Herbert - Liberty doit "tenir tête" aux top teams
Nouveau propriétaire de la Formule 1, Liberty Media a bien l'intention de gérer le championnat à sa façon. Selon Johnny Herbert, la compagnie américaine aurait tout intérêt à établir plus d'équité entre les écuries.
Il est clair que les temps sont durs pour les petites équipes. HRT fin 2012, Caterham fin 2016, Manor le mois dernier : les trois plus petites structures de la Formule 1 ont mis la clé sous la porte ces dernières années. Sauber était bien parti pour suivre le même chemin avant d'être racheté par Longbow Finance l'été dernier.
Alors qu'il n'y aura plus que vingt voitures sur la grille en 2017, Johnny Herbert s'inquiète de l'évolution de la situation.
"À bien des égards, les petites équipes sont plus importantes que les grandes", souligne l'ancien pilote de Formule 1 dans les colonnes de The Guardian. "Elles sont le cœur et l'âme de la F1. Force India et Williams font un travail éblouissant. Pour l'argent qu'il dépensent en une saison, ils font du meilleur travail que Mercedes, mais ils ne gagnent pas."
"Pour qu'ils gagnent, il faudrait que les primes soient réparties sur le plateau. Si les grandes équipes n'aimaient pas ça et menaçaient de partir, Liberty aurait raison de leur mettre la pression. Ils le feraient pour le bien de la F1."
Les Accords Concorde 2013-2020
En effet, selon les Accords Concorde signés en 2013, qui n'expireront qu'en décembre 2020, cinq écuries bénéficient de primes supplémentaires liées à leur prestige et à leur Histoire. C'est le cas de Ferrari, Mercedes, Red Bull, McLaren et Williams. La Scuderia dispose des revenus les plus généreux, puisqu'en faisant simplement acte de présence, elle reçoit environ 80 millions d'euros provenant des revenus de la Formule 1, en plus de ses autres primes.
En revanche, Haas n'a toujours pas reçu le moindre centime, puisqu'il faut s'être classé dans le top 10 du championnat des constructeurs lors de deux des trois dernières saisons en date pour recevoir les 35 millions d'euros versés à toutes les équipes indépendamment de leurs résultats.
Cependant, abolir cette structure ne sera pas du goût des top teams, dont certains menacent régulièrement de quitter la Formule 1, à l'image de Ferrari.
"Il faut leur tenir tête", insiste Johnny Herbert. "Compte tenu de ce que Liberty a investi dans la F1 et de la croissance qu'ils attendent en retour, ils vont devoir défier ces équipes et leur mettre cette pression. Liberty doit s'opposer aux équipes et dire qu'il faut faire ça en plus grand et mieux. Ils vont devoir faire avec les menaces, parce que c'est la seule façon d'améliorer la situation pour toutes les équipes."
"À l'heure actuelle, les petites équipes savent qu'elles n'ont aucune chance de gagner, et même avec ce qu'ont fait Williams et Force India ces dernières années, elles savent qu'en étant réaliste, elles ne peuvent pas gagner. C'est une belle opportunité de créer une énorme bataille compétitive pour toute la grille."
Des budgets très divers
À l'heure actuelle, les budgets des écuries sont très divers. En 2016, ils allaient de 100 millions d'euros pour la défunte équipe Manor à 385 millions pour la Scuderia Ferrari. Les budgets plafonnés sont régulièrement source de débat, véritable arlésienne en Formule 1, et s'ils sont une option, leur mise en oeuvre demeure très lointaine et peu probable.
"Le truc, c'est que Ferrari va forcément avoir plus de sponsors que les autres équipes, donc leur donner autant d'argent parmi les revenus de Formula One Management, c'est tout à fait juste. Mais après, ils ont de l'argent en plus parce qu'ils sont célèbres et parce qu'ils ont des sponsors", souligne Johnny Herbert, auteur de trois victoires en Grand Prix.
"Le problème fondamental, c'est que si vous avez trois fois plus d'argent que moi, c'est comme si vous aviez un moteur plus puissant, vous avez un énorme avantage. Cela contribue à l'inégalité entre les voitures et les pilotes."
"Cela ne va jamais fonctionner tant qu'il y aura deux ou trois équipes qui ont beaucoup plus d'argent que le reste. C'est très injuste."
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