Hill n'était "pas armé" pour mener Williams après la mort de Senna
Près de 26 ans après le décès d'Ayrton Senna, Damon Hill garde un souvenir douloureux de la disparition brutale du champion brésilien.

En 1994, Ayrton Senna prenait un nouveau départ. Le triple Champion du monde, après deux saisons passées à subir la domination de Williams, rejoignait finalement la structure de Grove en provenance de McLaren. A ses côtés, Damon Hill, de six mois son cadet seulement, mais qui ne disputait que sa seconde saison complète en Formule 1, en raison de débuts très tardifs dans la discipline.
Malgré deux pole positions de Senna, c'est néanmoins la Benetton de Michael Schumacher qui avait remporté les deux premiers Grands Prix de la saison, le Brésilien étant parti en tête-à-queue à domicile alors qu'il pourchassait son rival, avant d'être victime d'un accrochage au premier tour à Aïda. Il avait finalement perdu la vie dans un terrible accident au Grand Prix suivant, à Imola, après une nouvelle pole position.
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"Je n'ai été le coéquipier d'Ayrton que pendant très peu de temps", se remémore Damon Hill dans les colonnes de F1 Racing. "Ces moments ont été très révélateurs, et j'ai appris en le regardant. Mais comme tout le monde, je regardais Ayrton en tant que compétiteur, en tant que jeune pilote, en tant que fan de sport auto. Je ne mentirai pas, certaines choses qu'il a faites m'ont parfois consterné, je n'appréciais pas trop son attitude selon laquelle il n'y avait de place que pour une personne sur la piste. Cependant, il faut admirer sa motivation. Il était quelqu'un de très courageux et je me sens privilégié de l'avoir connu, même pendant peu de temps."

Hill s'est ainsi retrouvé propulsé au rang de leader de l'écurie double Championne du monde en titre, lui qui n'avait que trois victoires en Grand Prix à son actif. Il a alors été épaulé par un véritable néophyte, David Coulthard, qui faisait ses débuts en Formule 1 à l'âge de 23 ans, après avoir été pilote d'essais Williams depuis la saison 1993. Or, Hill ne se sentait pas prêt à assumer son nouveau statut, surtout dans un tel contexte.
"Ce n'était pas une expérience que quiconque souhaiterait connaître", souligne l'Anglais. "L'équipe ne voulait pas ça, personne en F1 ne le voulait. Nous avons fait face à la mort de deux pilotes [Roland Ratzenberger avait subi un accident mortel en qualifications à Imola, ndlr], et quand on traverse ça, on se demande : 'Pourquoi faire cela si l'on peut perdre la vie et causer du chagrin à de nombreuses personnes ?'."
"Ce n'est pas quelque chose que je me voyais faire au début de la saison. Je n'étais pas armé pour gérer cette pression, surtout que j'avais beaucoup de soutien du Brésil et je ressentais une énorme responsabilité."
Hill a quand même lutté pour le titre face à Michael Schumacher jusqu'au dernier Grand Prix, à Adélaïde, où les deux hommes se sont accrochés et ont été contraints à l'abandon ; l'Allemand l'a emporté pour un petit point. "Il était parfaitement préparé, son équipe et lui abordaient le sport automobile en ne négligeant aucun détail, cherchant toutes les failles possibles. Il avait un énorme talent naturel. De ce que j'ai appris, je ne crois pas qu'il était très bon pour régler la voiture, mais il avait le talent pour piloter n'importe quoi, comme Ayrton", conclut le Champion du monde 1996, ainsi sacré deux ans plus tard avec Williams.


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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Pilotes | Michael Schumacher , Ayrton Senna , Damon Hill |
Équipes | Williams |
Auteur | Benjamin Vinel |
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