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Grosjean remet en question le statut de constructeur en F1

Faut-il que toutes les écuries de Formule 1 conçoivent leur monoplace elles-mêmes ? Romain Grosjean n'en est pas convaincu.

Romain Grosjean, Haas VF-20, Sebastian Vettel, Ferrari SF1000

Photo de: Steven Tee / Motorsport Images

"Je trouve plutôt cool de voir une Racing Point se qualifier troisième à Silverstone et pouvoir potentiellement se battre pour les podiums." Dans un paddock où la plupart des teams semblent se liguer contre Racing Point, les commentaires de Romain Grosjean détonnent. La structure de Silverstone est sous le feu des projecteurs, s'étant ouvertement inspirée de la Mercedes W10 pour concevoir sa monoplace 2020.

Cette inspiration, en ce qui concerne les écopes de frein arrière, lui vaut un retrait de 15 points au championnat des constructeurs et 400 000 € d'amende, sanctions qui pourraient être réévaluées par la Cour d'Appel Internationale – appel a effectivement été fait par Renault, Ferrari… et Racing Point.

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La question du partage de pièces entre deux écuries est cruciale pour l'écurie Haas, qui en acquiert auprès de Ferrari autant que le permet la réglementation. Toto Wolff, directeur de l'écurie Mercedes qui a fourni les plans de ses écopes de frein à Racing Point, est allé plus loin en comparant l'affaire actuelle à un partage de données entre Haas et la Scuderia l'année précédant les débuts de l'équipe américaine en Formule 1.

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S'il n'a "même pas envie" de commenter une telle comparaison, Romain Grosjean se dit en revanche extrêmement favorable à davantage de similitudes entre les différentes monoplaces, afin que la hiérarchie soit plus serrée et que le pilote fasse davantage la différence.

"Je suis pour que les constructeurs offrent un maximum de pièces aux autres", déclare Grosjean. "Quel est l'intérêt que l'on ait dix équipes qui fabriquent dix boîtes de vitesses, dix suspensions, dix châssis, dix trucs différents, alors qu'au final, on fait la même chose ? Regardez en MotoGP, c'est ce qui se passe : [Johann] Zarco était en pole avec une Ducati de l'an dernier [à Brno], c'est une KTM officielle qui a gagné devant une Yamaha satellite et une Ducati satellite. Personne ne s'en plaint, c'est comme ça, et je trouve ça cool."

"De ce côté-là, je suis pour que l'on partage plus de choses, je suis pour qu'il y ait plus de bagarres, de possibilités de voir des choses différentes sur le podium. Depuis le premier matin des essais hivernaux, on sait que Lewis Hamilton va être Champion du monde ! Ça limite l'intérêt, quand même."

Lorsqu'il lui est fait remarquer que si Renault a en quelque sorte accepté de se faire devancer par ses clients Red Bull et McLaren, la réaction de Ferrari et Mercedes pourrait être tout autre, Grosjean souligne le besoin de changement dans le contexte actuel de crise économique.

"Le problème, c'est que l'on dit que l'on fait comme ça depuis les années 1970", poursuit-il. "Ça avance, ça évolue, ce ne sont plus les mêmes budgets. Il y a le coronavirus, le COVID-19 qui sont là. L'économie est compliquée pour tout le monde. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'accès à des informations, à la télé… Je trouve juste que oui, j'aimerais qu'il y ait plus de bagarres, que ce soit plus un sport de pilotes. Peut-être qu'à l'époque il y avait plus de soucis techniques, donc cela ouvrait des brèches à certaines performances. Aujourd'hui, comme il n'y a pas de soucis techniques, les courses sont un peu monotones."

Pierre Gasly, AlphaTauri AT01, devant Romain Grosjean, Haas VF-20

Grosjean a un allié en Franz Tost, directeur de la Scuderia AlphaTauri, selon qui la définition actuelle du statut de constructeur n'est effectivement pas en phase avec la Formule 1 moderne.

"Mon opinion personnelle, c'est que les équipes devraient pouvoir acheter bien davantage à une autre écurie", déclare Tost. "Pourquoi ? Parce que pour moi, cette philosophie selon laquelle chaque équipe doit être un constructeur est dépassée. Je sais que tous les puristes de la Formule 1 disent : 'Ah, il faut être un constructeur. Chaque écurie doit tout concevoir elle-même'. Mais comment tout financer ? Nous avons atteint un si haut niveau du côté technique que les top teams ont des infrastructures fantastiques. Si quelqu'un veut venir en Formule 1 – voire si les écuries qui sont en F1 veulent rattraper leur retard – c'est très difficile, quasiment impossible."

"On dépense des millions. Et je pose la question : pour quoi ? Je pose la question : pourquoi chaque équipe devrait-elle avoir sa propre soufflerie, avoir ses propres outils de CFD [mécanique des fluides numérique, ndlr], avoir 500-600 employés ? Certes, le plafond budgétaire arrive. Il n'empêche qu'à mon avis, nous dépensons quand même trop d'argent, surtout dans ces circonstances économiques difficiles. Mais le règlement est ainsi. Je me rappelle l'époque où nous sommes arrivés en Formule 1 avec Toro Rosso, Red Bull Technology nous donnait une voiture vieille d'un an et nous courions avec un tiers du budget actuel. Bref, c'est mon avis."

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