Honda devrait finalement produire les moteurs Red Bull jusqu'en 2025

Alors qu'officiellement, Honda a quitté la Formule 1 fin 2021 en tant que motoriste, le conseiller Red Bull Helmut Marko a révélé que la firme japonaise allait continuer à produire des moteurs F1 jusqu'en 2025.

L'annonce, en octobre 2020, du retrait de Honda au terme de la campagne 2021 avait laissé Red Bull dans l'expectative. Conditionnant son avenir à un gel des moteurs qui entrera en vigueur dès le début officiel de la saison qui arrive, l'entreprise autrichienne, propriétaire des deux écuries motorisées par le constructeur japonais, avait alors fait le choix de s'engager elle-même sur la voie de sa propre fourniture moteur, avec la conviction qu'il s'agissait de l'unique moyen d'être suffisamment compétitif pour la suite de l'ère turbo hybride.

Toutefois, depuis cette annonce, il est vite apparu que la fin de collaboration entre les deux partenaires n'allait pas être aussi nette. Red Bull avait notamment annoncé avoir acquis la propriété intellectuelle sur les moteurs de Honda afin d'exploiter ce concept au lieu de partir de zéro. En sus, progressivement, de nombreuses pièces mises en place démontraient que la marque nippone allait demeurer présente dans les coulisses (notamment en soutien des efforts via du personnel), quand bien même cela se ferait au travers de l'entité Red Bull Powertrains, nouvellement créée.

La progression des performances affichée par le bloc Honda depuis 2019 et le titre pilotes remporté l'an passé par Max Verstappen ont contribué à donner le sentiment que ce départ de la F1, bien que justifié à l'époque par des raisons liées à l'avenir de l'entreprise sur le plan global (et notamment en matière de neutralité carbone), tombait dans un mauvais timing et frustrait quelque peu le département compétition.

Dans les faits, le projet était qu'un soutien en ingénierie de la division moteur Red Bull Powertrains par Honda, notamment sur les circuits, soit mis en œuvre en 2022 et pas au-delà. Une fois Red Bull en capacité de gérer seul la fabrication des moteurs à Milton Keynes, il était entendu que Honda laisserait l'écurie se débrouiller sur ce plan sur la période 2023-2025, pendant qu'elle travaillerait sur son propre projet pour la nouvelle réglementation moteur attendue en 2026.

Cependant, interrogé sur le sujet par le magazine autrichien Autorevue, Helmut Marko, conseiller Red Bull, a révélé que la relation avec Honda allait être bien plus poussée au-delà de 2022, avec une construction des moteurs toujours assurée au Japon jusqu'en 2025. Une décision qui permet de retirer un certain nombre d'épines potentielles du pied de Red Bull, notamment en matière de contrôle qualité et de concentration sur 2026.

C'est aussi un moyen de pouvoir prétendre à bénéficier des concessions qui sont en cours de discussion pour encourager le groupe Volkswagen à arriver en F1 à l'horizon 2026, comme par exemple un plafond budgétaire rehaussé pour ce qui concerne l'unité de puissance. "Nous avons maintenant aussi trouvé une solution complètement différente de celle envisagée à l'origine", explique Marko. "Les moteurs seront fabriqués au Japon jusqu'en 2025, nous n'y toucherons pas du tout. Cela signifie que les droits et toutes ces choses resteront chez les Japonais, ce qui est important pour 2026 car cela fera de nous des nouveaux venus."

 

Revenant en arrière sur la chronologie de ce changement majeur de plan, Marko rappelle : "La condition préalable à cet accord était que le développement des moteurs soit gelé [réglementairement]. Car la première phase aurait été que nous fassions tout nous-mêmes. C'est pourquoi nous avons commencé à Milton Keynes et nous avons consciencieusement acheté auprès d'AVL [entreprise autrichienne spécialisée dans le développement, la simulation et les tests dans le secteur automobile, et notamment du côté des groupes motopropulseurs, ndlr]. L'usine sera pleinement opérationnelle en mai/juin. La décision finale de le faire nous-mêmes était conditionnée au fait que tout soit gelé. Parce que sinon, nous n'aurions pas eu la moindre chance avec cette chose complexe."

"Au fil de nos succès toujours plus grands, les Japonais se sont mis à réfléchir. Et notamment au fait qu'ils pouvaient bien sûr utiliser les connaissances sur les batteries pour leur phase d'électrification. Il était donc initialement prévu qu'ils ne fabriqueraient nos moteurs que pour 2022. Désormais, il a été décidé que cela se poursuivrait jusqu'en 2025, ce qui est bien sûr un énorme avantage pour nous. Cela signifie que nous n'avons plus qu'à procéder à des ajustements et des calibrages."

Revenant sur les raisons qui ont poussé Red Bull à adopter une philosophie selon laquelle il n'était pas possible d'être au meilleur niveau dans la F1 post 2013 sans bénéficier d'une intégration quasi complète du travail sur le châssis et sur le moteur (et après les errements de la collaboration avec Renault entre 2014 et 2018), Marko a ajouté : "[C'était important] d'un point de vue psychologique, mais aussi d'un point de vue technique. Vous avez alors quelque chose en plus, car ces motoristes ont leur propre équipe. Mais pour [le directeur technique Adrian] Newey et toute l'équipe technique, il est incroyablement important qu'ils aient leur mot à dire et qu'un radiateur soit éventuellement placé différemment. Pour que le concept global voiture-moteur forme une unité. C'est pourquoi cela se passera aussi dans nos locaux."

"On vous donne quelque chose et vous ne pouvez pas l'influencer [quand vous êtes un simple client]. C'était notre idée. C'est l'énorme avantage de Ferrari. Nous avons maintenant un campus impressionnant qui a été créé au fil des années à partir de ces deux halls que nous avons repris de Jaguar. Tous les bâtiments sont à nous, et c'est très ordonné."

En dépit des déclarations d'Helmut Marko, Red Bull n'a pas encore officiellement dévoilé les plans, qui doivent encore être finalisés, pour la suite de la collaboration avec Honda à compter de cette saison et jusqu'au prochain cycle réglementaire. La question du badgeage des unités de puissance se pose notamment : dans la liste officielle des inscrits à la saison 2022, "Red Bull Powertrains" apparaît comme le motoriste de Red Bull et AlphaTauri. Or, le maintien d'une telle dénomination dénoterait avec la volonté pour le constructeur de se présenter comme un nouveau motoriste en 2026, et cela pourrait donc signifier que les moteurs garderaient finalement un lien avec Honda.

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Avec Norman Fischer et Adam Cooper

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