient à Sebring, le 12 décembre. Le circuit, fondé sur un aéroport actif par Alec Ulmann, père de l'Endurance américaine, accueille depuis 1952 les fameuses 12 Heures. Conquis par cette réussite, ainsi que par celle d'autres courses aux États-Unis, il réussira à attirer le grand cirque de la discipline reine. Mais l'épreuve n'est absolument pas un succès populaire, au contraire. Les infrastructures et l'organisation ne sont pas adaptées au barnum qu'est déjà la F1 et la piste reçoit peu de retours positifs. De plus, tenue trois mois après l'épreuve précédente, le GP d'Italie, elle crée un trou énorme dans le calendrier et n'a sans doute dû sa "survie" qu'au fait que le championnat n'était pas joué.

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Trois pilotes sont en lice : Jack Brabham (sur Cooper) en tête avec 5,5 points d'avance sur Stirling Moss (Cooper) et 8 sur Tony Brooks (Ferrari). Qualifié derrière Moss, en pole, Brabham prit rapidement le commandement. Moss abandonnera très vite, victime de problèmes de boîte de vitesses. Le titre quasiment assuré, car Brooks doit absolument gagner mais a perdu deux minutes en début de course sur un arrêt au stand, Brabham ralentit la cadence pour attendre Bruce McLaren, son équipier, alors que les abandons se multiplient.

À l'entame du dernier tour, Maurice Trintignant (Cooper) a fondu sur le duo. Deux virages avant la fin, la Cooper de Brabham commence à ralentir : lui qui se dirigeait vers une victoire tout en contrôle tombe en panne d'essence ! Sa T51 s'arrête finalement à un peu moins de 400 mètres de la ligne d'arrivée. McLaren l'emporte pour six dixièmes face à Trintignant, le Français étant le dernier à empocher un point pour le meilleur tour en course avant Valtteri Bottas au GP d'Australie 2019. Brabham a le titre en poche mais tient à passer sous le drapeau à damier : il va pousser sa monoplace de 700 kg sous la chaleur de la Floride et, moins de cinq minutes après son équipier, il passera la ligne quatrième, épuisé, avant de s'évanouir pour de bon. Entre-temps, Brooks se sera emparé de la troisième place.

1962 - Hill et Clark, le face à face du premier sacre

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Exit Sebring qui n'aura duré qu'une saison, le mois de décembre de la F1 se poursuivra en Afrique du Sud, sur le Circuit Prince George (ou d'East London), trois saisons plus tard. Il s'agit de la première visite de la discipline dans ce pays dans le cadre du Championnat du monde, mais pas sur le continent puisque le Maroc a accueilli un Grand Prix en 1958. 

La course se tient entre Noël et le Réveillon, le 29 décembre, et deux pilotes sont en lice pour leur première couronne mondiale : Graham Hill qui arrive en tête et Jim Clark second. Cependant Clark a son destin en main : s'il l'emporte, il sera Champion quoi qu'il arrive. Le pilote Lotus met toutes les chances de son côté en signant la pole, trois dixièmes devant Hill (BRM). Clark réussit un départ parfait, sans patinage, alors que son rival ne peut pas en dire autant. Les deux hommes s'échappent rapidement.

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Cependant, le pilote BRM n'a pas le rythme pour suivre l'Écossais et Clark se construit une avance confortable. À mi-course, soit au 41e des 82 tours, 27 secondes séparent les prétendants au titre mondial. On semble se diriger vers un inéluctable succès quand, à vingt boucles du drapeau à damier, une fumée bleutée s'échappe de la Lotus 25 qui maintient malgré tout son rythme encore deux tours. Mais au 64e passage, Clark doit s'immobiliser au stand. C'est fini. Le responsable ? Le simple oubli d'une rondelle de blocage qui a laissé un boulon du carter s'échapper et provoqué une fuite d'huile.

Le titre assuré pour Hill, il rallie l'arrivée sans problème pour s'offrir la victoire, son premier titre et également le premier et seul sacre pour BRM en Formule 1. Cinquante secondes derrière lui, Bruce McLaren et le Sud-Africain Tony Maggs, tous deux pilotes Cooper, franchiront la ligne pour compléter le podium.

1963 - Un 7/10 pour Jim Clark

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Un an plus tard, au moment où le paddock pose de nouveau ses valises à East London, de nouveau en décembre (avec une course le 28 cette fois), la messe est dite depuis longtemps. Clark et Lotus sont Champions depuis le GP d'Italie, la septième des dix manches de la saison, qui a eu lieu le... 8 septembre ! Il faut dire que le protégé de Colin Chapman survole la saison et qu'aucun pilote ne lui arrive à la cheville. Avant la dernière manche, il compte six victoires et six poles.

Et il ajoutera une unité à chacun de ces totaux. Auteur de la pole pour un et deux dixièmes devant les Brabham de Jack Brabham et de Dan Gurney, Clark va voir l'Australien prendre l'avantage au départ. Mais cela ne durera pas longtemps : l'Écossais repasse en tête avant même la fin du premier tour et va débuter un show comme il en a le secret. Au bout de 10 tours, il compte déjà 11 secondes d'avance sur Gurney et va irrémédiablement creuser l'écart. Après 2h10 de course, il franchit la ligne pour la 85e et dernière fois avec une minute et sept secondes d'avance sur l'Américain. Il s'est même offert le luxe de prendre un tour au troisième, un certain... Graham Hill (BRM).

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Cette course, menée de bout en bout par Clark, est un résumé d'une saison majestueuse : sept poles, neuf podiums et sept victoires en dix GP. Un ratio de victoires de 70% que deux hommes seulement ont atteint et dépassé : Alberto Ascari en 1952 (6 victoires pour 8 GP, 75%) et Michael Schumacher en 2004 (13 victoires en 18 GP, 72,2%). En dépit de l'augmentation du nombre de courses au fil des saisons, il faudra attendre 21 ans pour qu'un pilote égale le nombre de sept succès sur un seul exercice (Alain Prost en 1984) et 25 ans pour qu'un pilote fasse mieux (huit victoires pour Ayrton Senna en 1988).

Après ce GP de 1963, les épreuves sud-africaines comptant pour le championnat seront déplacées en début de saison, ce qui ne fera que décaler légèrement les dates pour donner lieu à des débuts de saison précoces en 1965 (le 1er janvier), en 1967 (le 2 janvier), en 1968 (le 1er janvier) et même en 1982 (23 janvier), l'épreuve finissant toutefois par se stabiliser au mois de mars. L'année 1965 marquera la dernière venue de la F1 à East London, tracé jugé trop étroit. Deux ans plus tard, c'est la piste de Kyalami, proche de Johannesburg, qui prendra le relais et accueillera tous les GP d'Afrique du Sud suivants, même si la pression internationale liée à l'apartheid menée par le pays mettra un coup d'arrêt à l'épreuve dans la seconde partie des années 1980, avant un éphémère retour au début des années 1990.

Quant au mois de décembre, il ne sera plus jamais le théâtre d'une course avant 2019. Non pas que les calendriers n'aient pas sensiblement augmenté mais ce sont surtout les mois d'octobre et de novembre qui ont été pris d'assaut. Nul doute que, si le nombre de destinations venait à continuer son expansion, les incursions en décembre pourraient devenir de moins en moins rares à l'avenir.

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