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Historique, GP Allemagne 1957 : Fangio le magnifique

La toile de la F1 vous proposera 6 récits, en 6 jours retraçant les six Grands Prix les plus mythiques de la F1, un GP par décennie depuis 1950

La toile de la F1 vous proposera 6 récits, en 6 jours retraçant les six Grands Prix les plus mythiques de la F1, un GP par décennie depuis 1950.

Ils étaient 100.000 aux abords de la piste du Nürburgring, théâtre du 19ème GP d’Allemagne, et ils s’en souviendront longtemps. Comme Juan Manuel Fangio, qui gardera à jamais gravée dans sa mémoire cette victoire qui reste sa plus belle. C’est en effet celle qui lui offrit son 5ème titre. Ce fût également la dernière de sa carrière en F1.

Quand il arrive sur le fameux circuit allemand, long de 22,810 Km, Juan Manuel Fangio est au sommet de son art. Il a signé la pôle position en préambule à ce grand prix. Son temps de 9’25’’6 avait étonné tous les observateurs de l’époque, car ce même Fangio avait signé l’année d’avant, à bord d’une Ferrari-Lancia 801 un temps déjà record de 9’41’’6 en qualification.
En fait, il semblait préoccupé ce jour-là. Non pas par ces rivaux, Hawthorn et Collins sur Ferrari et Moss et Brooks sur Vanwall, mais plutôt sur l’état de forme ces pneumatiques. En effet, la qualité des pneus Pirelli, qui équipaient sa Maserati, était plus tendre que la concurrence, c'est-à-dire Dunlop et Englebert. Les pneus italiens ne risquaient pas de tenir toute la distance de la course. Soit 22 tours. Ainsi, a-t-on prévu de les changer à la mi-course.

Le Grand prix démarra doucement pour l’Argentin qui prit le temps de bien chauffer ces gommes et ce fit immédiatement passer par les Ferrari. Il faudra attendre le 3ème tour pour que Fangio hausse le ton et prendre ainsi le commandement de la course avec assurance.
L’idée du staff Maserati était que Fangio prenne le maximum d’avance en prévision des ravitaillements prévus pour le 11ème tour.
À coup de records du tour, Fangio s’est aménagé une avance de 31 secondes au dixième des 22 tours de l’épreuve.
Selon Nelle Ugolini, le directeur de la Scuderia Maserati, le changement de pneumatique devrait être effectué en 30 secondes maximum.

Quand le grand Fangio rentre au stand lors du 12ème tour, l’opération pneus s’éternise, et cela coûta 53 secondes à l’Argentin qui repartait rageusement en piste avec un retard de 48 secondes sur les deux Ferrari de Hawthorn et Collins qui roulent, de concert, bien en ligne vers la victoire finale. À ce moment précis, tout le monde pensait que le grand prix était fini et que Fangio n’allait jamais pouvoir revenir sur les deux Anglais. Pourtant, c’est à ce moment précis que l’histoire va s’écrire.

Fangio, avec la complicité de son chef mécanicien, Bertocchi, met en place une stratégie assez curieuse. L’idée était d’intoxiquer le directeur sportif de Ferrari en faisant semblant de vouloir renoncer.
Idée risquée, mais qui sur le long tracé du Nürburgring était une tactique assez ingénieuse car les communications ne se faisait que lorsque les pilotes passaient devant les stands.

Durant les deux tours qui ont suivi son arrêt calamiteux au stand, Fangio s’évertue concencieusement à faire chauffer ces gommes Pirelli, sans vraiment chercher la performance. Et surtout, il espérait que du côté Ferrari, on comprenne que pour lui, la victoire n’était plus une priorité. Il ne voulait plus se battre. Désormais, seule la troisième place comptait, abandonnant la victoire aux Ferrari.
Lors du 15ème tour, on intime l’ordre aux pilotes Ferrari de baisser le rythme. Mais au 17ème tour, Fangio passe la ligne et réalise une performance tellement incroyable qu’elle laisse tout le monde sans voix durant un court instant.
En un seul tour, l’Argentin venait de reprendre 12 secondes sur les deux machines de Maranello, alors qu’il en comptait plus de 50 le tour d’avant !

17ème tour : Fangio 9’28’’5 ; Hawthorn 9’41’’6
18ème tour : Fangio 9’23’’4 ; Hawthorn 9’35’8

Fangio était à 14 secondes de ces poursuivants et venait de boucler un tour à 145, 700km/h de moyenne quand la Scuderia Ferrari décida enfin à réagir. Prévenu, Hawthorn et Collins hausse le rythme. Mais Fangio est déchaîné. À deux tours de l’arrivée, la Maserati rejoignait les deux Ferrari.

La foule n’en croyait pas ces yeux, ni ces oreilles quand le speaker leur annonçait durant ce tour de jonction, que le record du tour a été battu ! 9’17’’4 (147,3 km/h de moyenne).

19ème tour : Fangio 9’21’’6 ; Hawthorn 9’38’’4
20ème tour : Fangio 9’17’’4 ; Hawthorn 9’33’’5

L’Argentin, après avoir signé le meilleur temps, qui ne sera battu que bien plus tard par Jim Clark, déborde dans la foulée Collins qui ne se laisse pas faire pour autant. La lutte dura un moment. Se doublant et se redoublant, les deux hommes s’affrontaient de manière chevaleresque, quand Fangio passait définitivement l’Anglais et sa Ferrari à la corde derrière le virage des stands, non sans avoir été « musclé » dans la manœuvre avec deux roues dans l’herbe et les deux autres sur la piste. Profitant de cette lutte, Hawthorn prenait une centaine de mètres d’avance que l’Argentin combla très rapidement. Le pilote Maserati doublait finalement le futur champion du monde 1958 de manière franche et sans bavure lors du dernier tour.

Malgré leur volonté, les deux Anglais durent s’incliner lourdement face au futur quintuple champion du monde.
Lorsque le drapeau à damier s’est abaissé devant le bolide de Fangio, les mécanos de la Scuderia de Modène sautaient et s’embrassaient sans retenue, le sourire aux lèvres. La foule hurlait sa joie, et c’est porté en triomphe par le public que Fangio est allé recevoir la couronne de lauriers du vainqueur qui le récompensait de ses exploits, dont nul autre n’aurait été capable.

Épilogue : En 1957, Fangio était intouchable et décidait de se retirer de la F1 en fin d’année. Il fera pourtant deux courses en 1958. Le GP d’argentine et le GP de France ou il avait débuté sa carrière en 1948 au volant d’une Gordini. Lors de ce même GP de France 1958, Hawthorn en lutte pour le titre mondial et en passe de remporter le Grand Prix, arrive derrière Fangio pour lui prendre un tour. Ce qu’il ne fit pas. Après la course, l’Anglais dira : " On ne prend pas un tour à Juan Manuel Fangio, on le suit sagement". L’Argentin prendra définitivement sa retraite pour s’occuper de ses affaires commerciales dans son pays.

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