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Histoires de Toto et communication larmoyante chez Mercedes

Une nouvelle fois, en ce début de saison, la politique et les enjeux stratégiques actuels et futurs ont au moins autant alimenté les colonnes des titres spécialisés et généralistes que le sport lui-même.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, Toto Wolff, Directeur Exécutif Mercedes AMG F1, Nico Rosberg, Mercedes AMG F1

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, Toto Wolff, Directeur Exécutif Mercedes AMG F1, Nico Rosberg, Mercedes AMG F1

XPB Images

C’est la base même de l’écosystème F1 : auto-alimenté par ceux qui constituent le paddock et se déplacent avec lui sur les 21 épreuves de la saison, le business de cette industrie très fermée sur elle-même - mais touchant paradoxalement le monde entier - est si fascinant qu’il en découle des intrigues et des enjeux au moins aussi intéressants que ce qui se déroule en piste.

Une fascination 365 jours dans l’année

Les fans sont les premiers à entretenir cette relation paradoxale avec ce sport business dont ils aiment tant critiquer le peu qui filtre jusqu’à eux. Désireux d’en recevoir des nouvelles de manière quotidienne, pour ne pas dire horaire, 365 jours dans l’année, ils sont devenus des connaisseurs et consommateurs pointus de tout ce qui ne touche pas directement au spectacle se tenant en piste de 14 heures à 15h30, l’après-midi.

 

Podium : le vainqueur Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 Team, le deuxième, Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
 

Il faut dire que la F1 sait leur procurer cela, bien mieux que n’importe quelle autre forme de sport mécanique. Parfois involontairement, mais dans l’immense majorité des cas, de manière parfaitement calculée. Chacun d’entre nous, admettons-le, adore savoir ce qui se trame dans les coulisses de cet univers fascinant, et dont la valeur et la popularité se sont notamment faites sur des choses que l’on aime pourtant décrier sur les réseaux sociaux : intrigues politiques et commerciales, exclusivité et inaccessibilité financière, restrictions physiques et médiatiques, interaction restreinte avec l’audience, etc.

La F1 sait se mettre en scène mais nourrit de nombreux paradoxes, tant la politique est toujours proche. Par exemple, gagner est le but ultime mais dominer devient presque un fardeau. Un complexe, en ce sens qu’une assise outrageuse sur la discipline semble générer non seulement l’impossibilité de communiquer proprement sur le colossal investissement financier, technique et humain réalisé ; mais crée même du ressentiment de la part de nombreux fans, qui au lieu de saluer un accomplissement voient dans les succès répétés un trépas du spectacle. Les héros demeurent souvent les pilotes, au point que les teams - leurs propres employeurs -, se voient soupçonnés de conspirer contre ceux-là mêmes qu’ils paient des millions et sur qui sont misées des années de communication et d’enjeux commerciaux…

 

Toto Wolff, Président Exécutif de Mercedes AMG F1
 

Gagner en faisant la moue…

L’an dernier, Toto Wolff fustigeait régulièrement la presse accréditée sur les Grands Prix pour la teneur des questions posées en conférence de presse officielle d’avant Grand Prix, où les problèmes internes du sport étaient selon lui bien trop étalés et médiatisés.

Les questions relatives au business model et à la santé financière des équipes, ou aux luttes d’influences paralysant parfois le paddock contre tout bon sens, doivent rester plus contenues, estime l’Autrichien ; de sorte à pouvoir vendre la magie du sport et continuer de faire rêver les fans.

C’est pourtant ce même Toto Wolff qui, course après course, incarne un rôle digne d’une nomination aux Oscars en jouant mieux que quiconque la paranoïa et se montrant incapable de se réjouir en mondovision des succès collectés comme des perles par son équipe. Nico Rosberg lui, feint de déplorer de remporter trop facilement quatre succès 2016 consécutifs sans vivre de grand duel promis contre un Hamilton toujours perçu comme le vrai top pilote du team anglo-allemand.

Il faut dire que la seule façon pour l’Allemand de gagner en popularité auprès d’un public blasé est de vaincre le dragon du garage voisin avec style. Mais est-ce qu’être positionné de la meilleure des façons avec un score parfait au championnat en vue d’une première couronne mondiale, à l’heure où se joue aussi une prolongation de contrat avec la meilleure équipe du plateau, représente une torture morale ?

L’an dernier, le n°6 gémissait, un peu trop tôt dans la saison, de ne pas subir de contestation de l’autorité Mercedes de la part de Ferrari. Le rappel à l’ordre d’un Vettel plus souvent intercalé qu’à son tour entre lui et son vainqueur d’équipier n’a pourtant pas tardé, avec en prime quelques boutades en conférence de presse sur l’hypocrisie des propos tenus par le pilote Mercedes.

 

Le vainqueur Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 Team avec le trophée
 

...pour faire oublier qu'on gagne aisément !

C’est donc ce morceau du "rien n’est jamais acquis" que joue Toto Wolff, rappelant à qui veut l’entendre à quel point la concurrence demeure proche et que le trébuchage menace toujours, surtout après un doublé mené avec 30 secondes d’avance sur n’importe quel autre team.

Les premiers mots adressés aux micros, quelques secondes seulement après le drapeau à damier, font ainsi régulièrement état de tous les problèmes craints mais jamais rencontrés par son équipe ayant mis la main sur les 10 derniers Grands Prix disputés, et tous les éléments de la partition (supposée proximité de Ferrari, craintes de fiabilité, limite des possibilités de développement) pouvant du jour au lendemain faire perdre le contrôle de la Force à l’Étoile.

Tout cela en raison de la crainte d’une perception négative des succès trop accentués de Mercedes, de la lassitude d’un public ne mesurant pas le côté extraordinaire du cycle… Ou plus vraisemblablement, de la terreur de Mercedes à l’idée de voir ce cycle s’achever en voyant la F1 opter pour de nouvelles règles mettant à mal sa domination actuelle.   

Bien entendu, l’Autrichien n’a pas tort, et Ferrari comme Red Bull savent que le succès, même insolent, ne dure pas pour toujours. Mais il est une différence entre humilité et duplicité que seul Niki Lauda semble comprendre chez Mercedes…

 

Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 Team W07

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