Monaco 2004 : le jour où Trulli a poussé Alonso à la faute

Il y a 16 ans, Jarno Trulli décrochait son unique victoire en Grand Prix dans les rues de Monaco. Un succès concluant un week-end parfait, lors duquel le pilote Renault avait pris le dessus sur son coéquipier Fernando Alonso.

Jarno Trulli, Renault R24

Jarno Trulli, Renault R24

LAT Images

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Appartenir au cercle des vainqueurs de Grand Prix, même avec un seul succès au compteur, est déjà un accomplissement en soi. Lorsque celui-ci se concrétise à Monaco, c'est faire un pas de plus dans l'Histoire de la Formule 1. Cette place, Jarno Trulli l'occupe grâce à sa victoire sur le Rocher, le 23 mai 2004. Il disputait alors sa huitième saison dans la catégorie reine, la troisième avec Renault. L'histoire avec le Losange allait d'ailleurs mal se terminer au terme de cette même année, mais il y eut ce brillant succès auparavant.

Jarno Trulli s'est toujours montré rapide dans les rues de la Principauté. Comme beaucoup de pilotes, l'Italien sait que la confiance est la clé pour y être performant, comme il l'expliquait dans les colonnes du magazine Autosport en évoquant ce jour de triomphe : "À Monaco, il faut être extrêmement confiant en ce que l'on fait. Il faut être très précis car il faut utiliser chaque centimètre de la piste et être à la limite, mais pas au-delà. Si on la dépasse, on va dans le mur. Il n'y a pas à être courageux à proprement parler, mais il faut attaquer en permanence en sachant que le mur est là. Il faut se rapprocher des murs car ils marquent la limite, puis il faut y rester. C'est pourquoi il s'agit d'une des courses les plus exigeantes mentalement."

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À Monaco plus qu'ailleurs, la séance de qualifications est cruciale. La pole position signée par Trulli en 2004 fut indéniablement la clé de voûte de sa victoire. "C'était un tour particulier", se souvient-il. "Je me rappelle de chaque mètre, de chaque seconde, non seulement de ce tour de qualifications mais aussi de toute la course. J'étais à la limite dans chaque virage en qualifications car j'avais une confiance totale pour être agressif. Je me souviens être arrivé fort au Casino et être passé presqu'à fond à la Piscine pour gagner du temps. Et j'ai réalisé deux belles sorties d'épingle. Tout s'est parfaitement assemblé. Je savais que je devais me placer en première ligne car c'est la clé pour gagner à Monaco. C'est là que le stress entre en jeu. Il faut se détendre et attaquer partout avec la voiture."

"Si je n'avais pas fait ça en 2004, j'aurais perdu l'occasion de gagner. Oui, ma voiture était compétitive, mais ça n'a pas d'importance si l'on n'est pas en tête. Une fois que l'on part devant, seule une défaillance mécanique ou une erreur peut vous priver de la victoire. Avec le recul, j'ai très bien géré le week-end car j'ai dominé les qualifications et la course du premier au dernier tour. J'étais aussi très calme car il y a eu plusieurs interventions de la voiture de sécurité. J'avais la course en main et soit je gagnais, soit je ruinais tout. J'étais dans une zone de contrôle total."

Départ : Jarno Trulli prend la tête devant Fernando Alonso

Le jour de la course, la plus grande menace pour Trulli n'était autre que Fernando Alonso, son coéquipier chez Renault, malgré la présence de Jenson Button avec sa BAR sur la deuxième position de la grille de départ. L'Italien se devait de répondre présent dans les moments clés, ce qu'il a fait après avoir conservé la tête au départ. Alonso deuxième dès le premier virage, ce fut ensuite le jeu du chat et de la souris.

Trulli devait rentrer au stand au 24e tour mais il savait qu'Alonso allait faire un tour de plus. Lors des premières boucles, il était difficile de creuser l'écart, qui n'était toujours que de 2"2 au 19e passage. La marge étant insuffisante avant la première salve d'arrêts au stand, il fallait passer à l'attaque pour porter l'avance à plus de quatre secondes. "J'ai vraiment dû attaquer fort avant l'arrêt au stand car l'équipe avait mis Fernando sur une stratégie qui lui offrait un ou deux tours de plus que moi en course", décrit Trulli. "Cela aurait pu lui permettre de me doubler. Mais j'ai réussi à m'échapper pour avoir assez d'écart au moment de mon arrêt au stand.

Une fois cet arrêt effectué, encore fallait-il redoubler d'efforts lorsque ce fut au tour d'Alonso de passer par la pitlane. "Quand je suis reparti avec les pneus froids, j'ai dû attaquer car je savais que Fernando arrivait. J'étais à la limite. C'était comme en qualifications. Je me souviens être passé à la Piscine, l'un de mes virages préférés. J'ai attaqué et je me suis fait une grosse chaleur au milieu du virage. J'ai réussi à rester dans l'axe et à passer à fond. Je me souviens encore très clairement de cet instant. Je devais saisir l'occasion de gagner la course."

De nouveau aux commandes après l'arrêt d'Alonso, Trulli ne pouvait ressentir qu'un bref soulagement, avant la nécessité de reproduire la même chose un peu plus tard, lors de la deuxième salve. Au 42e tour, Alonso pointait à deux secondes et, dans le tunnel, il arriva sur la Williams de Ralf Schumacher, à un tour et en proie à des problèmes de boîte de vitesses. Ne pouvant se permettre de perdre le moindre dixième, il tenta de passer à l'extérieur du pilote allemand mais perdit le contrôle sur le côté sale de la piste avant d'aller heurter les barrières. La victoire serait pour Trulli, d'autant que Michael Schumacher allait lui aussi abandonner quelques tours plus tard.

La Renault R24 de Fernando Alonso prise en charge par les commissaires à la sortie du tunnel, tandis que Michael Schumacher, Ferrari F2004 suit la voiture de sécurité devant Juan Pablo Montoya, Williams BMW FW26

"Pour réduire l'écart, Fernando a pris énormément de risques et il est sorti de la piste en essayant de doubler Ralf par l'extérieur", confirme Trulli. "Je me suis arrêté au stand après ça. Une fois l'arrêt effectué, Jenson était derrière moi et nous étions regroupés derrière la voiture de sécurité. Je me suis dit : 'Écoute, tu as dominé, tu es rapide. Calme-toi, garde la voiture sur la piste et ce sera extrêmement difficile pour quiconque de te dépasser'. Je n'ai même pas eu à attaquer. Je devais juste me tenir à l'écart des murs. Je n'ai pas pris de risque et Jenson était là, mais il n'a jamais été suffisamment proche pour tenter une manœuvre de dépassement. Je n'ai pas creusé l'écart, mais quand on prend des risques à Monaco, on s'accidente, et je ne voulais pas gâcher cette course que j'avais dominée."

Paradoxalement, avant cette édition 2004 du Grand Prix de Monaco, Jarno Trulli n'était jamais monté sur le podium en Principauté alors qu'il y était régulièrement considéré comme l'un des pilotes les plus rapides. Pourtant, il n'en avait pas fait une idée fixe. "Je ne suis pas de ceux qui voulaient gagner à Monaco et nulle part ailleurs", assure-t-il. "Je voulais juste gagner des courses. J'ai gagné Monaco, je l'ai fait avec la manière et si vous me demandez si je serais prêt à l'échanger contre une victoire à Monza ou ailleurs, ça n'a pas d'importance pour moi. Ce qui compte, c'est la manière de gagner, pas l'épreuve en elle-même. J'aurais pu gagner d'autres Grands Prix, mais j'ai été extrêmement malchanceux avec des défaillances moteur, des problèmes de freins… J'ai eu tant de fois cette occasion mais à chaque fois quelque chose se passait mal. Gagner à Monza aurait été chouette, mais il ne faut pas oublier que les Italiens aiment Ferrari. En Italie, l'histoire montre que s'il y a un pilote italien devant une Ferrari, la foule applaudit Ferrari." 

Monaco 2004 reste logiquement le point d'orgue de la carrière de Jarno Trulli en Formule 1, car cette course a fait de lui un vainqueur de Grand Prix. Ironie du sort, elle précéda de quelques semaines seulement sa disgrâce chez Renault, où Flavio Briatore voyait Fernando Alonso comme le numéro un incontestable. À l'automne, le pilote italien fut évincé, avant de rejoindre Toyota pour la suite de sa carrière.

Jarno Trulli vainqueur du GP de Monaco

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